Cirkopolis du Cirque Éloize est original et très artistique

Cirkopolis du Cirque Éloize
Cirkopolis du Cirque Éloize

Le cirque Éloize nous fait un cadeau de Noël à l’avance en nous offrant son neuvième spectacle, Cirkopolis. Inspiré du film expressionniste allemand Metropolis (1927) de Fritz Lang, les interprètes des numéros de cirque misent sur un «spectacle porté par l’impulsion de la poésie de la vie» comme nous explique son créateur et directeur artistique Jeannot Painchaud. C’est d’ailleurs cet acrobate et jongleur des Îles-de-la-Madeleine qui a fondé le Cirque Éloize (http://www.cirque-eloize.com) en 1993, après un passage au Cirque de Soleil (spectacle Fascination) et une médaille de bronze au Festival mondial du cirque de demain de Paris.

C’est sur un décor sobre rappelant les années 30 que s’ouvre le rideau du spectacle. Des panneaux en forme de portes qui tournent sur 360 degrés et servent d’écrans de projection sont au fond. Une utilisation efficace de ces écrans donne un effet visuel très esthétique. Les images qui y sont projetées rappellent sans contredit le film Metropolis, avec des teintes de gris feutrés, montrant des décors de mégapoles grandioses comme dans le film. Ça peut paraître bizarre de voir des acrobates de cirque évoluer dans un tel décor souvent habillés en veston-cravate d’époque, mais c’est justement ce qui fait le charme et l’ambiance réussie de Cirkopolis.

Cirkopolis du Cirque Éloize
Myriam Deraiche portée dans les airs pendant son numéro de contorsion.
Cirkopolis du Cirque Éloize

Puis les numéros s’enchaînent à la vitesse de l’éclair. Entre chaque numéro, des projections et changements de décors permettent l’installation ou le retrait d’appareils de la scène. Il faut noter que les chorégraphies de style moderne sont extrêment bien réussies, au point où on se demande si on n’assiste pas plutôt à un spectacle de danse accompagné de numéros de cirque. La combinaison des deux supportée par une multitude de musiques originales de tous les styles (du jazz des années 30 au contemporain) réussit à créer l’ambiance qui fait de Cirkopolis une grande oeuvre artistique moderne multimédia. Chacun des 12 interprètes nous montre son talent de plusieurs façons, que ce soit en danse, en acrobatie ou en jeu avec un numéro humoristique de clown contemporain. Ils sont tous bien utilisés et chacun occupe bien l’espace qui lui convient sur scène.

Parmi les meilleurs numéros, il faut noter celui de la contorsionniste Myriam Deraiche qui est portée dans les airs par ses compagnons et ne touchera le sol qu’à la fin de son numéro après quatre longues minutes d’acrobaties. Ses mouvements pour imiter une marche et gravir un escalier humain sont remarquables. Le numéro de jonglerie à 8 jongleurs en même temps qui se lancent des quilles dans toutes les directions est inédit et impressionnant. Le numéro du début avec une roue Cyr (grand cerceau) qui roule sur scène presque mécaniquement comme les rouages d’une machine du film projeté est hypnotisant. Le numéro de roue allemande à 6 acrobates est original dans sa façon d’utiliser une équipe sur une seule roue. Le numéro de trapèze n’a rien de classique et surprend en intégrant 3 acrobates à la fois suspendus au même trapèze. Puis un simple grand poteau sert de point de soutien à du haut voltige acrobatique où on a toujours l’impression qu’il peut tomber. Il s’agit d’un des numéros dans lequel on perçoit la dangerosité et où on ressent la témérité de l’acrobate. Le cirque ne serait pas complet sans une démonstration de Diabolo, cette petite roue conique qu’on tient sur un fil entre deux bâtons. Plusieurs Diabolos sont utilisés en synchronisme pour augmenter la difficulté et une suite de danses modernes accompagnent les jongleurs, ce qui rend le numéro très intéressant. Et pour agrémenter le tout, quelques numéros humoristiques très réussis sont insérés entre tout ça.

Cirkopolis du Cirque Éloize
La roue allemande
Cirkopolis du Cirque Éloize

Cirkopolis plaira à tous, petits et grands. Sans entracte (heureusement car le rythme aurait été brisé), les 90 minutes du spectacle passent très rapidement. Ce sont évidemment des numéros classiques du cirque, exécutés sans filet, mais servis dans un univers unique qui nous montre à quel point on peut créer une beau spectacle artistique.

Équipe de création: Jeannot Painchaud (direction artistique et mise en scène), Dave St-Pierre (mise en scène et chorégraphies), Robert Massicotte (scénographie, images vidéo), Stefan Boucher (compositeur), Krzysztof Soroczynski (conception acrobatique et entraîneur-chef), Liz Vandal (costumes), Nicolas Descôteaux (éclairages), Alexis Laurence (images vidéo), Rénald Laurin (jeu), Emmanuel Guillaume (coordination artistique), Émilie Grenon-Émiroglou (assistant à la mise en scène et entraîneure), Marie-Ève Carrière (répétitrice chorégraphies), Johanne Madore (répétitrice chorégraphies), Virginie Bachand (maquillages), Jonathan St-Onge (producteur exécutif).

Distribution: Maude Arseneault (Mât chinois, jonglerie, banquine et planche sautoir), Angelica Bongiovonni (Roue Cyr, jonglerie, trapèze-danse), Dominique Bouchard Diabolo, jonglerie, roue allemande, banquine et planche sautoir), Mikaël Bruyère-L’Abbé (Mât chinois, jonglerie, roue allemande, banquine et planche sautoir), Ashley Carr (clown), Samuel Charlton (Main à main, jonglerie, roue allemande, banquine et planche sautoir), Myriam Deraiche (Contorsion, trapèze-danse), Lauren Herley (Corde lisse, contorsion, trapèze-danse), Reuben Hosler (Main à main, jonglerie, roue allemande, banquine et planche sautoir), Ugo Laffolay (Sangles, banquine et planche sautoir), Yann LeBlanc (Jonglerie, diabolo, roue Cyr, roue allemande, banquine et planche sautoir), Frédéric Lemieux-Cormier (Roue allemande, jonglerie, diabolo, banquine et planche sautoir), François Saussus (clown).

Présenté au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts du 13 novembre au 7 décembre 2014. Billets (41$
à 78$) disponible sur http://www.laplacedesarts.com/ et au 514-842-2112. Forfaits pour famille de 4 sont disponibles.

Photos: Valérie Remise