L’importance d’être constant…. une pièce amusante et mordante de cynisme !

Anne-Élisabeth Bossé, et Maxime Denommée
Anne-Élisabeth Bossé, et Maxime Denommée

C’était lundi soir dernier, 2 février, dans le cadre de la tournée du TNM, qu’avait lieu la seule représentation de la pièce L’importance d’être Constant, à Québec, à la salle Albert-Rousseau.

Cette pièce amusante et mordante de cynisme de Oscar Wilde, qui traite avec finesse des apparences, du mensonge et de la séduction a été ingénieusement mise en scène par Yves Desgagnés et a bénéficié d’une nouvelle traduction de Normand Chaurette ainsi que d’une superbe brochette d’acteurs de grand talent.

Résumé

Algernon (Vincent Fafard) est un jeune homme très bien. Son ami John (Maxime Denommée) aussi, en dépit de sa propension à se faire appeler Constant. John aime Gwendoline(Anne-Élisabeth Bossé,), la cousine d’Algernon, même si dans son porte-cigarette est gravé un mot d’amour d’une certaine Cecily(Virginie Ranger-Beauregard). Mais voici qu’Algernon, décidant lui aussi de se faire passer pour Constant, entreprend d’aller faire la connaissance de ladite Cecily. Évidemment, la catastrophe est imminente, surtout que s’en mêle la redoutable Lady Bracknell (Henri Chassé), impérieuse gardienne des règles de la bonne société.

Le décor avec l'immense tasse de thé.
Le décor avec l’immense tasse de thé.

Dès notre entrée dans la salle, on pouvait prédire que cette pièce aurait une certaine élégance dans son décor et ses costumes, juste à voir le rideau rouge sur lequel semblait être imprimé le titre de la pièce avec le nom de son auteur, en lettres dorées et stylisées. Et quel surprenant décor nous apparaît dès la levée du rideau! Une géante et étincelante tasse de thé de porcelaine dans sa soucoupe, trône au centre de la scène comme élément principal de décor. Les gens s’y promènent tantôt dans la soucoupe, ou même parfois, dans la tasse, elle-même. Et comme la pièce se déroule dans deux endroits différents, à la ville et à la campagne, il a suffi de tourner la tasse de l’autre côté pour en changer le motif sur la tasse et sur la tapisserie de fond de scène qui termine le décor. Génial. Mais ce qui est encore plus fantastique, et qui donne nécessairement l’impression d’être dans un conte d’Alice aux pays des merveilles, c’est d’avoir les accessoires qui vont avec la tasse de thé, comme le sac de thé gigantesque qui sert de coussin à Lady Bracknell, ou encore les 2 gros carrés de sucre, sur lesquels un biscuit Social tea géant est installé pour devenir la table d’étude de Cecily. Finalement, l’immense cuillère qui permet aussi de s’allonger, tel que dans un hamac, est aussi rutilante de beauté.

Au-delà du décor et des somptueux costumes de style victorien, cette pièce est drôle à souhait, avec ses quiproquos, ses répliques savoureusement cyniques, accompagnées de courbettes, de bouffonneries parfois, pour ajouter une fraicheur et une légèreté aux énormités énoncées dans ces dialogues de bourgeois anglais. On y traite d’hypocrisie, de double vie, de mensonges, comme si cela en était des compliments. Le mariage étant la corde au cou assuré, et les apparences beaucoup plus importantes que le ressenti. Avec de tels thèmes aussi déprimants, il était essentiel de mettre de la fantaisie dans la mise en scène, ce que Yves Desgagné a fait avec brio.

Maxime Denommée et Vincent Fafard,
Maxime Denommée et Vincent Fafard,

Et que dire des comédiens qui ont nagé avec aise dans ces eaux troubles de la supercherie et de la fausse galanterie. Le duo Maxime Denommée et Vincent Fafare, les deux menteurs invétérés sont sublimes dans leurs pas de danse (littéralement même à un certain moment), avec chacun leur double vie qu’ils mènent pour mettre du piquant dans leur fade existence.

Virginie Ranger-Beauregard dans le rôle Cecily est délicieuse de joie de vivre, et elle peut pousser une note aiguë à faire glacer le sang. Pour sa part, Anne-Élisabeth Bossé est tout autant fabuleuse dans le rôle de Gwendoline. Elle est coquine à souhait lorsqu’elle déclare son amour à son Constant chéri. Mais c’est Henri Chassé qui vole la vedette, dès qu’il est sur scène, en flamboyante Lady Bracknell qui chuinte et dont les répliques assassines n’ont d’égal de son élégance et sa prestance.

Bref, on passe une agréable soirée, et on ne voit pas le temps passer, si bien qu’après 1 h 45, à la tombée du rideau, on aurait voulu que cela continue encore.

Le quatuor amoureux
Le quatuor amoureux

La dernière ville visitée dans le cadre de la tournée du TNM sera les vendredi 6 et samedi 7 février à Gatineau à la maison de la culture

Texte Oscar Wilde
Traduction Normand Chaurette
Mise en scène Yves Desgagnés
Avec Anne-Élisabeth Bossé, Patrice Coquereau, Maxime Denommée, Vincent Fafard, Richard Lalancette, Virginie Ranger-Beauregard, Henri Chassé, Julie Vincent

 

Scénographie Martin Ferland
Musique originale Catherine Gadouas
Coiffure et perruques Carol Gagné
Costumes Judy Jonker
Accessoires Julie Measroch
Maquillage Jacques-Lee Pelletier

Une production Théâtre du Nouveau Monde

 

Salle Albert-Rousseau
sallealbertrousseau.com

http://www.tnm.qc.ca/

www.mercurecommunication.com

Crédit photo Yves Renaud