Pivot, de Dre Marie-Ève Cotton, un roman qui s’inspire de ses expériences comme médecin psychiatre.

Pivot
Pivot

Après avoir passé plusieurs années comme psychiatre auprès des Inuits à Kuujjuaq, la Dre Marie-Ève Cotton a publié récemment son premier roman : Pivot, qui s’inspire de ses expériences comme médecin psychiatre.

Résumé

Dans l’unité psychiatrique de l’hôpital Sainte-Marie, à Montréal, Hadrien Jalbert, alias Pivot, attend la fin d’un énième enfermement injustifié manigancé par l’organisation secrète qui le persécute depuis des années. Ses compagnons d’infortune, eux, sont bel et bien fous. Il y a Jésus, un jeune Haïtien persuadé d’être le Christ, le Chat de ruelle, clochard sans âge qui converse avec des gnomes invisibles, Jonathan Livingston, interné après avoir voulu s’envoler du pont Jacques-Cartier et, surtout, Mary, une Inuite du Nunavik hantée par les mourants qu’elle entend hurler dans les murs. Pivot, qui doit son surnom à son éloquence, ne trouve pas les mots pour la réconforter. Quand Jésus arriva à sa hauteur, Pivot détourna le regard pour éviter toute interaction. Il n’en était pas à son premier Christ, et il savait d’expérience que les discussions avec n’importe lequel des membres de la Sainte Trinité n’étaient jamais reposantes.  

Avec ce premier roman, on découvre la plume recherchée et imagée d’une nouvelle auteure. Elle sait nous décrire l’unité psychiatrique de l’hôpital Sainte-Marie avec beaucoup de détail et on a vraiment l’impression de s’y promener en compagnie de tous ces personnages des plus colorés qu’on y rencontre.

Pivot, le personnage central du livre est schizophrène. Pour ceux qui ont déjà vu le film un homme d’exception, vont reconnaître un peu la même folie qu’avait le personnage John Nash. Il croyait à un complot et il voyait des messages codés dans l’interprétation des découpures de journaux par exemple. Pivot est semblable à ce personnage, puisqu’il se croit poursuivi par le Système, qui a tué sa mère entre autres. Peu à peu, on apprend à connaître ce Pivot, et on essaie de comprendre ce qui a pu déclencher cette folie.

On rencontre aussi Mary, une Inuite qui entend des voix de gens qui souffrent, qui sont pris et elle voudrait les sauver, les faire arrêter de crier à l’aide.

 Il y a toute une panoplie de personnages que l’on rencontre et dont on découvre les divers degrés de folies et comment ils se manifestent.

Personnellement, je trouve ce roman bien instructif, sur la manière que ça se passe dans une unité psychiatrique, et je vois bien que le travail de ces gens, que ce soit les psychiatres, ou autres employés, est vraiment complexe et ardu. Malgré cela, je trouve ce roman bien déprimant à lire. Avec tous ces personnages que l’on suit et qui n’ont pas vraiment de porte de sortie. C’est dur sur le moral, disons-le.

Voici un extrait qui m’a vraiment bouleversé, et déprimé : «Personne ne hait la folie autant que les fous. Quand ils émergent de leurs délires, quand ils se  retrouvent ni dieu ni homme-oiseau, les psychotiques réintègrent la petitesse de leur humanité et doivent faire face à tous les gens en présence de qui ils se sont comportés de manière farfelue. Ils en ressentent une humiliation que personne ne peut comprendre, et lutter contre cette honte est une guerre harassante. C’est pourquoi bien des fous choisissent en toute conscience de retourner vers l’illusion. Ils crachent alors leurs pilules pour redevenir invulnérables et omnipotents. Ou ils se tuent. Il n’y a que dans leur folie ou dans la mort que les fous échappent vraiment au dégoût de leur état. »

Avec des sujets comme la détresse, le suicide, l’enfermement, la condition autochtone, et la maladie mentale sous toutes ses formes, ce livre n’est pas des plus joyeux. Comme je préfère de beaucoup lire pour me détendre, me divertir, ou m’instruire, je pense que ce livre n’était pas vraiment pour moi, malgré que j’en ai appris beaucoup sur un sujet que je connaissais peu.

Marie-Eve Cotton
Marie-Eve Cotton

Marie-Eve Cotton est médecin psychiatre. Elle exerce à Montréal et au Nunavik. Pivot est son premier roman.

 Prix 26,95 $

248 pages

Parution : 2017-03-29

Édition VLB éditeur

http://www.edvlb.com/