
Logée à l’Hôtel 71, la Galerie Vincent et moi a été inaugurée ce 28 juin. Elle se distingue de par la cause qu’elle soutient et les artistes qu’elle accueille : des artistes d’exception et de talent vivant avec une maladie mentale.
L’ouverture officielle marque également le 15e anniversaire du programme d’accompagnement Vincent et moi et le 10e anniversaire d’exploitation de l’Hôtel 71, charmant établissement situé dans le quartier des galeries d’art du Vieux-Port de Québec.
Quand on vit avec une maladie mentale, on ne fait pas nécessairement de l’art-thérapie ou de l’art pour se guérir, il est possible de s’affirmer et de s’exprimer comme véritable artiste, affirme François Bertrand, directeur artistique du programme Vincent et moi, mis sur pied en 2001 à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec, aujourd’hui CIUSSS de la Capitale-Nationale.
La directrice générale de l’Hôtel 71, Susan Wilkinson, a totalement embrassé ce point de vue, convaincue depuis toujours des bienfaits collectifs de l’art au quotidien. Il n’en fallait pas davantage pour que son établissement pose des gestes concrets de soutien et d’encouragement envers ces artistes ! Ainsi, deux salles ont été transformées en vitrine permanente d’exposition et de diffusion et une partie des recettes sera versée aux programmes philanthropiques Vincent et moi et à la Fondation de la Famille Gilbert, contribuant du coup à leur pérennité.
Pour sa toute première exposition, la Galerie Vincent et moi à l’Hôtel 71 propose au grand public de découvrir une trentaine d’œuvres, s’apparentant à l’art contemporain, à l’art conceptuel et à l’art brut. Vous verrez, tout comme moi, vous serez touchés par les œuvres singulières de Benoît Genest Rouillier, Richard Jolivet, Karine Labrie, Johanne Vallée et Ann Warren.
Je vous les présente :

BENOIT GENEST ROUILLIER
Voici un peintre qui cherche, à chaque instant, l’équilibre dans son travail qu’il aborde comme une chorégraphie où le rythme, les répétitions et les accents toniques peuvent se comparer à une partition musicale. Influencé par les expressionnistes abstraits et les peintres figuratifs, Benoît Genest Rouillier déploie, sur ses toiles, une énergie et une intensité qui interpellent le spectateur grâce à la charge émotive qu’elles contiennent. L’artiste cherche à exprimer la part de chaos qui l’habite, à lui donner une forme et un sens qui soient lisibles et recevables par le public. Chaque toile se pose alors comme une expérience unique qui confronte le spectateur à son propre monde intérieur.

Inspiré par le travail des artistes Enki Bilal et H.R. Giger, Richard Jolivet a développé un style et une technique qui lui sont propres grâce à une utilisation virtuose de l’aérographe et l’intégration d’acrylique. Sa démarche, très rigoureuse, comporte des aspects importants de recherche, que ce soit au niveau des techniques, de la composition ou de l’assemblage de différentes parties de l’œuvre. Son travail nécessite une bonne part d’intégration avant que l’œuvre ne voie le jour. Jolivet crée des univers singuliers et équivoques s’approchant parfois de la bande dessinée, des histoires fantastiques et de la science- fiction. Avec ses propositions inusitées, l’artiste cherche à surprendre, à déstabiliser le spectateur en lui proposant une aventure, une perspective différente sur l’imaginaire.
KARINE LABRIE
Au cœur du travail de Karine Labrie, le vêtement règne. Des personnages féminins, issus d’une autre époque, sont l’écrin et le faire-valoir d’une garde-robe royale, opulente et extravagante. Pour donner forme à cet univers, elle multiplie les lignes, les motifs et les éléments graphiques qui s’accumulent, se superposent et s’entrecroisent pour former des textures, des volumes et un travail d’ornementation inouï. L’utilisation d’une seule couleur, le noir ou le bleu, amplifie le détail des tissus et le travail d’ornementation. Il en résulte des œuvres complexes, chargées et vibrantes, qui témoignent de son univers singulier. Souffrant de surdité depuis son jeune âge, le dessin représente pour Karine Labrie un véritable un outil de communication.
JOHANNE VALLÉE
Johanne Vallée (Ruby) est une artiste autodidacte toujours en pleine exploration. Elle est inspirée autant par la beauté de la nature que l’énergie humaine. Après s’être exprimée par l’écriture et la mosaïque, la peinture l’invite à toujours innover selon les couleurs qui l’attire dans le moment présent. Passionnée par l’abstraction, elle recherche l’équilibre. Elle se laisse guider au fil des formes et des couleurs proposant des œuvres uniques selon son état d’esprit. L’artiste en est à son quatrième collectif.

ANN WARREN
Depuis son enfance, Ann Warren a dû composer avec la surdité et dès l’âge de dix-sept ans, elle avait déjà décidé d’une carrière, une carrière qui lui permettrait de s’exprimer par l’image. Ann Warren ne s’inscrit dans aucun mouvement artistique et n’a de cesse que d’explorer de nouvelles avenues. Elle s’oriente vers la création d’œuvres alliant réalité et abstraction des êtres et des choses. L’artiste expose ses œuvres depuis plus de trente ans. Elle a participé à de nombreux collectifs et a réalisé une vingtaine d’expositions individuelles, dont une rétrospective à l’automne 2014, au Musée de Charlevoix. Ses œuvres font partie de collections privées et publiques au Canada, aux États-Unis et en France.
Somme toute, le talent, la passion et la constance du travail acharné ont aujourd’hui porté fruit. L’espoir aussi ! Souhaitons que l’ouverture de cette nouvelle galerie d’art « grand public » contribue à « humaniser » la perception de la maladie mentale dans la collectivité et, surtout, qu’elle participe à la reconnaissance (fort méritée !) de la contribution artistique et culturelle des artistes de Vincent et moi !
Ne manquez pas l’occasion de vous émouvoir !
Où : Galerie Vincent et moi
Hôtel 71 – Salles Vieux-Port et Saint-Pierre
71, rue Saint-Pierre, Québec, G1K 4A4
Quand : Tous les samedis et les dimanches de l’été 2016 – de 11 h à 19 h, en présence des artistes !
www.institutsmq.qc.ca/en/programme-vincent-et-moi/index.html