Une raclette à l’Usine C : yeux et oreilles chastes, s’abstenir…

Une raclette © Photo de courtoisie
Une raclette © Photo de courtoisie

Explorant toutes les avenues de la « non-communication », la compagnie Les Chiens de Navarre offrent le spectacle des plus délirants d’une convivialité assez particulière. Audacieux, provoquant et drôle, le mauvais goût est poussé tellement loin que l’on ne peut qu’en rire. Et l’on rit beaucoup durant cette heure trente et quelques de spectacle, parfois de bon cœur, parfois un peu jaune mais, toujours, avec de grosses surprises au rendez-vous.

Huit acteurs réunis autour d’une table se transforment en huit voisins pour une pendaison de crémaillère – la fameuse raclette… -, puis en amis un soir de Saint-Sylvestre et en vieilles connaissances lors d’une partouze pour finir en un pseudo-colloque intellectuel, où dans toutes ces situations nul n’est intéressé par personne que lui-même.

Car le point commun de toutes ces réunions est la pure et simple non-communication.

Chacun des différents temps du spectacle est l’occasion d’une performance dont certaines frôlent le génie. Au début ce ne sont pas les spectateurs qui attendent le lever du rideau mais les acteurs, impatients, qui font l’appel comme dans une salle de classe. Et cela donne l’occasion d’un numéro incroyable de discours en langage des signes des malentendants qui à lui seul mérite le déplacement. Pour la pendaison de crémaillère, seules les banalités, les clichés, les pseudo-opinions politiques et les propos plus ou moins racistes se font entendre. La conversation du maître de maison avec sa mère au téléphone est un dialogue de sourd qui en dit long. Et peu à peu les discours dégénèrent en monologues sur des anecdotes qui n’intéressent personne d’autre que celui qui parle. Le tout est émaillé de colères, de bagarres, de brutalités, de sexe et de viol avec l’apparition de personnages étranges et hors de propos.

Tout ce qui se dit et se fait entre ces personnages et le public a pour seul point commun la négation de l’autre. Narcissisme total où l’autre n’existe pas et peut être ignoré jusqu’à être découpé en morceaux, mangé et conservé en partie pour être utilisé comme support à crayons sur un bureau.

Une raclette © Photo de courtoisie
Une raclette © Photo de courtoisie

Le délire est total. Même la scène du théâtre se délite et tout le monde ou presque finit à poil en provoquant les spectateurs abasourdis et quelque peu gênés.

De l’absurde, du rire paradoxal, de la provocation, du mauvais goût bien contrôlé, les Chiens de Navarre prennent de gros risques mais réussissent leur coup. On rit beaucoup pour cette raclette, ce qui n’était pas gagné d’avance…

Une raclette à l’Usine C du 23 au 26 septembre 2015

Mise en scène Jean-Christophe Meurisse

Avec Caroline Binder, Céline Fuhrer, Robert Hatisi, Manu Laskar, Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin, Maxence Tual, Jean-Luc Vincent, Antoine Blesson et/ou Léa Couqueberg

Informations : http://usine-c.com

Abonnez-vous à notre page Facebook https://www.facebook.com/pages/wwwinfo-culturebiz/333777077846

Suivez-vous sur Twitter https://twitter.com/info_culture