Entrevue avec Louane Emera et Éric Lartigau pour le film La Famille Bélier

Louane Emera et Éric Lartigau
Louane Emera et Éric Lartigau

C’est vendredi, le 8 mai prochain, que le film La Famille Bélier, prend l’affiche au Québec. Cet immense succès, acclamé par la critique et par le public en France avec plus 7 millions d’entrées met en vedette la jeune Louane Emera (récipiendaire du César du Meilleur espoir féminin 2015 pour son rôle), ainsi que Karin Viard, François Damiens et Éric Elmosnino! À la fois drôle, émouvant et mélodieux ce nouveau long-métrage d’Éric Lartigau saura toucher le public en plein cœur avec cette histoire d’une famille de sourds, tricotée serrée, dont la jeune Paula sert d’interprète dans la vie courante.

Mon appréciation du film sera disponible sur ce site à partir de vendredi le 8 mai prochain.

Synopsis : Dans la famille Bélier, tout le monde est sourd sauf Paula, 16 ans. Elle est une interprète indispensable à ses parents au quotidien, notamment pour l’exploitation de la ferme familiale. Un jour, poussée par son professeur de musique qui lui a découvert un don pour le chant, elle décide de préparer le concours de Radio France. Un choix de vie qui signifierait pour elle l’éloignement de sa famille et un passage inévitable à l’âge adulte. 

Voici mon entrevue avec le réalisateur et l’interprète principale du film Louane Emera

Louane Emera (Paula)
Louane Emera (Paula)

Louane Emera (Paula)

C’est votre premier rôle au cinéma, vous n’aviez jamais joué avant. En plus, vous avez dû apprendre le langage des signes pour ce film et c’était aussi votre première fois à travailler sur une ferme. Qu’est-ce qui a été votre plus grand défi? « C’était d’apprendre à jouer. Car pour apprendre le langage des signes, comme j’ai de la facilité en langue, du coup, la langue des signes c’était long à apprendre (4 heures par jour pendant presque 6 mois), mais pas difficile. Tandis que d’apprendre à jouer c’était vraiment compliqué pour moi. Mais j’ai adoré ça en fait. » 

Et il était comment, Éric, pour te diriger? « Très vite une complicité s’est installée entre nous deux. Il m’a vraiment aidé et poussé pour réussir. Il m’a donné énormément de conseils. C’est grâce à lui si je sais tout ce que je sais. Mais on a aussi fait appel à une coach de jeu pendant le tournage. »

La chimie entre les 4 membres de la famille Bélier semble très forte. Est-ce que cela s’est installé rapidement entre vous tous? « Elle s’est faite très rapidement. On a eu de la chance d’avoir avec nous Luca Gelberg (qui joue le rôle de mon petit frère), il est vraiment sourd et je m’adonnais très bien avec lui. Et on a eu quelqu’un qui nous apprenait le langage des signes. Pour ce qui est de François Damiens et Karin Viard (qui jouent mes parents), ils sont foncièrement gentils. Ils m’ont accompagnée, aidée, dans mon jeu. Par exemple, Karin entre les prises, elle me disait : Viens Louane, on va dans ma loge, et on va bosser un peu. On va revoir le texte. Moi, je n’avais pas envie, car je suis une ado et je n’ai jamais envie de rien faire. Mais elle avait raison de me trainer ainsi à pratiquer. »

Dans le film, il y a une séquence où tu dois chanter devant ton professeur, et être vraiment nulle. Est-ce que c’était difficile pour toi, qui chantes très bien, de faire exprès pour chanter faux? « C’est compliqué dans le fait que j’ai la chance d’avoir une oreille très juste. Ce qui fait que je chante rarement faux, à moins d’avoir un problème avec le son et ne pas m’entendre. Alors, c’était compliqué de me forcer à ne pas chanter juste, sachant que mon oreille était juste. Mais j’ai réussi quand même »

Vous venez de lancer en France (disponible aussi au Québec) votre premier album de chansons « Chambre 12 ». Est-ce que vous avez écrit certaines chansons, ou musiques? Et quelle est votre inspiration pour écrire? « Sur cet album, il n’y a qu’une seule chanson que j’ai écrite et elle s’appelle AVENIR. Ce n’était même pas prévu en fait que j’écrive sur ce premier album. Et en fait, quand je l’ai écrit, je l’ai envoyé à mes agents Marc et Catherine pour leur proposer la chanson. Et ils l’ont adoré. Pour mon inspiration, je me suis basé sur des peines d’amour de jeunes filles. On en a tous dans notre vie, au moins une fois. »

Et comment s’est fait le choix des autres chansons pour l’album? « Je cherchais à sortir un album qui me ressemble. C’est pour ça que j’ai pris mon temps pour le lancer (2 ans en fait). Les chansons parlent de la vie d’une jeune fille de 18 ans, de l’amour, de l’amitié, de la famille, de la solitude, de l’angoisse parfois, des peurs, d’un peu tout ce qui se passe dans la vie d’une fille de 18 ans quoi. »

Après cette première expérience de cinéma, vous avez l’intention de continuer à en faire ou vous consacrer plutôt à la chanson?« J’ai vraiment envie de faire les deux en fait. J’ai vraiment eu la piqure du cinéma, mais aussi la musique c’est par là que j’ai commencé, toute jeune. Du coup, je ne veux pas avoir à choisir. »

Vous êtes récipiendaire du César du Meilleur espoir féminin 2015 pour ce film qui a plus de 7 millions d’entrées en France. Votre premier album « Chambre 12 », qui s’est classé directement n°1 des ventes en France. Avez-vous l’impression que tout va trop vite pour vous? « Non. Je sais que ça va vite, mais je ne pense pas que ça va trop vite. Après, il faut faire attention c’est sûr, car cela peut être très éphémère en fait. »

Est-ce votre première fois au Québec? Qu’est-ce qui vous a surpris de découvrir à Montréal ou Québec? « C’était la première fois que je traversais l’atlantique en fait. Et à part de découvrir que votre popcorn au cinéma est salé, alors que le nôtre en France est sucré, j’ai été surprise de voir que vos rues sont toutes carrées. Nous, en France, les rues sont souvent en rond. Tandis qu’ici c’est plus souvent des lignes droites. Et aussi, tout est très gros. Les trains et les camions sont énormes comparés à nous. J’aimerais bien revenir au Québec en visite un jour. » 

Éric Lartigau (réalisateur)
Éric Lartigau (réalisateur)

Éric Lartigau (réalisateur) 

Dans ce film, vous avez très bien cerné et démontré la vie de ces gens malentendants. Et je me suis demandé si vous avez fait des recherches sur le sujet pour faire votre film ? «Bien sûr, je me suis beaucoup documenté. J’en ai rencontré aussi des sourds qui vivent autour de nous, mais qu’on connait mal. J’ai aussi une cousine germaine (Mireille) qui est sourde. Donc, je savais ce qu’elle vivait comme d’autres, d’être coupé de beaucoup de choses dans la société à cause de sa surdité. Bien sûr, c’est moins pire maintenant, grâce aux technologies d’aujourd’hui, ils peuvent mieux communiquer.» 

C’est un peu pour cela que vous avez situé l’histoire de cette famille vivant à la campagne, sur une ferme, à l’opposé des autres amis de Paula qui eux demeurent en ville. Cette famille est doublement à l’écart ainsi? « C’est sûr que la campagne faisait en sorte de rendre Paula encore plus indispensable pour ses parents, comme traductrice. Car des sourds dans la ville, ils peuvent avoir plus de ressources, de traducteurs.  Et je sais qu’il en existe des sourds en France qui sont des agriculteurs à la campagne. Et c’est assez particulier, ils doivent travailler dur chaque jour pour se faire comprendre.»

Pour le choix des  acteurs, est-ce que cela s’est fait facilement? Car vous avez des acteurs qui donnent une performance de jeu superbe, que ce soit Éric Elmosnino le prof de chant, Karin Viard qui joue la mère de Paula, etc.« Pour ce film, je n’ai pas écrit le scénario, mais quand je peaufine les dialogues, j’ai cette chance de pouvoir m’imaginer les acteurs qui pourraient incarner ces personnages. Pour le rôle de la mère, je voulais quelqu’un de très volubile, électrique, maitresse femme, de belles rondeurs, très féminine et un peu coquette et Karin m’est tout de suite venue à l’esprit. Pour ce qui est du père de Paula, joué par François Damiens, je voulais un personnage plus taciturne, plus secret. François est un comédien belge qui a une fantaisie, une belle poésie en lui. Pour ce qui est de Éric Elmosnino, il est un grand comédien de théâtre, j’ai pensé à lui tout de suite pour ce prof très coloré. Pour le rôle de Paula, nous sommes allés en casting. Je cherchais une actrice qui pouvait chanter. Et je n’ai pas trouvé. La seule qui était géniale, elle ne pouvait pas vraiment chanter. Et je ne voulais pas tricher et doubler sa voix. Il fallait avoir l’émotion de sa voix. » 

Et là, vous avez trouvé Louane (suite à son apparition à The Voice en France). Pourquoi vous l’avez choisi, en plus de sa voix? « Elle a quelque chose de naturel chez elle, qui n’est pas fabriquée.  J’espère qu’elle va le garder longtemps. Car il se dégage d’elle une émotion très forte, qui n’est pas voulu, ou en fait pas forcé. Il fallait essayer de cristalliser cela à l’écran. Puis, pour le reste, pour jouer, il a fallu travailler et c’est ce qu’elle a fait.  »

Il y a une scène très forte dans le film, lors du concert de la chorale de l’école, où, le spectateur est mis dans la peau des parents sourds. C’est phénoménal comme feeling. «On ne sait pas vraiment nous, c’est quoi que d’être dans leur peau, alors j’ai voulu montrer ce qu’on pouvait ressentir, nous les grandes oreilles, si on nous enlève ce sens. » 

Pour le choix des chansons de Michel Sardou, cela s’est fait dès le départ? « Dans le scénario de départ tout part de la chanson Je vole de Michel Sardou. Car c’est le calque de la vie de Paula, de son trajet de vie. Il fallait que ce soit cette chanson. Et Michel Sardou a bien gentiment accepté que ses pièces soient dans le film. » 

Ce film a plus de 7 millions d’entrées en France et maintenant, on le veut aussi au Québec. Qu’est-ce qui fait en sorte que ce film fasse l’unanimité et plaise autant, universellement? « Le thème de la famille est universel. Observer une famille par le prisme de cette jeune adolescente, c’est intéressant. Car l’adolescence c’est un âge fragile, on est un peu gauche. On a le corps qui se transforme, on trouve tout nul. C’est un âge de transition vers l’adulte et on y passe tous. Donc, on s’y reconnait. Et c’est aussi l’âge où on doit voler de nos propres ailes, couper le cordon et ce n’est pas toujours facile à faire. Mais on y passe tous à cette étape. » 

Est-ce votre première fois au Québec? «Non, c’était ma troisième fois. J’adore la ville de Québec. Elle est variée, vivante, pleine de relief. J’adore le mélange d’architecture. »

Une comédie dramatique et musicale à voir en famille. Un feel good movie pour tous! 

Louane est également chanteuse et vient de sortir son premier album « Chambre 12 », qui s’est classé directement n°1 des ventes en France. (disponible aussi au Québec). Il comprend onze titres inédits dont « Jour 1 » ainsi que  « Avenir » (que Louane a écrite), « Je vole » (bande originale de « La Famille Bélier »), et « Maman » en hommage à sa mère.

La Famille Bélier prendra l’affiche le vendredi 8 mai prochain partout au Québec et sera également disponible en version sous-titrée pour les malentendants.

DURÉE

1h40

ORIGINE

France

DATE DE SORTIE AU QUÉBEC

8 mai 2015

 

ACTEURS

Louane Emera

Karin Viard

François Damiens

Éric Elmosnino

Roxane Duran

Ilian Bergala

Luca Gelberg

Bruno Gomila

 

RÉALISATEUR

Eric Lartigau

 

SCÉNARISTES

Stanislas Carré de Malberg

 

PRODUCTEURS

Stéphanie Bermann

Eric Jehelmann

Philippe Rousselet

 

STUDIO DE PRODUCTION

Jerico

DISTRIBUTEUR AU QUÉBEC

Les Films Séville

Lien de la bande-annonce: 

https://www.youtube.com/watch?v=EmT_LIZuvDg  

crédit photo : Robert Roussel

 

 

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