Cambriolage au Musée!

Artistes pendant l'encan
Artistes pendant l’encan

Le Cercle 179, un regroupement de jeunes professionnels dynamiques dont le but est de valoriser l’art émergent québécois et canadien, tenait hier l’événement Cambriolage au Musée, à l’intérieur des murs du pavillon Charles-Baillargé du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ). Ce pavillon était à l’époque une prison située en plein cœur des Champs-de-Bataille, soit les plaines d’Abraham. Les cachots y sont toujours présents tout simplement pour témoigner de la vie carcérale au siècle dernier.

Cambriolage au musée est une soirée bénéfice au profit de la Fondation du Musée national des beaux-arts du Québec, destinée à recueillir des fonds pour l’agrandissement du musée. Ce projet d’agrandissement a été mis sur pied en 2011 et représente 90 $ millions d’investissement sur 3 ans. À ce jour, 80 % des fonds nécessaires ont été amassés. Ils proviennent principalement des gouvernements provincial et fédéral et de dons du privé. Il est possible d’apercevoir la nouvelle structure en se promenant sur la Grande-Allée. Le nouveau pavillon devrait voir le jour dès l’automne 2015.  Les gens du comité organisateur du Cercle 179 souhaitent que la nouvelle section abrite des œuvres contemporaines, art qui est encore très peu accessible ici, afin de concurrencer la ville de Montréal (où l’on retrouve le Musée d’art contemporain en plus du Musée national des beaux-arts de Montréal) et les grandes villes d’Europe comme Paris où l’on retrouve le Centre Pompidou. La construction d’un tunnel abritant une œuvre murale gigantesque du peintre québécois Alfred Pellan (né à Québec), qui reliera les deux sections du Musée, est également prévue. Le Musée abrite d’ailleurs la plus grande collection d’œuvres d’Alfred Pellan, dont les deux toiles que Stephen Harper a remplacées, il y a quelques mois, par le portrait de la reine Élisabeth II au sein du ministère des Affaires étrangères. Cette histoire a suscité beaucoup d’intérêt dans les médias… Pellan est reconnu pour son art inspiré des périodes du cubisme et du surréalisme. Il est notamment comparé à des artistes internationaux de renom tels que Braque, Picasso et Kandinsky.

Matel
Matel

Dès notre arrivée sur le tapis rouge, nous étions tout de suite imprégnés dans une ambiance cinématographique reflétant celle des années 60 qui rappelle le film L’Affaire Thomas Crown, puisque que des colliers de perles blanches et des rouges à lèvres de couleur fushia étaient distribués aux femmes, tandis que les hommes ont eu droit à un chapeau melon. Cette soirée bénéfice, alliant glamour et réseautage, était destinée à fois aux gens d’affaires ainsi qu’au grand public, mais elle était surtout une occasion en or pour quatre talentueux artistes québécois de se faire connaître d’une manière tout-à-fait originale. En effet, la soirée a pris la tournure d’un encan, puisque les artistes devaient peindre chacun un tableau sur place et le terminer avant la fin de la soirée. Durant ce moment, la clientèle était invitée à miser un certain montant pour obtenir l’œuvre de leur choix. Par la suite, la personne ayant fait la meilleure enchère avait la possibilité de repartir avec la toile remportée la soirée-même. Voir les jeunes artistes peindre était à la fois intriguant et impressionnant, car nous pouvions observer et admirer toute leur créativité et leur talent à travers des œuvres qu’ils réalisaient pas-à-pas sous nos yeux. Nous pouvions également voir les médiums et les techniques qu’ils ont utilisés dans leur processus de création. Ce qui est intéressant, c’est que le style de chaque artiste est différent, mais demeure accessible pour tous, car il s’agit d’art figuratif.  Ces quatre artistes, ce sont Mathieu Laroche, connu sous le nom de « Matel » (spécialisé dans le design de vêtements de snowboard et de skateboard et qui possède également la galerie d’art Morgan Bridge à Québec où l’on peut voir des œuvre de style Street Art), Patrick Beaulieu qui a fondé AVIVE, Cynthia Coulombe-Bégin, dont les œuvres sont exposées à la galerie Factory dans le Vieux-Québec, ainsi que Sandy Cunningham qui expose notamment à la galerie Ni Vu Ni Cornu à Sainte-Anne-de-Beaupré.

L’an dernier, le concept était différent, car les artistes invités devaient commencer leur propre toile et après un certain laps de temps, ils devaient changer de toile et poursuivre le travail des autres artistes présents durant cette soirée. Le résultat final était tout à fait exceptionnel, car même si les styles étaient mélangés, on retrouvait tout de même une cohérence, puisque ces artistes ont créé spontanément une histoire distincte sur chacune des toiles, à travers un agencement d’éléments purement tirés de leur imagination.

Patrick Beaulieu
Patrick Beaulieu

Plusieurs surprises étaient au menu côté gastronomie durant cette soirée. Nous avons pu voir à l’œuvre Gwenvael Lucas, le très talentueux mixologue du Pub du Parvis, qui a composé le meilleur mojito (aux fraises) que j’ai bu de ma vie, avec en prime des acrobaties dignes de celles de Tom Cruise du film Cocktail. Nous pouvions également déguster de délicieux cupcakes provenant de Loukum Cupcake, l’excellent bœuf jerky du steakhouse La Bête (qui possède d’ailleurs sa propre charcuterie à l’intérieur de son restaurant – il est également possible de commander une foule de produits en ligne), des entrées de bonconcinni, proscuitto, pesto et roquette de la sandwicherie Fastoche! et une entrée à la crème et au bacon du restaurant du MNBAQ. Le DJ Darryl Masih était également sur place pour agrémenter l’ambiance. Cette activité se déroule à chaque année depuis quatre ans. La première année, Louis Garneau faisait partie des artistes et la soirée a occasionné des bénéfices de 15 000 $. L’an dernier, la somme était estimée à 32 000 $ environ.

Le Cercle 179, dont le nom est inspiré de l’adresse civique du futur pavillon, a déjà mis sur pied diverses initiatives visant à rassembler, sensibiliser et engager la relève au développement et au soutien de la mission du Musée et de sa Fondation. C’est en voyageant à l’extérieur du pays, que les gens du comité organisateur du Cercle 179 ont réalisé que l’art est moins valorisé au Québec qu’en Europe. En effet, l’art est très intégré dans le mode de vie des Européens, puisqu’il s’agit de l’une de leurs principales richesses culturelles dont ils sont très fiers. Ils en sont conscientisés dès leur enfance, puisqu’ils ont été très sensibilisés à l’importance de connaître les artistes qui ont marqué l’histoire de leur pays dès leur entrée à l’école. Les artistes, que ce soient des peintres, des sculpteurs, des musiciens ou des photographes (et ce, peu importe l’époque), ceux-ci sont très présents et médiatisés dans les différentes villes, musées, églises, bâtisses, etc.

C’est lorsqu’on commence à s’intéresser à l’art en s’informant par exemple des contextes économique et politique des différentes époques qui ont causés certaines prises de conscience chez les artistes à un point tel de dénoncer leur désaccord face à l’autorité à travers une foule de petits détails subtils dans leurs œuvres commandées et achetées par la haute bourgeoisie.  C’est aussi lorsqu’on prend le temps de connaître le vécu et la vision du monde des artistes qu’on peut réaliser vraiment toute la beauté de leurs œuvres, parce qu’ils réussissent à nous transmettre leurs émotions. C’est lorsqu’on découvre les techniques qu’ils ont développées que l’on réalise tout le génie d’artistes tels que Leonard de Vinci, que notre vision du monde devient soudainement différente. Quand on commence à s’intéresser réellement à l’art, nous ne voyons plus les choses qui font partie de notre quotidien de la même manière, car lorsqu’on prend la peine de connaître un artiste, on s’imprègne de son monde et on est capable de le comprendre, à travers sa pensée, grâce à une foule de petits détails que l’on observe à l’intérieur de ses œuvres, même la plus anodine. On commence à aimer l’art abstrait, car on comprend mieux l’artiste à savoir pourquoi il a créé son œuvre de telle façon, on devient plus sensible au monde qui nous entoure.

Je crois que c’est entre autres pour ces raisons que le Cercle 179 souhaite que les jeunes professionnels, entre 25 et 40 ans, développent un intérêt pour les arts. Ce pourquoi ils axent sur l’organisation de plusieurs activités « glamour » qui associent musique, gastronomie et arts pour leur faire réaliser à quel point il est important de prendre davantage conscience du monde qui nous entoure, de tout le talent et toute la richesse culturelle que nous avons au Québec et au Canada. Les gens que le Cercle 179 promeut sont de jeunes artistes québécois et canadien émergents, qui j’espère, sauront rayonner à l’échelle internationale. Le mois passé, le comité a organisé une soirée dégustation de vins rares. La prochaine activité aura lieu cet été et ce sera un pique-nique qui se déroulera directement dans le jardin du Musée national des beaux-arts du Québec. Pour connaître les événements à venir, consulter le site Web ou la page Facebook du Cercle 179.

Crédit photos : Cercle 179 (François Robitaille, photographe)