Retraite, de l’auteur Renaud Jean

Le livre Retraite
Le livre Retraite

Renaud Jean, dans ce premier livre, nous parle de la Grande Aventure de l’existence. Des univers parallèles, deux mondes, des mondes dans lesquels on se retrouve souvent.

Ce qui est fascinant, c’est que l’on retrouve des situations, des états d’âmes que nous avons souvent partagés. Dans trois visites, notre personnage visite son grand-père et tente d’établir le contact avec son aïeul. Mais la chose n’est pas facile: « Il est vrai, que, chaque fois que je lui expliquais mon occupation, je m’embrouillais moi-même terriblement , jusqu’à ne plus savoir quelle était la nature, au juste, de mon occupation et si elle avait un sens…» Pas facile pour le grand-père de s’y retrouver.

Comme nous le ferions avec nos parents,notre personnage fait une visite de la résidence de personnes âgées oû son grand-père habite, avec la même piscine, la chapelle, la cafétéria, la salle d’exercice… Il aimerait bien établir le contact avec lui et faire de cette visite un succès: «Nous avons marché côte à côte en restant silencieux.»

La visite dans le domaine familial est source de tristesse et de nostalgie. L’auteur remet en question le passé: «Après avoir vu qui j’étais, le misérable que j’étais, comment n’aurais-je pas cherché à modifier ma vie?» Qui d’entre nous n’a pas, un jour, regardé ses albums, ses cahiers de jeunesse, et pensé: « si seulement j’avais fait cecije serais peut-être heureux aujourd’hui, je serais peut-être quelqu’un…

Lors de la visite du Loft avec sa copine Véronique, l’auteur met en exergue la différence entre le senti et le vécu. La visite du Loft, l’accès à la propriété, les visites, ne correspondent pas avec les goûts et les attentes de notre héros. La confrontation aura lieu: «Soudain, sans prévenir, elle s’est levée, a pris son manteau et s’en est allée»

Nous embarquons dans l’histoire, dans ses réflexions, dans les actions qu’il va poser en réfléchissant aux actions que nous aurions nous-mêmes posées. Nous sommes un peu déçus que l’histoire se termine si rapidement.

Nous retrouvons au travers de ces nouvelles, un employé qui s’ennuie, qui ne se sent pas valorisé par son travail…et qui se dit capable de faire plus…le côté sombre de l’être. Nous retrouvons l’employé qui rêve à la retraite, qui se sent délivré lorsqu’il l’atteint et qui a la tête pleine de projets. Encore là, une fin triste où l’ennui emportera notre retraité dans la solitude et la mort! Les organisations sont présentées « sans âme», ne parlons ici que de cette étrange société des postes, et les collègues sont présentés comme des personnes qui analysent, jugent et colportent.

Le travail dans la station touristique du grand Nord, la visite au planétarium où l’établissement du contact semble difficile avec le neveu, comme avec le grand-père plus tôt, nous amène dans ce même univers sombre et tracassé.

La lecture de ce premier livre de Renaud Jean nous ramène à la question posée à l’endos de ce livre: «De quoi sommes-nous faits vraiment? Des gestes que nous accomplissons chaque jour ou des rêveries surgies du plus profond de nous, qui affleurent parfois dans notre quotidien? »

Renaud JeanRenaud Jean aura réussi le tour de force, au travers de ses 9 nouvelles, d’alimenter notre réflexion, qui nous permettra de structurer une réponse à cette question…si réponse il y a!

Un auteur à suivre!

Renaud Jean est né en 1982 à l’Annonciation. Il est titulaire d’une maîtrise en études françaises de l’Université de Montréal et a publié des textes dans la revue L’inconvénient.

www.editionsboreal.qc.ca

Crédit photos: Noémie Vaillancourt