Fire Lake, ville minière, 1986, présenté au Théâtre Périscope, Maxime Allen signe un texte fort des plus émouvants, lucide et d’une grande sensibilité, sur un sujet complexe et une triste réalité.

Fire Lake, ville minière, 1986,
Fire Lake, ville minière, 1986,

Fire Lake, ville minière, 1986, du Théâtre Niveau Parking (TNP) prend l’affiche au théâtre Périscope du 8 novembre au 3 décembre. Une réflexion sur les drames humains à petite et grande échelle. Un retour dans le temps, en 1986, pour suivre l’histoire de deux familles qui devront survivre à la fermeture de leur ville.

Résumé

1986, Rivé à l’écran, le monde entier assiste au décollage de la navetteChallenger. À son bord se trouve la première enseignante à faire le voyage. Dans les écoles des États-Unis, enfants et professeurs sont réunis autour des téléviseurs lorsque 73 secondes après le décollage, la navette explose.

1986, quelque part dans une ville minière désertée du Québec, les derniers habitants se souviennent. De l’effondrement de la mine 11 ans plus tôt. De ceux qu’ils ont perdus. Mais il y a aussi ceux qui restent.

À quelques mois de la fin d’un monde, on retrouve des personnages qui s’accrochent à ce qu’ils peuvent pour survivre au déracinement : les souvenirs, un enfant, un amour, la promesse d’un avenir meilleur… Et au milieu d’eux, comme épicentre à la tragédie, il y a Joseph, adolescent désœuvré qui cherche tant bien que mal sa place sur la terre.

Vincent Nolin-Bouchard et Marie-Pier Lagacé
Vincent Nolin-Bouchard et Marie-Pier Lagacé

Inspiré par un accident minier qui a fait 12 morts, en 1947, à Malartic, et par la fermeture de la ville de Gagnon, en 1985, Maxime Allen signe un texte fort des plus émouvants, lucide et d’une grande sensibilité, sur un sujet complexe et une triste réalité. Ses monologues et dialogues sont percutants. Il réussit à mettre en mots des émotions intimes difficiles à exprimer. Et les acteurs sont d’une crédibilité sans faille dans leur interprétation de ces personnages résilients. Ce texte aux images très évocatrices demeure en nous bien longtemps après notre sortie de la salle de spectacle.

J’adore l’idée de l’auteur de mettre en scène cette histoire plutôt intimiste de deux familles et d’une fermeture d’une petite ville peu connue, qui n’affecte que peu de gens, et d’avoir en toile de fond, des événements grandioses qui intéressent grandement le monde, comme l’explosion de la navette Challenger et la victoire des Canadiens de Montréal pour la coupe Stanley. Le contraste est flagrant. Une tragédie internationale que tout le monde parle, soutient, s’émeut, alors que personne ne se soucie ni ne vient en aide à ces habitants de Fire Lake qui vivent seuls leur drame, invisible au reste du monde.

Paule Savard et Marie-Pier Lagacé
Paule Savard et Marie-Pier Lagacé

Dans cette pièce, Maxime Allen donne la parole à une grand-mère, qui est née en même temps que la mine, en 1915. Elle a tout vu, tout entendu, tout vécu avec cette ville. La scène d’ouverture de la pièce est très poignante et nous laisse bouleversés, avec les trois comédiennes qui racontent les événements survenus depuis l’ouverture de la mine et surtout ce qui est arrivé pour ces deux familles, un certain soir de 1975, qui va chambouler leurs vies à jamais.

Tout au long de la pièce, le public est témoin des efforts que ces gens font pour survivre aux drames, d’abord celui de 1975, puis en 1986, à la décision de fermer leur ville. On les voit s’accrocher à ce qu’ils peuvent, pour survivre. Ils ont besoin les uns des autres pour s’accrocher. On les voit se confronter, s’affronter, se motiver, se convaincre de survivre au déracinement. Et au final, on ressort de cette salle avec l’espoir qu’avec de l’amour et de la résilience, on peut passer à travers tous les drames.

Les deux adolescents
Les deux adolescents

Au niveau de la mise en scène, Lorraine Côté a fait preuve d’une très grande ingéniosité qui sert extrêmement bien cette histoire racontée et ce texte fabuleux de Maxime Allen. Tout d’abord, le décor est vraiment très bien pensé. Construit sur deux étages, on retrouve deux pièces dans la maison. Il y a une chambre, avec seulement un matelas pour l’identifier et un salon avec une chaise et l’écran qui sert à la fois de télévision pour mettre en toile de fond les événements marquants qui sont retransmis à la télé, et qui sert aussi à marquer les années dans certains monologues. Il y a ensuite un escalier qui nous mène à l’extérieur, dans la forêt ou ailleurs. On retrouve également la représentation de la ville en miniature, avec des petites maisons en bois, qui disparaissent, au fur et à mesure que la ville se fait raser. Ce sont des images fortes que l’on voit, quand on se rend compte qu’il ne reste que deux maisons par exemple.

Avec des éclairages intimistes savamment pensés, (petite maison illuminée que l’on tient dans la main, éclairage du fond de la scène pour les moments dans le bois, ou près du chemin de fer), les moments intimes entre les divers personnages sont intensifiés par cette ambiance feutrée.

les petites maisons illuminées
les petites maisons illuminées

Au final, cette histoire, ces drames humains qui nous sont racontés, nous atteignent en plein cœur. L’ovation debout qui a suivi la fin de la pièce montre à quel point les gens ont été émus, touchés et sont tombés en amour avec ces personnages et leur histoire.

Du 8 novembre au 3 décembre 2016

Mardi et mercredi à 19 h
Jeudi et vendredi à 20 h
Samedi à 16 h

Durée du spectacle : 1h45

Texte

Maxime Allen

Mise en scène
Lorraine Côté

Assistance à la mise en scène
Simon Lemoine

Décor et accessoires
Christian Fontaine

Costumes
Dominique Giguère

Éclairages
Laurent Routhier

Environnement sonore
Yves Dubois

Vidéo
Eliot Laprise

Compagnie
Théâtre Niveau Parking

 

Distribution

Véronika Makdissi-Warren

Serge Bonin

Marie-Pier Lagacé

Vincent Nolin-Bouchard

Paule Savard

https://www.theatreperiscope.qc.ca/

http://www.theatreniveauparking.qc.ca/

Crédit photos : Nicola-Frank Vachon