Entrevues avec les artisans du film 1er amour de Guillaume Sylvestre

Loïc Esteves, Marianne Fortier, Jean-Alexandre Létourneau, Benoit Gouin, Denis Robert et Guillaume Sylvestre pour le film 1er Amour.
Loïc Esteves, Marianne Fortier, Jean-Alexandre Létourneau, Benoit Gouin, Denis Robert et Guillaume Sylvestre pour le film 1er Amour.

Le premier film de Guillaume Sylvestre,  1er Amour, mettant en vedette Loïc Esteves, Marianne Fortier, Macha Grenon, Benoît Gouin, Sylvie Boucher, Jean-Alexandre Létourneau et Pierre-Luc Brillant prendra l’affiche le 21 juin dans les salles de cinéma du Québec. Je dois dire que c’est idéal comme idée de film pour l’été qui vient. Pour vous donner un avant-goût de ce film qui parle d’un jeune garçon de 13 ans qui s’éveille à l’amour et sa découverte du monde des adultes, voici mes entrevues avec les artisans du film, alors qu’ils étaient de passage à Québec pour en faire la promotion.

 

 

 

Loïc Esteves dans le rôle d'Antoine
Loïc Esteves dans le rôle d’Antoine

Loïc Esteves (dans le rôle principal d’Antoine)

C’est ton premier grand rôle au cinéma, comment as-tu vécu cette expérience? Et comment anticipais-tu ce grand défi ? cliquez sur le lien pour entendre sa réponse :premiere_experience

C’est un rôle assez exigeant, où tu dois montrer beaucoup d’émotions, comme de la tristesse et de la colère. Comment le réalisateur t’amenait-il à sortir cette émotion?« C’est sûr que ce que j’avais à jouer ce n’était pas nécessairement des émotions que j’ai déjà vécues. Mais Guillaume, le réalisateur, il savait vraiment ce qu’il cherchait et voulait de moi. Il était pointilleux et il réussissait facilement à me faire comprendre ce que je devais sortir comme émotion. En sachant exactement ce qu’il voulait, je pouvais alors plus facilement le faire ressortir en moi. »

Quel a été le plus grand défi pour toi?« Ce sont effectivement les scènes où il y a des émotions très profondes que je n’ai pas nécessairement vécues, mais que je dois m’imaginer comment je réagirais si cela m’arrivait. Mais des défis, j’aime bien ça tenter de les relever, alors ce n’est pas un problème pour moi. »

Donc, après avoir joué ce premier grand rôle, est-ce que cela t’a donné la piqure pour en faire un métier?« Oui vraiment, après ce film, je me suis dit que c’est vraiment ce que je voudrais faire plus tard. Mais là, je continue mon secondaire II pour l’instant. Et quand j’ai des rôles à la télé ou autres, je ne laisse pas cela nuire à mes études. Je prends de l’avance quand je peux ou j’étudie entre mes scènes.»

Tu étais à la grande première à Montréal hier (le 10 juin), et comment as-tu réagit de te voir sur grand écran et de voir la réaction des gens dans la salle? « J’étais soulagé. La réaction était bonne. Personne n’est sorti pendant le film. Et les gens m’ont dit par après qu’ils avaient beaucoup apprécié, alors j’étais content. C’était ce que j’espérais que les gens aiment ça. On a atteint notre but. »

As-tu d’autres projets en cours? « Je ne travaille pas sur d’autres projets pour l’instant, mais je joue dans 30 vies et je serai dans les Bobos avec Marc Labrèche. C’est déjà tourné, mais cela va passer à la télé à l’automne. »

 

 

Benoît Gouin dans le rôle du père d'Antoine
Benoît Gouin dans le rôle du père d’Antoine

Benoit Gouin (le père d’Antoine)

Quand on vous a approché pour ce rôle, qu’est-ce qui vous plaisait dans ce rôle ou ce scénario? « Je trouvais que c’était une belle histoire. Je trouvais que c’était une vision très précise qu’il voulait faire… C’est l’histoire d’un garçon qui passe de l’enfance à l’adolescence et c’est un regard sur les relations, sur l’amour, la passion, le désir. On côtoie deux familles pendant un été. Et je trouvais que c’était beau, intelligent, dur, à la hauteur de ce qu’est la nature humaine parfois, impitoyable. Ça se passe sur une île, baignée dans la nature, en plein fleuve Saint-Laurent… » Cliquez ici pour écouter la suite: personnage_complexe

Quel était le défi, des scènes plus difficiles à jouer?« En fait, il y a des défis c’est certain, mais tout se fait en complicité. À partir du moment où tu es en confiance avec un metteur en scène, que t’es en complicité avec tes partenaires, tu peux jouer beaucoup de choses. Ce qui est difficile parfois dans une scène, c’est d’atteindre un degré d’intimité, que ce soit au niveau d’une émotion profonde que tu doives jouer et qui n’est pas évidente à livrer. À partir du moment où tu es en écoute, et que tu te sens écouté par le partenaire, et que tu sens que le metteur en scène est là et qu’il t’accompagne et que toute l’équipe technique s’investit à fond, ça se fait très bien. »  

Pour Loïc, c’était son premier rôle et vous l’avez accompagné là-dedans. On voit une belle complicité père-fils dans le film. Est-ce que cela a été facile d’obtenir cette complicité? « Je suis quelqu’un qui va naturellement vers les gens. Je n’ai pas de difficulté à me lier. Et avec Loïc, je voyais bien que c’était son premier rôle au cinéma et que ce n’était pas évident. Et moi, je viens d’une grosse famille. On était 10 enfants et j’étais le dernier. Je n’ai pas d’enfants, mais j’ai 20 neveux et nièces et j’ai une relation privilégiée avec eux. Donc, j’ai eu de la facilité à entrer en contact avec Loïc et j’ai vu rapidement que c’était un garçon avec beaucoup de talent. D’instinct, il saisissait ce qu’était la caméra. J’ai donc essayé d’être le plus présent avec lui et lui donner le plus d’énergie possible et tenté de lui apprendre des choses. Mais rapidement j’ai vu qu’il avait une rigueur incroyable, et une présence devant la caméra qui est assez solide, qu’il comprend des choses que j’ai apprises moi-même beaucoup plus tard. Alors autant j’ai eu comme premier mouvement de vouloir l’aider et l’accompagner, autant j’ai aussi pris du recul et j’ai regardé le jeune professionnel travailler et j’ai appris de lui, au niveau de la présence et de la qualité d’instinct de jeu. J’ai été impressionné. »

Pour terminer, votre premier amour à vous, vous en rappelez-vous ? Cliquez sur l’audio pour entendre sa réponse : premier_amour

 

 

Guillaume Sylvestre le scénariste et réalisateur
Guillaume Sylvestre le scénariste et réalisateur

Guillaume Sylvestre (scénariste et réalisateur du film)

D’abord, je dois dire que les images sont magnifiques dans le film et on voudrait être en vacances à cet endroit. Où est-ce que cela a été tourné? « En face de Verchères. Il y a une série d’iles et c’est l’une d’elles. C’est environ 30 à 45 minutes de Montréal et on devait prendre un Zodiac tous les matins pour se rendre sur l’ile… Et on a été chanceux, on tournait presque toujours dehors et il a fait beau heureusement presque tout le temps qu’on y était.»

J’ai su que vous avez fait une adaptation libre d’une nouvelle Russe d’Ivan Tourgueniev, écrite au 19e siècle, mais qui se passe de nos jours. Pourquoi avoir choisi cette histoire? Cliquez sur le lien pour entendre sa réponse : pourquoi_ce_film

Pour ce premier film quel a été le plus grand défi?« C’est un film à petit budget et heureusement, je pense qu’au final ça ne parait pas. Mais le défi, c’est de partir de l’histoire, sans perdre le sens de ce qu’on veut dire.  Et c’est sûr qu’avec un petit budget, on a une petite équipe, et cela nous donne une plus grande liberté. Mais c’est sûr qu’il y a des scènes que je voulais tourner d’une façon, mais je devais m’y prendre autrement, et souvent c’était même meilleur que ce que j’avais en tête au départ. Des fois les contraintes te font réfléchir. »

Comment s’est fait le choix des acteurs comme Loïc par exemple? « Pour Loïc, on a fait passer des auditions, soit environ 60 à 70 jeunes et on a tout de suite su que c’était lui. Il n’avait jamais joué au cinéma, et ce n’était pas évident qu’il porte le film sur ses épaules, mais je pense qu’il s’en tire bien…Par exemple, pour les scènes plus émotives, je trouvais des moyens détournés pour l’amener à jouer certaines émotions. Car c’est sûr qu’à 13 ans, il ne peut pas comprendre toutes les nuances de ce que son personnage peut vivre. Alors, je devais trouver des moyens pour l’amener là, mais avec des choses dans lesquels il pouvait se rattacher dans son quotidien.»

Et pour les autres acteurs (Benoit, Marianne) ? « Pour Marianne… » Cliquez sur l’audio pour entendre sa réponse :choix_acteurs

Vous avez fait des documentaires jusqu’à présent et ceci est votre premier film de fiction.  Est-ce que vous voulez continuer à faire de la fiction ou bien du documentaire? « Les deux, présentement, j’ai un documentaire qui sortira au festival du nouveau cinéma en octobre. Ça s’appelle Secondaire V. Je viens de finir la postproduction. J’ai passé un an avec des jeunes de secondaire V dans une école publique à Montréal, juste dans les murs de l’école. J’ai filmé toute l’année scolaire 2011-2012.  Et pour la fiction, il faut que j’aille m’asseoir et que j’écrive… »

 

 

Marianne Fortier dans le rôle d'Anna
Marianne Fortier dans le rôle d’Anna

Marianne Fortier (native de Québec) :

On t’a vu grandir à l’écran dans Aurore et puis Maman est chez le Coiffeur. Et là, tu as un rôle bien différent de ceux que tu as joués avant. Un rôle de femme, de séduction. Est-ce que c’est ça qui te plaisait dans ce film? Cliquez sur le lien pour écouter sa réponse : role_de_anna

Tu jouais avec Loïc Esteves pour qui c’était son premier rôle. Est-ce que cela t’a ramené des souvenirs de tes premières expériences au cinéma, lorsque tu étais toute jeune? « Oui c’est ça. En fait, ça m’a fait penser, pour Aurore, lorsque je découvrais ce monde du cinéma, j’étais curieuse. Je regardais le monde travailler et ça me fascinait. Et je me revoyais aussi dans Maman est chez le Coiffeur, parce que j’avais exactement le même âge que Loïc à ce moment-là, direct entre l’enfance et l’adolescence. Et je me souviens qu’on faisait des blagues avec moi à l’époque, car j’étais une personne mineure dans le groupe d’adulte, que l’on a fait avec Loïc au moment du tournage. On le taquinait bien.»

Sans vouloir dévoiler les punchs du film, est-ce qu’il avait des scènes que tu appréhendais de jouer dans le film? « C’est sûr que les scènes où je me promène en bikini, ou en sous-vêtements, par exemple, ce n’est pas ce dans quoi je suis le plus à l’aise. Donc, de me promener en bikini et se faire filmer, ce n’est pas nécessairement agréable et pourtant, je dois paraître comme si j’aimais ça. Je ne suis vraiment pas comme Anna dans la vie, pour me promener ainsi en bikini, mais je le sais que c’était nécessaire de le faire, alors cela ne m’a pas dérangé de le faire, surtout que sur le plateau cela a été tellement facile. Les gens ont été super respectueux et Guillaume était très à l’écoute et super sensible, peu importe ce que je disais, il était toujours ouvert. Et de travailler aussi avec Denise Robert, cela a été vraiment le fun. »

Avec ce film, c’est seulement ta troisième apparition au cinéma, mais tu as fait aussi beaucoup de télés et du théâtre un peu peut-être. Quel est le médium que tu préfères dans tout cela? « Je les aime tous en fait. Pour le théâtre, ça faisait longtemps que j’en avais fait, et cette année je suis retournée faire du théâtre amateur à l’école, dans une assez grosse pièce quand même, et ça m’a confirmé que j’aimais ça. Et donc, maintenant, je songe à faire l’école de théâtre. Donc, le théâtre j’aime ça, la télé aussi j’aime ça. Mais en télé, j’aimerais bien avoir un rôle principal qui doit être là dans tous les épisodes, je suis certaine que cela doit être une dynamique différente, que d’être là de façon sporadique comme je le suis (comme dans la galère par exemple).Et c’est sûr que le cinéma j’adore ça, car on tisse des liens de famille sur un plateau. Dans les rôles que j’ai eus, j’étais toujours là, alors j’ai eu la chance de connaître tout le monde, les techniciens aussi. Et c’est formidable ce lien de famille que l’on crée. »

 

Jean-Alexandre Létourneau (chum, d’Anna)
Jean-Alexandre Létourneau (chum, d’Anna)

Jean-Alexandre Létourneau (chum, d’Anna)

On ne te connaît pas beaucoup, moi du moins, alors parle-moi un peu de toi. « Ça fait 10 ans que je suis dans le métier, mais il est normal qu’on me connaisse peu, car j’ai surtout fait des rôles secondaires. Mais cela fait 4 ans que je vis de mon métier. Je fais des publicités, des téléromans (Providence), et 1er amour est mon cinquième long métrage. J’ai joué dans Jo pour Jonathan de Maxime Giroux, dans Pour toujours les Canadiens et dans le film C.R.A.Z.Y de Jean-Marc Vallée et c’était mon premier rôle en fait. » 

Tu joues le rôle du chum d’Anna. Décris-moi ton personnage et dis-moi ce qui te plaisait dans ce rôle? Cliquez sur le lien pour entendre l’audio : role_du_chum_de_anna

Vous avez tourné sur une ile, pendant la vingtaine de jours de tournages. Est-ce que vous y habitiez aussi? « Non, on traversait vers l’ile tous les matins en bateau. Ça prenait dix minutes se rendre et c’était à environ 45 minutes de Montréal. C’était donc merveilleux de commencer le matin, avec la brise du fleuve, en Zodiac. C’était libérateur. Tous mes amis comédiens m’enviaient. Et en plus, il a fait beau presque tout le temps. Une seule journée de pluie. » 

Est-ce que tu avais déjà joué avec Marianne? « Oui, car Marianne et moi, on vient de Québec tous les deux. On avait joué ensemble dans la série Chabotte et fille. Mais Marianne est plus jeune que moi (J’ai 26 ans et elle en a 19) et oui, je sais que je fais plus jeune que mon âge. Donc, quand j’ai su qu’on était pour jouer ensemble dans ce film, on était très content de se retrouver et renouer ensemble. »

Et avec Benoit et Macha, tu avais joué avec eux avant? « Non jamais et une des premières scènes que j’ai tournées avec Macha Grenon, c’est la scène de la gifle. Ça casse bien la glace. Mais Macha avait des appréhensions à me donner cette gifle. Je pense que ça lui faisait plus mal à elle qu’à moi.» 

Parle-moi de tes autres projets : « J’ai un film qui s’en vient à l’automne. C’est un film en anglais Gérontophilia du réalisateur Bruce Labruce, c’est un gars de Toronto, qui est venu tourner à Montréal, un film qui se passe dans un centre pour personnes âgées. C’est un jeune homme qui tombe en amour avec un homme plus âgé. C’est une belle histoire, mais un peu provocateur comme film. J’ai un autre projet aussi de Websérie qui est en attente de financement et qui pourrait se tourner cet été. »

 

Denise Robert, la coproductrice
Denise Robert, la coproductrice

Denise Robert (coproductrice)

Pourquoi étiez-vous intéressée à produire ce film, bien que ce soit son premier long métrage de fiction à Guillaume? Cliquez sur le lien pour écouter sa réponse : produire_son_premier_film

Et justement, du fait qu’il vient du documentaire et que c’est son premier film, pensiez-vous qu’il pourrait aisément faire la transition entre les deux? « Oui, car je l’ai côtoyé lorsqu’on a fait les auditions et j’ai vu qu’il avait une belle sensibilité, une capacité de parler aux acteurs et de les amener où il voulait. Dans le fond, le cinéma, c’est raconter une histoire, alors la seule différence entre la fiction et le documentaire c’est de pouvoir diriger des acteurs. Et en auditions, j’ai bien vu qu’il était capable de diriger les acteurs. »

Ce film, on le sait, a reçu un petit budget de 500,000 $ et pourtant, cela ne parait pas vraiment au final à l’écran? « Oui effectivement, car tout l’argent est à l’écran. Et c’est ça aussi qui est merveilleux, d’avoir la capacité de faire des miracles au Québec en cinéma. Et, dans ce cas-ci, c’était une histoire qui se prêtait bien, puisqu’on a pu tourner sur une ile, avec deux chalets voisins, avec des secrets de familles qui se dévoilent peu à peu, alors on pouvait se permettre cette approche où on n’avait pas une grosse infrastructure, ni une grosse équipe. Le résultat à l’écran est la même chose. »

Il y a eu la grande première du film hier (le 10 juin) à la Place des Arts à Montréal, comment cela s’est-il passé? La réaction? « C’était formidable. On était très contente de cette réaction. J’étais contente de voir le film dans le contexte de la Place des Arts, parce qu’il y a de beaux tableaux. Guillaume est influencé par Bach et par de grands peintres impressionnistes. Et de voir ainsi une œuvre d’art, dans un endroit où l’on présente de l’Art, je trouvais cela très approprié. Donc, j’encourage les gens à aller voir le film, car c’est une histoire bien racontée et c’est un divertissement aussi. C’est un très beau film et les acteurs sont éblouissants. »

Le film 1er Amour prendre l’affiche dans les salles de cinéma du Québec, le 21 juin prochain.

Scénarisé et réalisé par Guillaume Sylvestre

Produit par Denise Robert et Daniel Louis

Les films Séville

Mettant en vedette Loïc Esteves, Marianne Fortier, Macha Grenon, Benoît Gouin,  Sylvie Boucher et Pierre-Luc Brillant, Jean-Alexandre Létourneau.

 

Crédit photos : Lise Breton.