Le film Antoine et Marie, Un film d’une grande sensibilité et compassion qu’il est nécessaire de regarder !

Antoine et Marie
Antoine et Marie

Produit entièrement par des fonds privés et tourné à Alma, le film «Antoine et Marie» du réalisateur Jimmy Larouche, pose un regard humain et fait amplement réfléchir sur le viol, le GHB et surtout la conscience collective du traitement des femmes victimes de viol. Martine Francke livre une performance de jeu phénoménale. Le film prend l’affiche dès aujourd’hui, le 19 juin.

Mon entrevue avec les artisans du film est disponible via ce lien :

https://info-culture.biz/2015/06/17/entrevue-avec-les-artisans-du-film-antoine-et-marie-qui-prendra-laffiche-le-19-juin-prochain/#.VYHqF9_bKaG

Synopsis

Au lendemain d’un 5 à 7 entre collègues de travail, Marie (Martine Francke) se réveille seule, dans un taxi, sans le moindre souvenir de sa soirée. Que peut-elle répondre à son conjoint (Guy Jodoin) qui la suspecte de l’avoir trompé? Et si Antoine (Sébastien Ricard), livreur de pièces automobiles, possédait la clé de cette énigme… «Antoine et Marie» trace le portrait troublant de deux êtres aux destins séparés, unis à jamais par un même drame.

Jimmy Larouche, dans son premier film la cicatrice, avait porté un regard juste et humain sur l’intimidation et avec ce deuxième film, Antoine et Marie, c’est avec tout autant d’humanité, de respect pour la femme et une grande justesse dans son propos, qu’il aborde le sujet du viol et le GHB.

Martine Francke
Martine Francke

Pour bien illustrer les séquelles d’un tel acte, Jimmy a pris le pari de mettre le spectateur dans la peau de la femme victime de ce crime crapuleux. Et il relève avec brio ce défi qu’il s’est donné. Sans trame sonore pour guider les émotions, le plus souvent dans un total silence, avec seulement des dialogues anodins, et surtout sans jamais montrer l’agression, le public se sent aussi démuni que Marie, joué avec brio par Martine Francke, face à cet acte dont elle n’a aucun souvenir, mais dont elle ressent toute la douleur émotionnelle.

Le réalisateur a voulu faire comme la réalité, demeurer dans le silence, l’incompréhension,  la non-communication, l’absence d’explication, puisque c’est la façon dont réagissent la majorité des femmes victimes d’agressions sexuelles. De plus, lorsque finalement Marie dénonce, Jimmy n’hésite pas à dresser un portrait peu reluisant et réaliste de notre société qui juge trop souvent les victimes plutôt que de les soutenir. Ce constat fait en sorte d’amener chez le spectateur, au sortir de la salle, un sentiment de malaise et une réflexion sur ce sujet tabou trop peu souvent abordé.

Sur le lac avec Guy Jodoin
Sur le lac avec Guy Jodoin

Martine Francke s’est très bien renseignée sur le sujet du viol et des conséquences sur ces victimes. On sent qu’elle porte en elle toutes les douleurs de ces femmes qui sont trop nombreuses à avoir subi ces agressions. On la voit, femme sensuelle, bien dans sa peau, au tout début du film et peu à peu, on la sent devenir peureuse, moins sûre d’elle. Le sentiment de culpabilité la traverse également, suivi d’une colère et finalement, la décision de porter plainte, qui ne se fera pas sans douleur, là non plus. Une des scènes les plus difficiles à regarder à mon avis, c’est le moment où Marie tente de refaire l’amour avec son mari, après les événements. Une scène remplie de douleur qui nous atteint en plein cœur.

Sébastien Ricard pour sa part, incarne Antoine, un homme comme il en existe, bien malheureusement, qui ne sait pas communiquer ni s’affirmer avec une femme. Il a une relation malsaine avec le corps de la femme et il déverse sa colère et son incapacité à communiquer à travers ses pulsions malsaines. Grâce à la générosité de son jeu,  on ne peut haïr complètement son personnage, car il sait lui donner une humanité qui fait en sorte qu’on le prend plus en pitié qu’en haine.  On comprend qu’il a lui aussi des douleurs et des peurs.

Sébastien Ricard
Sébastien Ricard

Le tournage s’est déroulé à Alma et Jimmy Larouche a utilisé pleinement du décor naturel, des paysages de l’endroit pour ajouter à ses émotions. La plénitude du lac, de toute beauté, la maison d’Antoine, isolée de tout.  Le réalisateur a également utilisé les bruits au lieu des mots bien souvent pour faire parler ses personnages. Par exemple, lorsqu’Antoine tond sa pelouse, sa grande frustration, sa colère et sa peine ressortent dans le bruit de la tondeuse qui s’acharne sur le gazon.

La distribution de soutien est également digne de mention. On y retrouve entre autres Guy Jodoin (qu’il est plaisant de voir dans un rôle plus dramatique), Isabelle Blais, Pierre-Luc Brillant, Dino Tavarone, Alexandre Goyette et Véronique Perron (une jeune comédienne avec beaucoup de talent).

À la toute fin du film, le public ne peut que demeurer assis, en pleine réflexion et tout en émotion devant ce grand film qu’il vient de recevoir en plein cœur. Et quoi de plus magique que d’écouter en même temps la chanson du générique, Stay Tonight du groupe montréalais Dear Criminals. Une pièce qui est sublime et va parfaitement avec l’état d’âme dans laquelle on est plongé.

Un film d’une grande sensibilité et compassion qu’il est nécessaire de regarder !

Pour la galerie de photos lors du tapis rouge au cinéma Cartier :

https://www.flickr.com/photos/infoculturephotos/sets/72157654260343308#sthash.SbpFNM01.dpuf

Véronique Perron
Véronique Perron

Antoine et Marie a obtenu le Grand Prix Focus du Festival du Nouveau Cinéma, à Montréal, l’automne dernier. Il a aussi remporté un « Rising Star Award » au Festival international de film du Canada et a été sélectionné en compétition au Festival Cinequest, en Californie.

Ce film a été tourné à Alma, sans l’aide des institutions subventionnaires, avec une somme de 400 000 $ et surtout le soutien de plusieurs commerçants et de la population locale.

Le film Antoine et Marie est associé aux centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS).  À Tire-d’Aile CALACS était présent lors des premières médiatiques, afin de présenter sa mission au public. Une cueillette de dons a été effectuée et des projections spéciales d’Antoine et Marie seront organisées par la suite. En plus d’offrir de la visibilité à CALACS, tous les revenus de ces projections seront remis à l’organisme.

Une campagne promotionnelle innovatrice et originale a été conçue pour la sortie en salle du 2e long métrage de Jimmy Larouche. En effet, les billets pour assister aux séances du film ont été mis en prévente et, sur présentation de leur coupon de cinéma, les spectateurs obtiennent une consommation gratuite dans un des établissements partenaires. De plus, 30 000 sous-verres ont été distribués dans de nombreux bars à travers le Québec afin de sensibiliser les gens au danger du GHB (drogue du viol).

Le film est pour les 16 ans et plus

Scénario et réalisation
JIMMY LAROUCHE

Producteurs
DAVID-OLIVIER ST-DENIS
PATRICIA DIAZ
JIMMY LAROUCHE

Direction de la photographie
GLAUCO BERMUDEZ

Direction artistique
JOËLLE PÉLOQUIN

Conception sonore
ANDREAS MENDRITZKI

Costumes
MARILYNE GARCEAU

Montage
MATHIEU DEMERS

Producteurs exécutifs
ÈVE-MARIE OUELLET
VILLE D’ALMA
PASCAL PILOTE
STÉPHANE HARVEY
FRÉDÉRIC BLANCHETTE
MATHIEU DEMERS
THANH-NAM PHAM

Production
ANTOINE ET MARIE FILM

Distribution au Canada
ALMA FILMS

 

Site Internet: http://www.calacslevis.org

site Internet officiel antoineetmarielefilm.com

Facebook : https://www.facebook.com/calacs.tiredaile?fref=ts

Crédit photos : courtoisie