Photo: © Michael Meseke
TRACES présenté à la Tohu jusqu’au 4 janvier 2014 est un spectacle qui possède une âme grâce à la sincérité de ses interprètes. Plus que de simples numéros acrobatiques, on s’attache à chacun de ses 7 artistes. Les 7 doigts de la main créée en 2002 avec sept artistes de cirque est aujourd’hui une entreprise mature avec 9 spectacles en tournée en plus de ses nombreux projets, comme des chorégraphies acrobatiques ajoutées dans une comédie musicale qui joue actuellement sur Broadway («Pippins» qui a remporté plusieurs prix pour sa chorégraphie).
TRACES a été créé en 2006 par deux co-fondateurs de la compagnie. Une tournée imposante l’emmène dans des villes comme Moscou, Paris, Melbourne, Londres, puis à New York où le spectacle a remporté un grand succès auprès des critiques et du public, en plus de plusieurs prix. Au top 10 des spectacles à ne pas manquer du TIME Magazine en 2011, après 1500 représentations et 800,000 spectateurs, TRACES est donc de retour à Montréal avec une équipe de jeunes acrobates tous dans la vingtaine (les interprètes changent au fil des ans).
Le fil conducteur de cet événement est une vision apocalyptique d’un instant de vie de jeunes qui veulent laisser leur trace alors que se dessine un désastre à l’extérieur qui terminera leur existence. Ce qui distingue les spectacles des 7 doigts de la main par rapport aux autres troupes c’est l’humanité et l’individualité données à chacun des acrobates sur scène. On s’attache à chacun d’entre eux comme si c’était une pièce de théâtre.
Photo: © Valérie Remise
Sur une scène aux allures de fin du monde, avec un piano à queue en bois rustique qui trône dans un coin, les artistes font leur entrée sur de simples danses acrobatiques au sol. Puis ils se présentent par leurs noms, dates de naissance et leurs principales caractéristiques, d’une façon naturelle et amusante, parfois absurde. Après un duo de danse acrobatique entre Diego et Anne-Marie, le ton plus intimiste et éthéré est donné. J’ai beaucoup apprécié que tour à tour ils s’installent au piano pour accompagner en musique l’action qui se déroulait. C’est Mathieu qui brille le plus dans la catégorie multidisciplinaire, il possède une âme de pianiste et le corps d’un acrobate. Et il est aussi très bon à la guitare lorsqu’il chante «La folie en Quatre» de Daniel Bélanger. Mais ils sont tous multidisciplinaires, chacun contribuant à une personnalité du spectacle.
Puis chaque numéro apporte un objet qui sert de base, tel le ballon qui semble danser comme un ballet ou le numéro avec des chaises qui nous montre un sentiment de colère et de résignation. Ce dernier numéro est très original et dynamique, il permet au spectacle lent à démarrer, de passer à un mode plus rapide. Puis le numéro sur deux mâts chinois est très bien exécuté et a ravi les spectateurs: les 6 gars de la troupe se permettent de monter et descendre tout en sautant d’un mât à l’autre d’une manière très habile et surprenante.
Photo: © Valérie Remise
Le numéro qui suit d’Anne-Marie dans un fauteuil réussit à surprendre par sa simplicité et sa beauté. Suit un des meilleurs numéros de la soirée, celui des planches à roulette. Tout ce qu’ils réussissent à faire avec ces planches, autant sous leurs pieds quand dans leurs mains est d’une originalité et une surprise totale. Sans compter qu’un des leurs chausse des patins à roulette au lieu de la planche. De belles acrobaties très réussies.
Comme si on avait gardé les meilleurs numéros pour la fin, le rythme s’accentue et on a droit à un numéro de roue Cyr par Mathieu, puis un classique avec le tremplin et quelques triples sauts dans les airs. Anne-Marie exécute un numéro de ballet aérien très applaudi du public, surtout pour sa grâce et la beauté de ses mouvements dans les airs et la fluidité de sa chorégraphie.
Arrive le point final du spectacle avec un numéro de gymnastique de sol avec des cerceaux de sauts. Le numéro le plus apprécié et pour cause, il est très impressionnant à cause des risques et de l’audace de chacun des sauts. Plus le numéro avance, plus la difficulté grimpe. Alors qu’on croit être arrivé au maximum, un cerceau supplémentaire est ajouté. On finit par sauter dans un cerceau posé à près de 15 pieds de hauteur.
Le spectacle TRACES en est un à voir avec toute la famille. Il y a de belles trouvailles et même si ce sont des numéros classiques, chacun recèle une originalité et une personnalité bien distincte. Malgré un départ un peu lent et un rythme pas toujours constant dans la première demi-heure, ce spectacle de 90 minutes (sans intermission) plaira à tous. C’est un beau cadeau à se faire pour le temps des fêtes.
Présenté à la Tohu (prévoyez 8$ de stationnement) du 17 décembre 2013 au 4 janvier 2014. Billets (32.50$ à 48$, rabais pour ainés/étudiants et spécial à 15$ pour les enfants) disponibles sur http://www.tohu.ca/ ou au 514-376-8648.
Photo: ©Michael Meseke
Équipe de création: Sahan Carroll et Gypsy Snider (mise en scène et chorégraphies), Francisco Cruz (assistant à la direction artistique), Nol van Genuchten (éclairages), Manon Desmarais (costumes), Flavia Hevia (décors), Paul Ahad (vidéo), Bruno Tassé (accessoires), Seth Stachowski (quelques musiques), Patrick Loubert (régie).
Entraîneurs: Jérôme Le Baut, Francisco Cruz, Isabelle Chassé, Yann Fily?Paré, Krin Haglund, Sophie Houle, Fransisco Cruz.
Artistes: Lucas Boutin, Mathieu Cloutier, Anne?Marie Godin, LJ Marles, Diego Rodarte-Amor, Fletcher Sanchez, Hou Kai.
Photos: Valérie Remise, Michael Meseke.
