Après un passage fort remarqué au Festival de Cannes, et une tournée média un peu partout à travers la province, voici que le film Sarah préfère la course sort enfin dans nos salles de cinéma au Québec, ce vendredi 7 juin. Ce magnifique film met en vedette Sophie Desmarais dans le rôle-titre. Pour lire mes entrevues avec Chloé Robichaud la scénariste et réalisatrice, les acteurs Jean-Sébastien Courchesne, Sophie Desmarais et Geneviève Boivin-Roussy ainsi que la productrice Fanny-Laure Malo, vous pouvez cliquer sur ce lien : https://info-culture.biz/2013/05/29/entrevues-avec-les-artisans-du-film-sarah-prefere-la-course/
Synopsis
Sarah est une jeune athlète de course de demi-fond. Sa vie bascule lorsqu’on lui offre une place dans le meilleur club d’athlétisme universitaire de la province à Montréal, loin de sa banlieue natale de Québec. Sarah ne bénéficie pas du soutien financier de sa mère pour se lancer dans l’aventure. Celle-ci s’inquiète surtout des conséquences d’un tel changement sur la santé et la vie de sa fille. Déterminée, Sarah quitte tout de même pour la ville, en compagnie de son ami Antoine. Les deux, naïfs, s’épouseront, question de toucher de meilleurs prêts et bourses du gouvernement. Le mariage ne sera pas ce qu’ils espéraient, du haut de leurs 20 ans… Elle ne veut faire de mal à personne par ses choix, mais malheureusement, Sarah préfère la course.
Sarah préfère la course est un film de peu de mots et dont l’essence même du film passe par les non-dits. C’est la quête identitaire d’une jeune femme au tournant de l’âge adulte, qui, comme la plupart de jeunes de son âge ne sait pas quoi faire de sa vie. Elle a une image de ce vers quoi elle devrait tendre, soit, de se marier, avoir une job, des enfants… mais sans vraiment savoir si c’est ce qu’elle veut.
Tout ce qu’elle sait cette Sarah c’est qu’elle aime la course. C’est LA chose dans sa vie qu’elle peut contrôler, surtout depuis que, le secondaire terminé, elle doit faire son chemin dans la vie et ne sachant pas ce qu’elle veut de cette vie, elle sait au moins que courir, sans but précis est un bon choix pour elle pour l’instant. Plus elle perdra le contrôle de sa vie, de ses émotions, de ses sentiments, de sa santé, plus Sarah sera déterminée à conserver la seule chose qu’elle contrôle, la course.
C’est un peu ce dont un parle dans ce film, sans vraiment en parler. On voit Sarah se marier pour les prêts et bourses, avec un copain dont elle ne ressent pas d’amour. On suit Sarah qui tente de s’insérer dans la vie comme les autres, sans trop savoir comment. Elle ne sait pas être féminine, se découvre des attirances pour son amie de course Zoey (encore une fois, tout en suggestion, jamais en véritable parole), alors qu’elle devrait, selon elle, se rapprocher de celui qui est son mari et coloc.
Puis sa santé lui fait faux-bon, et elle doit choisir entre prendre le risque d’empirer son état de santé ou la course…
Un film très touchant, à fleurs de peau, où Sophie Desmarais crève l’écran par son jeu tout en nuance, par ses yeux, ses non-dits. Ce regard confus, apeuré, ému parfois, bref toutes les gammes d’émotions lui passent dans ses grands yeux et son visage angélique. Il n’est pas surprenant que cette actrice soit perçue comme une des 10 actrices à surveiller pour les prochaines années. Après l’avoir vu dans un tout autre registre dans Décharge, je la découvre sous un autre jour qui me plait tout autant. C’est un véritable caméléon cette Sophie.
Hélène Florent dans le rôle de sa mère est également très crédible et nous fait ressentir ce que toute bonne mère ressent lorsque sa fille quitte le nid et qu’on ne peut rien faire alors qu’elle tente de voler de ses propres elles. J’avais mal avec le personnage d’Hélène, les quelques fois qu’elle apparait à l’écran.
Pour ce qui est d’Antoine, le coloc, brillamment joué par Jean-Sébastien Courchesne on peut dire qu’il a été bien choisi. Le gars qui attend que la jeune femme comprenne qu’il l’aime, mais sans jamais lui mettre de pression. Un super de bon garçon pour qui on voudrait qu’il y ait une fin heureuse. Jean-Sébastien est d’un naturel désarmant. Son charme et son énergie sont contagieux dans ce film. Ce nouveau visage au cinéma mérite qu’on lui porte attention et qu’on lui propose d’autres rôles, car à mon avis, c’est un comédien hors pair qui a du potentiel.
Zoey, l’amie de Sarah, est jouée avec brio par Geneviève Boivin-Roussy. On sent qu’elle a beaucoup d’affection pour Sarah, qu’elle veut la protéger. Un autre personnage rayonnant qu’on apprécie de voir à l’écran.
La musique, de violon et de piano, est présente à dose modérée, pour renforcer certains moments importants du film, et pour accentuer les gros plans à l’occasion. Aussi, cette musique est utilisée durant les scènes de course pour donner une impression de légerté, alors que d’habitude on se serait attendu à de la musique entrainante pour accentuer la course. Ici, c’est le contraire, on met l’effet sur l’émotion de Sarah lorsqu’elle court et qu’elle se sent bien comme si elle flottait. C’est très ingénieux comme idée. Aussi, les angles de caméras sont très originaux. On suit souvent Sarah, dans son dos, un peu comme pour voir ce qu’elle voit elle-même, pour qu’on soit encore plus à l’intérieur d’elle et qu’on ressente ce qu’elle ressent.
On peut dire que pour son premier film Chloé Robichaud s’est mise la barre haute pour son prochain film. Pas surprenant que les gens dans la salle de cinéma de Cannes lui ait réservé un chaud applaudissement de longues minutes après la présentation du film lors du Festival de Cannes, dans le cadre de la série un Certain regard.
Le film Sarah préfère la course prend l’affiche dans nos salles de cinéma, aujourd’hui, le 7 juin.
Sarah : Sophie Desmarais
Antoine : Jean-Sébastien Courchesne
Zoey : Geneviève Boivin-Roussy
Mère de Sarah : Hélène Florent
Entraineure McGill : Micheline Lanctôt
Père de Sarah : Benoît Gouin
Fanny : Ève Duranceau
Sean : Pierre-Luc Lafontaine
RÉALISATEUR
Chloé Robichaud
SCÉNARISTES
Chloé Robichaud
PRODUCTEURS
Fanny-Laure Malo
STUDIO DE PRODUCTION
La Boîte à Fanny
DISTRIBUTEUR AU QUÉBEC
Les Films Séville
Crédit photos : Courtoisie et Lise Breton
