Elles XXx: Vulgaire de vérité.

Crédit Photo: Bye Bye Princesse
Crédit Photo: Bye Bye Princesse

La pièce dresse un portrait très critique de l’état de la femme, sa définition et signification. 

Bye Bye Princesse, une formation récemment établie par trois finissants de l’École nationale de théâtre du Canada (ÉNT): Mylène Mackay, Marie-Pier Labrecque et Thomas Payette dévoilent en primeur leur nouveau collectif : Elles XXx présenté au théâtre La Chapelle.  Cette récente alliance a été mise sur pied afin d’alimenter la création à essence féministe.  Avec cette course folle, étourdissante parfois, ils se réapproprient le théâtre afin d’activer l’engagement social grâce à leur franc parler.

Se présentant comme un couple lesbien, les comédiennes débutent la pièce en abattant les préjugés populaires qui entourent le féminisme. Le regard frondeur que portent Mylène Mackay et Marie-Pier Labrecque sur le sujet peut paraître parfois délicat, parfois grossier.  L’on nous présente un séduisant et hétéroclite mélange de théâtre, danse, projections vidéo, poésie et stand up comique.  Assortiment certes expérimental, il se justifie au cour du développement de leur discours.

À travers cet enchainement de numéros, l’on ne suit pas l’évolution de personnages, mais bien d’une idée, voir plutôt d’un questionnement.  Loin de brandir les slogans des années 50, l’on s’interroge ici sur des tendances plus actuelles qui entourent le paradoxe féminin.  L’on veut faire prendre conscience de cette malsaine obéissance aux standards de sur-performance féminine, et ce, de façon non pas moralisatrice, mais plutôt de manière à perturber l’acquis.

L’incertitude créée parmi le public illustre clairement les intentions des artistes, et par le fait même, sur certaines conceptions que détient l’audience.  À mes côtés, plusieurs spectateurs baissèrent les yeux face à certaines scènes crues.  L’inconfort prédominait dans l’assistance, est-ce donc que les interprètes ont réussi à susciter la réflexion sur certains enjeux qui leur sont chers? Du moins, il me semble que c’était le cas.  Ce que je croyais être du sensationnalisme d’abord, je l’ai plutôt compris par la suite comme un sentiment personnel d’embarras.    La pièce prend parfois des airs de bulletins de nouvelles : L’information est vraie, mais l’on veut fermer la télé, car tant de mauvaises nouvelles nous dépriment.

Les personnages interprétés, bien que porteurs de messages à portée sociale, sont souvent de jeunes femmes imbues et écervelées.  Cette constante sur laquelle se sont appuyées les comédiennes apparaît à certains moments redondants.  L’on cherche l’équilibre, un côté moins noir qu’elle pourrait nous présenter, voire une meilleure représentation de cette gente féminine qu’elles défendent.

Ces stéréotypes décriés, elles vous diraient, ne sont pas encouragés par leurs SPM, mais plutôt par leurs colères.  Elles sont en colère du traitement de la femme d’ici et d’ailleurs, de la marchandisation du corps féminin, mais aussi envers elles-mêmes, de leurs propres soumissions aux règles d’un jeu qu’elles désapprouvent.  Comme soutiendrait John Berger: La femme se regarde dans les yeux d’un homme.  Justifiant ainsi le manque de solidarité décrié ici et la détermination de ces femmes à embarquer dans la danse, et surtout, à souhaiter gagner la partie.

Féministes contemporaines, Mylène Mackay, Marie-Pier Labrecque se sont lancées dans un projet qui leur tient évidemment à cœur.  Au théâtre La Chapelle, terrain de jeux des interprètes, celles-ci excellaient autant avec la danse, la comédie que le drame.  On imagine les répétitions longues et ardues. Main d’applaudissement sincère de ma part et de celle de l’audience réunie pour la première du spectacle.  Il ne faut pas être effrayé par le poids de la cause dont elles se portent garantes.  Elles XXx est un spectacle aux mille facettes, comme la femme moderne dont elles font le portrait.

En première mondial du 22 Avril au 3 Mai, théâtre La Chapelle, Montréal.   Une production Bye Bye Princesse. Créée en résidence à La Chapelle.

Textes, interprétation et idée originale : Marie-Pier Labrecque et Mylène Mackay

Mise en scène et conseil à la dramaturgie : Pierre Bernard

Mise en scène et mise en mouvement : Manon Oligny

Conception visuelle et vidéo : Thomas Payette

Conception graphique et site web : Alexandre Boisvert

Assistance à la mise en scène et régie : Andrée-Anne Garneau

Scénographie et costumes : Odile Gamache

Répétiteur : Benoit Rioux

Musique : Gabriel Legault

Maquillage : Jade Bruneau