Rien de moins que Madama Butterfly pour l’ouverture de la 30 ème saison de l’Opéra de Québec

 Yunah Lee, Madama Butterfly

Yunah Lee, Madama Butterfly

L’Opéra de Québec lance sa 30 ème saison en nous présentant un des plus célèbres opéras de tous les temps, Madama Butterfly.

Cet opéra en trois actes, composé au début des années 1900 par Giacomo Puccini, raconte l’histoire déchirante d’une belle geisha, Cio-Cio-San, qui tombe éperduement amoureuse d’un lieutenant de la marine américaine, de passage à Nagasaki, le lieutenant B.F. Pinkerton.

Durant son passage à Nagasaki, Pinkerton fait l’acquisition d’une maison et rencontre sa jeune fiancée de 15 ans, Cio-Cio-San. Ce nom signifie « petit papillon ».   Il signe un contrat de location de 999 ans sur la maison… contrat pouvant être résilié chaque mois. Et en son fort intérieur, il en va de même pour son contrat de mariage, qu’il prends bien à la légère.  Pour lui, ce contrat ne représente guère rien de plus qu’une aventure passagère avec Butterfly et il compte même faire un « vrai » mariage en revenant en Amérique.

Ce qui n’est pas le cas pour la belle geisha, qui elle, renonce à sa religion, décide de prier le Dieu Américain, et va jusqu’à renier sa famille pour être en parfaite harmonie avec son époux qu’elle aime profondément.

Une fois les festivités passées, et la nuit de noces consommée, Pinkerton s’en retourne en Amérique. Et il y disparaît pour 3 ans.

Trois longues années sans donner aucune nouvelles à Butterfly.  Cette dernière demeure toutefois convaincue que son amour reviendra bien un jour.  Il lui a promis de revenir à la « saison où les rouge-gorges font leur nid »… (Aria « Un bel dì vedremo »).

Durant tout ce temps, des prétendants sont présentés à Cio-Cio-San.  Mais celle-ci refuse toute offre et demeure fidèle à son amour, et tente en vain de se convaincre qu’en Amérique, le temps qui s’écoule entre « les saisons où les rouge-gorges font leur nid » est beaucoup plus long qu’au Japon.

Après tout ce temps, arrive enfin une lettre de Pinkerton pour Madame Butterfly.  C’est Sharpless, le consul américain, qui est en charge de lui en faire la lecture.  Dans sa missive, Pinkerton annonce à Butterfly la fin de leur union.  Tentant le tout pour le tout, Butterfly présente à Sharpless l’enfant né de son union avec Pinkerton et demande au consul, de faire savoir à Pinkerton qu’il a un fils. Elle va même jusqu’à menacer de s’enlever la vie si son amour ne lui revient pas.

Un bon matin, arrive le navire Abraham Lincoln, avec Pinkerton à bord.  Butterfly l’aperçoit au loin.  Enfin ! il est de retour…  Elle se pare donc de ses plus beaux atouts et attends impatiemment le retour de son bien-aimé.  Quelle ne fut pas la triste surprise lorsque Butterfly découvre que Pinkerton n’est pas seul.  Kate, sa nouvelle épouse l’accompagne.  Ils sont de retour dans le seul but de quérir l’enfant afin de lui donner une meilleure éducation.

Dévastée, Madame Butterfly réalise qu’elle a perdu à jamais l’amour de sa vie.

Par amour pour son fils, elle consent à le confier à son père dans le but de lui assurer une meilleure vie.

Et puisqu’il ne lui reste plus rien en cette vie, elle se fait hara-kiri à l’aide d’un sabre sur lequel est inscrit: « Celui qui ne peut vivre dans l’honneur meurt avec honneur ».

Le rôle de Madama Butterfly est interprété avec brio par Yunah Lee.  La soprano n’en est pas à sa première interprétation  de Madama Butterfly, cela se voit dans son jeu et dans la maîtrise de son art lyrique.   Elle possède une magnifique voix, juste, puissante, et est très à l’aise dans son rôle de Butterfly.  Il faut l’entendre durant l’interprétation du célèbre aria « Un bel dì vedremo ».  Un moment fort du spectacle.

Antoine Bélanger, Pinkerton et Yunah Lee, Butterfly
Antoine Bélanger, Pinkerton et Yunah Lee, Butterfly

Dès son entrée sur scène, Antoine Bélanger, ténor Québécois bien connu, nous démontre tout l’assurance qu’il a dans son rôle de Pinkerton.  Il est très à l’aise, sa voix est juste et sait démontrer toute sa puissance le moment venu.

Suzuki, interprétée par la mezzo-soprano Isabelle Henriquez nous offre de très beaux duos avec Yunah Lee.

Alexander Savtchenko dans le rôle du Bonze nous offre toute la puissance de sa voix basse formidable.  Un coup de coeur.

Et on ne peut certes passer sous silence l’excellent jeu de Aaron Ferguson dans le rôle de l’entremetteur Goro.  Son jeu est très convaincant, il nous fait rire, et le tout apporte une note de légèretée à l’ensemble de l’oeuvre, qui est plutôt sur fond dramatique.

Petit clin d’oeil aux deux enfants qui personifient le jeune fils de 3 ans de Madame Butterfly (oui, ils sont deux en alternance).  Ils sont mignons comme tout et on les aime !

La mise en scène, sous la direction de Jacques Leblanc est très efficace.  Le tout se déroule au bord de la mer.  Des ponts, une maison isolée sur pilotis, dans laquelle Madame Butterfly semble seule au monde.

Décors
Décors

Les décors sont simples, sans artifices, mais combien efficaces.  Les bateaux qui arrivent au port semblent se déplacer avec une telle aisance qu’ils semblent réellement flotter sur les flots.  L’effet est très réussi.  Chapeau à Marie-Renée Bourget-Harvey la conceptrice des décors.

L’opéra ne serait pas ce qu’il est sans la présence du choeur de l’opéra.  A la fin du deuxième acte, le choeur de l’opéra nous a offert une tendre interprétation à bouche fermée… un doux moment de bonheur.

Et mille bravos à l’orchestre symphonique de Québec, sous la direction de maestro Giuseppe Pietraroia, qui nous a offert encore une fois une prestation musicale remarquable.

Présenté au Grand Théatre de Québec, à la salle Louis-Fréchette

Le 19 octobre 2013 à 19 h et Les 22, 24 et 26 octobre 2013 à 20 h

Chef d’orchestre : Giuseppe PIETRAROIA Mise en scène  : Jacques LEBLANC

Madama Butterfly (Cio-Cio-San) : Yunah LEE, soprano

Lieutenant B.F. Pinkerton : Antoine BÉLANGER, ténor

Sharpless    : Peter MCGILLIVRAY, baryton

Goro     : Aaron FERGUSON, ténor

Le Bonze    : Alexander SAVTCHENKO, basse

Le Prince Yamadori   : Patrick MALLETTE, baryton

Suzuki     : Isabelle HENRIQUEZ, mezzo-soprano

Le Commissaire impérial  : Michel CERVANT, baryton-basse

Le Chœur de l’Opéra de Québec

L’Orchestre symphonique de Québec

Version originale italienne avec surtitres

www.operadequebec.qc.ca

Crédit Photos: Louise Leblanc