Coronado un thriller puissant présenté à Premier Acte

Charles-Étienne Beaulne et Danielle Le Saux-Farmer
Charles-Étienne Beaulne et Danielle Le Saux-Farmer

Comment décrire cette pièce de théâtre Coronado qui est présentée jusqu’au 2 novembre au Théâtre Premier Acte, où intrigue et suspense sont maîtres et donner le goût d’aller la voir, sans dévoiler d’indices sur les aboutissants de cette histoire sombre et macabre. Disons simplement que les amateurs de polars ou de théâtre non traditionnel seront agréablement servis. Et pour cause, l’auteur de cette pièce n’est nul autre que Dennis Lehane, à qui l’on doit les excellents livres devenus des films Mystic River,Gone Baby Gone, et Shutter Island. 

Donc, L’histoire se déroule dans une petite ville pourrie des États-Unis, dans un bar miteux aux abords d’un parc d’attractions et d’une vieille voie ferrée.  On y suit les conversations d’une femme (Sophie Dion) et son thérapeute (Jean-Pierre Cloutier) dans une rencontre qui est tout sauf professionnelle. Il y également à une autre table, une femme (Joëlle Bourdon), son mari, le patron de la compagnie (Jack Robitaille) et son amant et également employé de la compagnie (Guillaume Pelletier ), qui discutent et dont on sent la tension monter et dont on anticipe le point culminant de non-retour… Finalement,  un père foncièrement menaçant (Nicolas Létourneau) et son fils qui sort de prison (Charles-Étienne Beaulne) qui se questionnent mutuellement avec hargne et colère sur leur passé, sans se donner vraiment de réponse. Ajouter à cela une jeune femme (Danielle Le Saux-Farmer) immobile en fond de scène, maculée de boue, dont on connaitra éventuellement le destin et son lien avec les autres personnages et vous avez un portrait de ce thriller d’action dans cet univers sombre et complexe.

L’histoire avance dans un rythme rapide, avec de courtes scènes, aux répliques abondantes, fortes et punchées. Le tout est agrémenté de musique très à-propos (par exemple la Danse macabre de Camille Saint-Saëns en ouverture de pièce, ou le son d’un train qui arrive au loin, la pluie qui tambourine sur le toit) qui s’amplifie la sensation de suspens et de tension qui règne. À cela s’ajoute un fabuleux jeu d’éclairage, qui permet de mettre en lumière un duo ou un trio de personnages à la fois, sur la scène, pour en suivre l’action, tandis que les autres personnages continuer de cohabiter dans leur espace.

À mesure que les trois histoires progressent, le public en vient à comprendre les liens qui unit ces personnages, et les intrigues qui se dénouent pour finalement arriver, presque à la toute fin de la pièce, à un superbe changement de perspective (bravo à Olivier Lépine pour cette mise en scène), qui nous montre la scène de haut, et nous fait découvrir les dernières réponses aux questions du père et du fils… C’est tout ce que je dirai de l’histoire, pour ne pas en dévoiler trop et permettre aux gens de bien apprécier la pièce et recoller les morceaux du casse-tête par eux-mêmes.

Par contre, je peux dire qu’au programme, le public a droit à de la tension, des personnages forts intrigants, ni nécessairement bons, ou méchants, mais dont les choix de vie ont des répercussions dramatiques sur leur vie et celles de leurs proches, de la violence, des meurtres, des histoires d’amour qui se terminent en vies brisées, bref un réel bon moment au théâtre, qui sort de l’ordinaire.

Les acteurs sont tous excellents dans leurs personnages. La relation père-fils est extrêmement bien amenée. Nicolas Létourneau et Charles-Étienne Beaulne sont criants de vérité et on en a littéralement peur à plus d’une occasion. Cela fait du bien de voir Nicolas dans autre chose que des comédies (dans lesquelles il excelle, il va sans dire). On voit qu’il peut également exceller dans le drame aussi. Les autres acteurs sont également très crédibles et amènent eux aussi un jeu de qualité fort appréciable.

Guillaume Pelletier et Joëlle Bourdon
Guillaume Pelletier et Joëlle Bourdon

J’adore la manière dont Olivier Lépine a mélangé les cartes et rendu la tâche difficile au public de faire des liens entre les personnages et leurs histoires. En alternant entre passé et présent, en plaçant tous les personnages en même temps dans le même lieu, et en les faisant interagir dans les scènes des autres, juste pour le plaisir, cela déroute le public. Puis, graduellement, les indices sont placés pour que petit à petit, on comprenne ce qui les unit et, une fois la surprise passée,  le public est alors ravi d’avoir dénoué les intrigues.

Au final cependant, comme le sujet est lourd, la tension est forte et les rebondissements abondants, le public sort de la salle épuisé, bouleversé et encore sous le choc de cette magnifique pièce savamment présentée.

C’est la compagnie Des miettes dans la caboche qui offre ainsi au public de Québec la première adaptation québécoise de Coronado, du célèbre dramaturge américain Dennis Lehane. Cette compagnie a vu le jour avec la pièce… et autres effets secondaires (que j’avais adorée) et qui a été présentée à Premier Acte en septembre 2009 et reprise à Québec et à Montréal par la suite. En 2012, encore une fois à Premier Acte, la compagnie Des miettes dans la caboche s’est attaqué au texte de Jean-Philippe Lehoux Le bras canadien et autres vanités (que j’ai grandement apprécié aussi) dans une mise en scène de Fabien Cloutier.

Coronado, une production de la compagnie Des miettes dans la caboche
Théâtre Premier Acte, du 15 octobre au 2 novembre
Texte : Dennis Lehane
Adaptation : Pénélope Bourque
Mise en scène : Olivier Lépine

Décors et costumes | Karine Mecteau-Bouchard

Avec Charles-Étienne Beaulne, Joëlle Bourdon, Jean-Pierre Cloutier, Danielle Le Saux-Farmer, Guillaume Pelletier, Jack Robitaille, Sophie Dion et Nicolas Létourneau

BILLETS EN VENTE SUR RÉSEAU BILLETECH – 418 643-8131Au coût de 24 $ (courant), 18 $ (étudiant) et 14 $ (groupe) + frais de service

INFORMATION PREMIER ACTE : 418 694-9656

www.premieracte.ca

 

Crédits photos : Gabriel Talbot Lachance