« La vie littéraire », vue et dite par Mathieu Arsenault au théâtre La Chapelle à Montréal

La vie littéraire © Simon Dumas
La vie littéraire © Simon Dumas

Pas une seule virgule dans les textes que Mathieu Arsenault propose dans son recueil La vie littéraire (publié chez Le Quartanier en 2014). Et quand il en déclame le contenu (sans l’aide d’aucune note, bien sûr), à toute vitesse, avec une diction parfaitement limpide, on se demande comment il arrive à respirer. Dans un monologue d’une virtuosité sans égale, avec pour seuls jeux de scène sa manière de fixer le public dans les yeux, les différents mouvements de son micro qui modifient la tonalité de sa voix, ses mimiques et toute la gamme d’émotions qu’il arrive à faire ressentir à tous ceux qui l’écoutent subjugués, l’écrivain, acteur, performeur, fait passer son message avec humour, intelligence, légèreté et aussi gravité, avec ironie, cynisme mais aussi gentillesse et sans jamais, surtout, se prendre très au sérieux.

Seul sur scène donc, Mathieu Arsenault interprète oralement le rôle d’une jeune femme dans la vingtaine, qui se présente sous son meilleur jour « amusante et spirituelle et attendrissante et vulnérable et sexy et intello mais pas compliquée »…, qui veut devenir écrivaine mais qui est prise dans le tourbillon d’Internet, des médias sociaux, de l’insignifiance au sein d’une planète qui compte sept milliards d’individus, des stars du cinéma et de la télévision, et qui participe à ce véritable étourdissement qui s’emballe comme une machine folle que plus personne n’est capable de maîtriser même un peu.

Après une dizaine de minutes, Mathieu Arsenault ralentit légèrement son rythme, et l’on croit que c’est parce qu’il a démarré trop vite et qu’il a besoin de reprendre un peu son souffle. Mais pas du tout. Déjouant sans arrêt les attentes du public, le voilà qui reprend à un rythme encore plus rapide et toujours aussi clair et limpide. Il faut l’entendre pour le croire. Au bout de 45 minutes à cette cadence indescriptible, le spectacle est terminé et laisse les spectateurs conquis.

La vie littéraire © Ruelens-Lepoutre
La vie littéraire © Ruelens-Lepoutre

Mais le spectacle est-il réellement fini ? Là encore dans son désir de déjouer les attentes, et après les applaudissements, Mathieu Arsenault laisse les spectateurs pressés quitter la salle de spectacle. Il est censé revenir pour répondre aux questions, dans une discussion souvent organisée dans différents théâtres. Et là, c’est comme un deuxième show, un peu différent du premier, mais peut-être encore plus drôle et insolite auquel tous ceux qui ont eu la bonne idée de rester ont le plaisir d’assister.

Mathieu Arsenault est sans nul doute un auteur à lire, mais il est aussi et surtout un acteur à aller applaudir sur scène quand il offre ainsi la performance de ses propres textes plein de génie qu’il déclame avec un talent vraiment incomparable.

La vie littéraire, du 22 au 31 mars 2017, au théâtre La Chapelle à Montréal

De et avec Mathieu Arsenault

Collaborateurs Christian Lapointe, Simon Dumas

Répétiteur Jocelyn Pelletier

Production Rhizome

Coproduction Théâtre Blanc, Maison de la Littérature

Avec le soutien de Recto-verso

Assistant and stage manager Lola Tillard

Information : http://lachapelle.org/fr