« Molière, Shakespeare et moi » pour le 375e de Montréal

Molière, Shakespeare et moi © Photo de courtoisie
Molière, Shakespeare et moi © Photo de courtoisie

Nous ne sommes pas en 2017 mais en 1757. Thomas Beaubien, un auteur de théâtre dont l’histoire littéraire a totalement oublié non seulement l’œuvre théâtrale mais jusqu’au nom, reçoit la commande d’une pièce pour célébrer le 115e anniversaire de Ville-Marie. « Derrière chaque grand homme s’en cache un beaucoup plus petit » dit l’un des personnages… Le pitch ressemble à s’y méprendre à la genèse de la pièce commandée par le Théâtre du Rideau Vert à Emmanuel Reichenbach pour le 375e de Montréal. Après avoir essuyé plusieurs refus de la part d’autres auteurs, Denise Filatrault, directrice artistique du Rideau Vert a demandé à Emmanuel Reichenbach qui, lui, a relevé le défi.

Et voilà comment est née la comédie Molière, Shakespeare et moi. Avec une mise en scène haute en couleurs, neuf acteurs tous excellents et irréprochables pour incarner une bonne quinzaine de personnages, quelques chansons drôles et bien interprétées style comédie musicale ou shakespearienne (comme on voudra), des gags à n’en plus finir qui mettent en parallèle le XVIIIe siècle de la pièce avec l’époque actuelle, un tas de rebondissements dans l’intrigue, les spectateurs passent un bon moment, sans plus, car l’œuvre qui est un divertissement agréable n’a nullement la prétention d’être du Molière ou du Shakespeare.

Plus proche du style « revue de fin d’année » (que le Théâtre du Rideau Vert propose dans sa programmation annuelle de « Revue et corrigée »), que d’une réelle œuvre théâtrale, Molière, Shakespeare et moi joue, on l’aura compris, sur la différence d’époque pour critiquer abondamment la nôtre. Les clins d’œil ne manquent pas et, si le procédé n’est pas nouveau, il est habilement mis en œuvre dans une multiplication de plaisanteries souvent plus proches de la grosse farce que de l’humour très fin.

Les personnages sont caricaturaux comme il se doit. Il y a Thomas Beaubien (joué par Simon Beaulé-Bulman), le dramaturge hésitant, dépressif et pas très habile pour la composition de ses alexandrins. Il y a ses deux amis douteux : Henriette la prostituée (jouée par Anne-Élizabeth Bossé) et le rustre homme des bois (Mathieu Quesnel). Le perfide homme d’Église est incarné par Carl Béchard, le Seigneur vulgaire par Roger La Rue et la reine hypocrite par Isabelle Drainville. La pièce compte aussi le chef des Amérindiens et sa fille amoureuse de Thomas, Momo le demeuré, Molière qui se bat pour sa langue et Shakespeare pour la sienne, sans oublier un chat qui se prénomme Montaigne et plusieurs personnages secondaires encore.

Molière, Shakespeare et moi © Photo de courtoisie
Molière, Shakespeare et moi © Photo de courtoisie

Molière, Shakespeare et moi est un bon divertissement mais qu’on oublie assez vite. Même s’il s’agit seulement d’une comédie légère, la pièce aurait peut-être mérité d’être resserrée et davantage travaillée, sans chercher à en faire une succession de petits sketchs comiques (même s’ils sont très réussis), mais en y incluant une alternance de rires et de moments plus sérieux qui auraient permis d’en retirer une réflexion minimale, ce qui n’est pas le cas ici.

Molière, Shakespeare et moi, du 4 au 22 juillet 2017, au Théâtre du Rideau Vert à Montréal

Une pièce de Emmanuel Reichenbach

Mise en scène Charles Dauphinais

Avec Anne-Elisabeth Bossé, Simon Beaulé-Bulman, Chloé Barshee, Carl Béchard, Isabelle Drainville, Roger La Rue, Mathieu Quesnel, Philippe Robert, René Rousseau.

Assistance à la mise en scène Andrée-Anne Garneau; Accessoires Claire Renaud; Costumes Cynthia St-Gelais; Assistante aux costumes Julie Pelletier

Décors Loïc Lacroix Hoy; Musique Le Futur; Conceptrice des éclairages Julie Basse; Maquillage et coiffure Amélie Bruneau-Longpré