« Juxtapose » et « Naïve », le féminisme comme on l’aime

 Juxtapose © Sigel Eschkol
Juxtapose © Sigel Eschkol

Juxtapose de Cecilia Moisio

Drôle, intelligent, loufoque et jubilatoire, Juxtapose est l’œuvre de l’étonnante et géniale chorégraphe et danseuse Cecilia Moisio. Née en Finlande en 1978 et installée aux Pays-Bas depuis 1997, Cecilia Moisio qui a reçu de nombreux prix est à suivre absolument dans sa carrière. Son spectacle présenté au Monument National à Montréal à quatre reprises seulement est à ne surtout pas manquer.

Avec Katarzyna Sitarz, Cecilia Moisio propose une œuvre de 65 minutes dans laquelle les deux artistes dansent, bien sûr, mais aussi chantent, déclament, jouent et s’expriment jusqu’à la folie pour livrer au public une étonnante performance sur la problématique de la Femme avec un grand F.

Une femme doit-elle seulement être féminine, souriante et bien arrangée jusqu’au bout des ongles, bonne ménagère et gracieuse, ou la société attend-elle autre chose de sa part ? Certains savent-ils au moins qu’existe une personne derrière chaque femme, même si elle est masquée par tous les stéréotypes que véhicule la société ? Comment la femme peut-elle concilier des rôles aussi différents qu’une féminité extrême et une certaine assurance qu’on attribue plutôt aux hommes ?

Dans un tourbillon de chansons, de paroles, de jeux de scène, avec de magnifiques chorégraphies parfaitement réalisées, le spectacle va crescendo de l’image de la femme qui ne se soucie que de son aspect physique pour plaire à l’homme de sa vie, à celle de ses vrais combats extérieurs et intérieurs, pour à la fois répondre à cette nécessité sociale de plaire et faire valoir ses si nombreuses autres dimensions.

Le spectacle est d’une richesse étonnante, mettant en contexte le combat des femmes dans les années 60 par des chansons, des musiques et des clins d’œil au cinéma de l’époque. Or très progressivement, avec certains à-coups, cette image de la femme parfaite ne tient plus et le spectacle dégénère. Puisque leur combat n’est pas entendu, les danseuses haranguent le public, s’agitent, tentent de se comprendre elles-mêmes à travers un jeu de miroir pour finalement se laisser totalement aller avec une ironie folle, et pour le plus grand plaisir et amusement du public. Un seul petit bémol peut-être, le texte entièrement en anglais aurait mérité une traduction disponible en français.

Naïve de Gabrielle Bertrand-Lehouillier

En première partie de Juxtapose, la performance de 30 minutes de la jeune danseuse Gabrielle Bertrand-Lehouillier aborde elle aussi un aspect de la féminité.

Gabrielle Bertrand-Lehouillier est une très jolie danseuse pleine de grâce, dont le regard perce le public tout en jouant sur une maladresse feinte dans les gestes. La naïveté et l’innocence de la jeune fille bcbg entre aussi dans certains de nos clichés. Mais voilà qu’après avoir bu un petit verre de vin blanc, quelque chose de plus authentique apparaît. La danseuse s’abandonne et sa timidité s’envole.

Juxtapose et Naïve, deux spectacles proposés du 21 au 24 janvier 2016 par Tangente au Monument National à Montréal

Informations : www.tangente.qc.ca/index.php

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