Porgy & Bess à l’Opéra de Montréal dès le 25 janvier 2014

Marie-Josée Lord
Marie-Josée Lord

Pour sa première production de 2014, l’Opéra de Montréal frappe un grand coup : l’entrée à son répertoire de Porgy and Bess de George Gershwin. Premier opéra à intégrer le jazz, ce chef-d’œuvre du 20e siècle raconte des histoires d’amour et de mort dans le Sud des Etats-Unis. La musique, elle, est une géniale succession de hits, de l’immortel Summertime à l’ensorcelant My man’s gone now, devenus depuis des classiques du jazz. D’abord créé sur Broadway, parfois appelé opérette ou «musical», Porgy and Bess s’affirme maintenant comme un véritable opéra et règne sur les plus grandes scènes du monde. Cette coproduction prendra l’affiche à la salle Wilfrid-Pelletier les 25, 28, 30 janvier, 1er  février 2014 à 19h30.

Distribution

Gershwin et ses librettistes demandent explicitement une distribution de chanteurs noirs, pour éviter à tout prix le côté caricatural que provoqueraient des chanteurs blancs barbouillés de maquillage foncé. Réunir une distribution de haut niveau pour cet opéra est toujours un défi, et l’Opéra de Montréal le relève avec brio. Pour les deux rôles-titres, on a droit aux débuts à la compagnie de la Canadienne de réputation internationale Measha Brueggergosman (Bess) et à ceux du néo-zélandais Jonathan Lemalu (Porgy). Autre atout, le retour sur la scène de l’Opéra de Montréal de la bouleversante Marie-Josée Lord dans le rôle de Serena. Autour d’eux, outre l’ex-membre de l’Atelier lyrique Chantale Nurse (Clara), on découvrira Lester Lynch (Crown), Steven Cole (Sportin’ Life), Larry D. Hylton (Robbins), Michael Preacely (Jake) et Catherine Daniel (Maria).

À la tête de l’Orchestre symphonique de Montréal : le chef d’orchestre Wayne Marshall, auteur d’une performance remarquable en 2013 dans Dead Man Walking. Exceptionnellement, les chœurs de l’Opéra de Montréal cèdent leur place au mythique Montreal Jubilation Gospel Choir, préparé par son chef fondateur, Trevor W. Payne. Le spectacle est mis en scène par Lemuel Wade, décors de Ken Foy, costumes de Judy Dearing, éclairages d’Anne-Catherine Simard-Deraspe, effets sonores de Steven Canyon Kennedy. Une coproduction Opéra de Montréal, Cleveland, Dallas, Florida Grand, Houston Grand, Los Angeles Music Center, Portland, San Diego, San Francisco, en association avec The Orange County Performing Arts Center.

En prélude à l’opéra…

Avant chaque représentation, un préOpéra : le passionné d’art lyrique et musicologue Pierre Vachon (PhD) fera une présentation de l’œuvre au Piano Nobile de la salle Wilfrid-Pelletier à 18 h 30 (en français avec résumé en anglais). Gratuit pour les abonnés, 5 $ pour les non-abonnés.

L’histoire : amour et mort à Catfish Row

À Charleston, en Caroline du Sud, dans une rue nommée Catfish Row, la cour intérieure d’un édifice délabré. C’est là que vivent, aiment et meurent des fils et filles d’anciens esclaves, gagnant leur vie comme cueilleurs dans les champs de coton, débardeurs dans le port ou pêcheurs sur la mer toute proche. Parmi eux, un mendiant handicapé, Porgy, soupire pour la belle et scandaleuse Bess. Mais celle-ci appartient au dangereux caïd Crown. Au cours d’une partie de dés qui tourne mal, Crown tue Robbins et doit s’enfuir. Toutes les portes se ferment alors devant Bess, sauf celle de Porgy… C’est le début de leur histoire d’amour, menacée par le passé de Bess. Car son dealer tente de la séduire et son ancien amant veille dans l’ombre…

Gershwin : un génie entre jazz et classique

Il découvre la musique à douze ans quand un piano fait son apparition dans l’appartement familial. Il y improvise avec tant de facilité que ses parents lui paient des leçons. À 16 ans, il quitte l’école pour travailler chez un éditeur de musique, dans la fameuse « Tin Pan Alley » : son emploi consiste à jouer au piano des chansons dans le but de les vendre. Il atteint vite Broadway où il obtient un premier succès avec sa chanson Swanee (1920). Suivra une vingtaine de « musicals » en une quinzaine d’années, dont Lady be Good! (1924), Funny Face (1927) et Girl Crazy (1930), desquels sont tirées plusieurs de ses chansons, trônant aujourd’hui dans le « Great American Songbook ». Il crée en 1924 sa Rhapsody in Blue, sorte de fusion entre le jazz et le classique qui séduit les critiques et le public. Très en demande, il séjourne en Europe où il rencontre nombre de compositeurs importants de l’époque : Prokofiev, Weill, Lehár, Berg et Ravel qui refuse de lui donner des leçons de composition, craignant de le détourner de sa route. Le très avant-gardiste Schoenberg devient même son partenaire de tennis ! Dès 1933, il se lance dans son unique projet d’opéra qui n’aboutira que deux ans plus tard : Porgy and Bess. Destinée au Metropolitan Opera mais finalement créée sur Broadway, l’œuvre est d’abord considérée comme un musical mais finit par devenir l’opéra américain le plus populaire à ce jour par son exubérance, sa vitalité, son émotion et son humour. Gershwin meurt prématurément en 1937, d’une fulgurante tumeur cérébrale, laissant à son frère et génial parolier Ira le soin de gérer une œuvre immense, où scintillent à chaque page des trésors de mélodie et de rythme.

L’œuvre : une succession de hits

Gershwin disait de Porgy and Bess : « Quand j’ai choisi pour cet opéra un récit sur les Noirs de Charleston, je me suis assuré que l’histoire me permettrait de composer une musique à la fois légère et sérieuse et d’y mettre aussi bien de l’humour que du tragique ». Le livret est rempli de détails pittoresques et de moments émouvants, mais il reflète aussi tout un pan de l’histoire des Noirs. À l’époque de la parution du roman, l’abolition de l’esclavage n’a pas un siècle, et ces enfants d’anciens esclaves peinent à trouver leur place dans la société. Ils sont pauvres (on voit Serena peiner à trouver l’argent pour enterrer son homme) et la violence est leur lot: deux meurtres ont lieu sur scène, un viol en coulisses… Ils sont superstitieux, s’inquiétant du passage d’un faucon dans le ciel, mais ils n’hésitent pas à interpeller Dieu à la moindre occasion. Cependant, on les voit toujours solidaires et résilients, toujours prêts à espérer des jours meilleurs. Véritable étendard de cette émancipation, Porgy and Bess est l’occasion pour un grand nombre d’artistes noirs de s’imposer, jusque dans des salles qui leur étaient jusque-là interdites.

La musique de Gershwin parvient à embrasser cet immense réseau d’émotions et de préoccupations. Musicalement, tout le génie de Gershwin se retrouve dans son premier opéra : mélodiste exceptionnel, trouvailles harmoniques et rythmiques, un sens du théâtre digne de ses plus illustres devanciers. Avec Porgy and Bess, Gershwin pose les fondations de l’opéra américain, utilisant tous les matériaux à sa portée: le jazz, le blues, le gospel, en plus d’écrire des spirituals plus vrais que les vrais. Parmi les airs devenus des classiques : Summertime, My man’s gone now, I got plenty o’nuttin’, It ain’t necessarily so et même un grand duo d’amour digne de Puccini, Bess you is my woman now.

Opéra : Porgy and Bess, de George Gershwin

Genre : Opéra populaire («an American folk opera»)

Structure : 3 actes

Langue : en anglais avec surtitres français et anglais

Livret : DuBose et Dorothy Heyward, George et Ira Gershwin, d’après la pièce Porgy (1927) de DuBose Heyward, tirée de son roman éponyme (1925)

Création : Alvin Theatre, New York, 10 octobre 1935

Production : Opéra de Montréal, en coproduction avec Cleveland, Dallas, Florida Grand, Houston Grand, Los Angeles Music Center, Portland, San Diego, San Francisco ; en association avec The Orange County Performing Arts Center.

Première à l’Opéra de Montréal

AUTOUR DE PORGY AND BESS

LE MOIS DE L’HISTOIRE DES NOIRS

L’Opéra de Montréal est fier de s’associer à la Table Ronde du Mois de l’histoire des Noirs. À cet effet, la conférence de presse du MHN pour le dévoilement de la programmation se tiendra dans les décors de Porgy and Bess le mercredi 22 janvier à midi. Le Mois de l’histoire des Noirs est célébré annuellement pendant tout le mois de février.

Info

GÉNÉRALES ÉTUDIANTES

Chaque année, l’Opéra de Montréal, grâce à l’appui financier de Bernard Stotland et famille et de RBC, permet à 2300 étudiants de 12 à 17 ans d’assister gratuitement à 3 générales étudiantes. Cette année, l’Opéra de Montréal propose Falstaff (jeudi 7 novembre), Porgy and Bess (jeudi 23 janvier) et Turandot (jeudi 15 mai). Un guide pédagogique est remis aux professeurs.

Info

Partenaires

Bernard Stotland et famille

COOPÉRA – 10 ans déjà

Le projet éducatif phare de l’Opéra de Montréal, coOpéra, fête cette année ses 10 ans d’existence. Coopéra permet à une centaine de jeunes des 5e et 6e du primaire, de créer leur propre opéra inspiré d’un des opéras à l’affiche de l’Opéra de Montréal. Le projet a été plusieurs fois primé et a reçu, en 2012, le prix d’excellence de la Fédération des commissions scolaires du Québec. Cette année, les jeunes du projet coopéra ont choisi Falstaff.

Leur création musicale sera présenté à l’UQAM les 14 et 15 mai 2014, devant public.

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Partenaires

HAPPENING À L’OPÉRA – ARTV

Un nouveau partenariat, une nouvelle série d’événements éclatés pour les 18-30 ans au studio d’ARTV : Happening à l’opéra, des soirées à l’ambiance électrisante. Pour Porgy and Bess, un club de jazz sera recréé avec performances LIVE… Troisième événement : le jeudi 16 janvier 2014, de 18 h à 20 h, à l’ARTVStudio de la Place des Arts.

INFO : artv.ca

JEUNES ASSOCIÉS DE L’OPÉRA DE MONTRÉAL 

Cette année encore, les Jeunes associés de l’Opéra de Montréal organisent des soirées réseautage pour sensibiliser les jeunes professionnels à la philanthropie culturelle.

Soirée réseautage : jeudi 30 janvier

Info : jaodm.operademontreal.com 

 Partenaire financier

PLACE À L’ART VOCAL

En collaboration avec Bibliothèque et Archives nationales, l’Opéra de Montréal est heureux de présenter le deuxième concert-causerie animé par le musicologue Pierre Vachon en compagnie de chanteurs de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal et de comédiens. Gratuit.

13 février 2014, 19 h

Un triangle amoureux : Robert Schumann, Clara Schumann et Johannes Brahms. Un siècle en musique et en mots.

Comédiens :

Caroline Lavoie – Clara Schumann

Alexandre Préfontaine – Robert Schumann et Johannes Brahms

Chanteurs :

France Bellemare, soprano

Jean-Michel Richer, ténor

Josh Whelan, baryton

Au piano : Jennifer Szeto

Partenaire

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LA GRANDE SAISON

L’Opéra de Montréal est fier de s’associer au chéquier culturel.

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BLOGUE

Actualités lyriques : animé par Pierre Vachon et Richard Raymond.

Mode de vie : animé par Jean-François Lamarche

Sur operademontreal.com

 OPÉRA DE MONTRÉAL | SAISON  2013-2014

© photo: Julien Faugère