Jersey Boys: la comédie musicale sur les Four Seasons en parfaite harmonie avec les années 60

Jersey BoysLa tournée nord-américaine de la comédie musicale «Jersey Boys» s’arrête à Montréal pour une semaine seulement, du 6 au 11 janvier 2015.  Racontant l’histoire de Frankie Valli et du groupe «Four Seasons», cette production séduit et accroche par ses chansons connues et par la qualité de ses chanteurs. Ils ont gagné 4 Tony Awards à Broadway (incluant la meilleure comédie musicale) en 2006 et plusieurs autres prix. Vingt millions de spectateurs l’ont vu à Broadway ou en tournée nord-américaine devenant la 13ième comédie musicale la plus jouée sur Broadway.  L’histoire est écrite par Marshall Brickman et Rick Elice, sur une musique de Bob Gaudio avec les paroles de Bob Crewe.

Divisé en quatre parties représentant les quatre saisons, le spectacle est une narration d’événements réels racontant la création du groupe (avec Tommy DeVito au début) jusqu’à la séparation définitive et la chute des «Four Seasons». Chacun des membres du groupe prend la relève pour narrer l’histoire, entrecoupée de chacune de leurs chansons pour illustrer la période. On apprend ainsi plusieurs détails intéressants sur leur histoire, comme la provenance de leur nom «Four Seasons» qui est le nom d’une salle de quilles, et de la grande fidélité entre Franki Valli et Bob Gaudio.

Keith Hines (Nick), Hayden Milanes (Franki), Drew Seeley (Bob) et Nicholas Dromard (Tommy)
Keith Hines (Nick), Hayden Milanes (Franki), Drew Seeley (Bob) et Nicholas Dromard (Tommy)

Cette comédie musicale plaira beaucoup aux amateurs de musique des années 60, surtout ceux qui apprécient les voix qui chantent en harmonie parfaite.  Un lien avec la musique d’aujourd’hui est fait avec une première chanson («Ces soirées là-Oh What a Night») chantée en rap francophone, puis arrive le fondateur du groupe (Tommy) pour nous ramener 55 ans en arrière.  Les voix des quatre chanteurs principaux se mélangent pour sonner comme les Jersey Boys de l’époque.  Celui qui joue Frankie Valli (Hayden Milanes) lui ressemble physiquement, tout comme sa voix dans les aigus (ce qu’on appelle chanter en Falsetto).  Pour un homme chanter en falsetto rend la tâche difficile pour la justesse, mais il y arrive presque tout le temps, en plus d’avoir le timbre nasillard caractéristique de Valli.  Drew Seeley (Bob Gaudio) a la voix qui surprend le plus avec une belle voix juste et bien chaude, autant dans les graves que les aigus.  Il fait de belles nuances en utilisant aussi bien les douceurs de son timbre que la puissance vocale de son belting.

Les deux autres chanteurs principaux, Nicolas Dromard (Tommy DeVito) et Keith Hines (Nick) sont tout aussi bons mais laissent souvent la place à Franky et Bob. Chacun des quatre «Four Seasons» a su développé un personnage bien distinct qu’on sait apprécier à leur juste valeur lors d’une scène finale émouvante où l’on peut entendre leurs cheminements et les raisons de la dissolution du groupe.  Le jeu de Barry Anderson (dans le rôle du producteur Bob Brewe) réussit à nous montrer un gay maniéré mais sans tomber dans la caricature, ce qui ajoute à rendre plus vraie ses scènes.

Sherry
Sherry

La mise en scène simple et des changements de décors rapides permettent un flot continu et rythmée de l’histoire et des chansons.  Un écran LCD géant est utilisé en fond de décor et aussi comme complément aux éclairages bien colorés qui sont superbes (sauf pour quelques erreurs de «follow spot», soir de première oblige).  La présence des musiciens sur scène et faisant partie de l’histoire rend chaque scène et chanson plus crédible.  Malheureusement la formule «narration enchaînée d’une chanson» s’épuise rapidement et on aurait souhaité plus d’énergie et d’originalité dans quelques scènes. Il n’y a aucun grand numéro dansant mais plutôt une suite de scènes et de chansons où les quatre chanteurs sont plantés devant leurs micros ne bougeant pas plus qu’un pas vers la gauche et un autre vers la droite. Sauf pour Franki Valli qui nous exécute quelques pas coupés de grands écarts pendant «Beggin»!  Après quelques lenteurs au début du premier acte (racontant les changements dans le groupe avant l’arrivée de Franki et Bob), l’intérêt monte graduellement avec des succès comme «Cherry» et «Big Girls don’t Cry» qui déclenchent immédiatement des applaudissements.  Quelques numéros méritent d’être vus comme «Walk Like a Man», «Let’s Hang On», «Can’t Take My Eyes Out of You», «Oh, What a Night» et tout spécialement le numéro final «Who Loves You» qui conclut bien avec un grand déploiement scénique.

Walk Like a Man
Walk Like a Man

Pour rendre plus agréable l’histoire, une foule de répliques de style «one-liner» sont insérés pour faire rire les spectateurs.  Tous les succès des «Four Seasons» sont très bien interprétés vocalement et visuellement. Et contrairement aux autres comédies musicales qu’on y présente, la sonorisation de cette salle de la Place des Arts convenait parfaitement à cette production.  Malgré l’absence de grands numéros d’envergure et de chorégraphies élaborées, «Jersey Boys» est un bon divertissement qui vaut le déplacement pour sa musicalité et son style des années 60.

Les bons coups: chansons à succès, chanteurs, rythme, orchestre intégré à l’histoire, style des années 60, éclairages

Les moins bons coups: manque de numéros d’envergure

 

 

Finale
Finale

Équipe de création

Livret: Marshall Brickman et Rick Elice
Musique: Bob Gaudio
Paroles: Bob Crewe
Mise en scène: Des McAnuff
Chorégraphies: Sergio Trujillo

Distribution: Hayden Milanes (Frankie Valli), Nicolas Dromard (Tommy DeVito), Drew Seeley (Bob Gaudio), Keith Hines (Nick Massi), Barry Anderson (Bob Crewe), Thomas Fiscella (Gyp Decarlo), Tommaso Antico (Hank Majewski), Jaycie Dotin (Lorraine), Marlana Dunn (Mary Delgado), De’Lon Grant (Barry Belson), Wes Hart, Bryan Hindle, Austin Owen, John rochette, Leslie Rochette (Francine), Shaun Taylor-Corbett, Kara Tremel, Jonny Wexler, Keith White.

Présenté en anglais à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts du 6 au 11 janvier 2015. Billets disponibles (48$ à 128$) sur http://www.laplacedesarts.com/ ou au 514-842-2112.

Photos: courtoisie de la production et d’Evenko