Et au pire, on se mariera de Léa Pool, un cri du cœur d’une adolescente qui nous émeut, nous chavire, nous bouleverse! Des amours interdits qui chamboulent une vie!

Et au pire, on se mariera
Et au pire, on se mariera

Après avoir eu leur grande Première Tapis Rouge à Montréal au Théâtre Outremont le 11 septembre dernier, le tout dernier long métrage de Léa Pool, Et au pire, on se mariera, était présenté en sélection officielle au Festival de cinéma de la ville de Québec (FCVQ) le 14 septembre dernier au Théâtre les Gros Becs.

Mes entrevues avec les artisans du film sont disponibles ici :

https://info-culture.biz/2017/09/16/entrevue-film-et-au-pire-on-se-mariera/#.Wb0gAtThDvY

Résumé

Comme l’enfer, l’amour est pavé de bonnes intentions. Et au pire, on se mariera, c’est l’histoire d’Aïcha (14 ans), de ceux qui l’aiment, de cet amour qui dévore et qui détruit. Seule avec sa mère Isabelle (Karine Vanasse), Aïcha (Sophie Nélisse), ne pardonne pas à celle-ci d’avoir mis à la porte son beau-père algérien qu’elle adorait. Lorsqu’elle rencontre Baz (Jean-Simon Leduc), un gars qui a le double de son âge, c’est le coup de foudre, le vrai, le fort, celui qui fait mal. Baz veut aider cette adolescente qui semble perdue, mais elle désire bien plus de lui et elle est prête à tout pour l’obtenir. Suivre Aïcha, c’est entrer dans un labyrinthe pour s’y perdre autant qu’elle…

Ce treizième long métrage de Léa Pool est une adaptation cinématographie du roman du même titre de Sophie Bienvenu. Tout comme dans le roman, c’est l’adolescente de 14 ans elle-même qui se confie probablement à une travailleuse sociale ou une policière, on ne sait pas vraiment,  dans un long monologue. Léa Pool a eu la brillante idée d’utiliser la caméra pour montrer ce que raconte Aïcha, peu importe que ce soit la vérité ou non. Elle met en image ce qu’Aïcha a dans sa tête. Ainsi, tout au long du film, Aïcha contrôle ce qu’on voit, au point où on sait plus trop ce qui est la réalité et ce qui est la fabulation d’une jeune fille amoureuse et écorchée par la vie, déjà à 14 ans.

Sophie Nélisse
Sophie Nélisse

Naturellement, ce film tient sur les épaules de la jeune Sophie Nélisse qui joue le rôle de sa vie! Elle nous démontre une palette de jeu inouï. Oubliez la jeune fille qu’on a découverte dans le film Monsieur Lazhar, on a droit ici à une performance d’actrice aguerrie. C’est, à mon avis, son plus grand rôle à ce jour. Elle est épatante! On retrouve dans le personnage de Aïcha un condensé de ce qu’est l’adolescence. À cet âge-là, on croit que le monde nous appartient et qu’on peut tout faire et tout avoir. On veut vivre à cent mille à l’heure et en même temps, quand on est déçu, on le ressent plus fort que tout. Et Sophie Nélisse, avec Aïcha, a un rôle ingrat à jouer, puisque dès le départ, on la juge cette jeune fille. On la déteste même, cette petite menteuse, manipulatrice, qui joue à l’enfant gâtée. Mais au fil des récits qu’elle nous raconte, on découvre son passé, ses blessures, et on comprend ses mécanismes de défense. On comprend qu’elle s’imagine une vie comme elle la voudrait, que malgré tout, elle est encore une enfant bien naïve, même si elle joue à l’adulte.

Jean-Simon Leduc
Jean-Simon Leduc

Léa Pool était, à mon avis, la meilleure réalisatrice pour ce projet. Elle a su nous faire aimer cette jeune fille. Comme toujours, Léa Pool sait faire ressortir le meilleur des actrices et acteurs qu’elle amène sur ses films. Elle traite ici des amours interdits, impossibles, avec doigté, finesse et respect. Elle nous confie cette histoire touchante, passionnante même, tout doucement, comme un film léger d’abord, où on ne sait pas trop où il nous mènera. Puis, peu à peu, on comprend qu’il y a anguille sous roche. Les mystères se dévoilent et la finale nous ébranle infiniment, puisqu’on ne l’a pas vraiment vu venir avant la toute fin.

Parmi les autres personnages du film, on a Baz, interprété par Jean-Simon Leduc. Il est une belle découverte pour moi. Bien qu’il a déjà joué dans des films et séries, c’est probablement son rôle le plus marquant à ce jour. Avec ce personnage, il doit incarner deux Baz bien différents. Celui que s’imagine Aïcha, follement amoureux d’elle, et celui qui la considère comme sa petite sœur. Alors, Jean-Simon réussit très bien à incarner ces deux personnalités, en dosant bien ses regards, ses gestes, pour qu’on devine si on est dans la réalité ou l’imaginaire d’Aïcha.

Karine Vanasse et Sophie Nélisse
Karine Vanasse et Sophie Nélisse

Karine Vanasse aussi m’a épaté dans le personnage de la mère d’Aïcha. Ce rôle est un ajout à la palette de jeu de Karine. On est habitué de la voir dans des personnages forts, en contrôle et souvent très physique. Cette fois-ci, c’est plutôt une mère qui travaille trop, a peu de temps pour sa fille et n’arrive pas à contrôler cette dernière. Elle se sent bien démunie devant les événements qui surviennent et le comportement de sa fille. C’est agréable de voir Karine dans un tout autre style de jeu.

Finalement, la jeune Isabelle Nélisse est remarquable dans le rôle de la jeune Aïcha 9 ans. Elle joue de manière très juste ce personnage qui doit faire face à des situations délicates. Il y a deux scènes très fortes où ses réactions sont en plein dans le mille, soit lorsque sa mère l’interroge dans l’auto et lors de la dispute entre sa mère et son père. On voit bien qu’elle a, comme sa sœur, beaucoup de potentiel de jeu.

Au final, ce film est empreint d’émotions que l’on ressent en montagne russe. C’est une confession d’une jeune fille, troublante de vérité, qui nous atteint en plein cœur! Ce film se doit d’être vu autant par des adolescents, que par des parents, car il traite de sujets délicats, et de relations complexes.  Léa Pool s’est vraiment surpassée dans ce défi qu’elle s’est donné pour ce film !

Et au pire, on se mariera, a également été sélectionné en compétition officielle au Festival du film francophone d’Angoulême qui s’est tenu du 22 au 27 août. Il sera également présenté en sélection officielle dans la section « True North », au Vancouver International Film Festival au début d’octobre.

Et au pire, on se mariera, prendra l’affiche au Québec le 15 septembre 2017.

Le roman Et au pire, on se mariera de Sophie Bienvenu est disponible chez les Éditions La Mèche.

FICHE ARTISTIQUE

Producteurs

Lyse Lafontaine (Canada),

François Tremblay (Canada),

Elisa Garbar (Suisse)

Scénaristes

Léa Pool et Sophie Bienvenu D’après le roman ET AU PIRE, ON SE MARIERA de Sophie Bienvenu Publié aux

Réalisatrice

Léa Pool

Directeur photo

Denis Jutzeler

Directeur artistique

Patrice Bengle

Création des costumes

Michèle Hamel

Maquillage/Coiffure

Leticia Rochaix

Monteur image

Michel Arcand

Musique originale

Michel Cusson.

Ingénieur du son

Henri Maïkoff

Comédiens principaux

Sophie Nélisse (Aïcha)

Karine Vanasse (Isabelle)

Jean Simon Leduc (Baz)

Isabelle Nélisse (Aïcha, 9 ans)

Mehdi Djaâdi (Hakim)

 

FICHE TECHNIQUE

Version originale : française

Format de tournage : numérique Durée : 91 minutes

Studio

Lyla Films

 

Distributeur

K-Films Amérique

Crédits photos : Courtoisie de K-Films Amérique