Une sorte de nitescence langoureuse de Sylvie Bérard, du vrai bonbon! Ce petit bijou est un de mes coups de cœur de l’automne!

Une sorte de nitescence langoureuse de Sylvie Bérard
Une sorte de nitescence langoureuse de Sylvie Bérard

Une sorte de nitescence langoureuse de Sylvie Bérard est un roman qui porte un regard satirique sur le milieu littéraire, sous forme d’autofiction. Un roman à deux voix qui s’alternent, pour offrir une observation critique du milieu littéraire, tout en nous donnant accès au processus d’écriture, aux coulisses des écrivains, et surtout aux pensées de deux auteures au style littéraire bien différent, mais qui, dans les faits, sont deux auteures plus semblables que l’on ne pense.

Résumé

L’une, forte de sa longue expérience dans le domaine de la rédaction scientifique, vient de publier un premier roman intitulé Une sorte de nitescence langoureuse ; l’autre, qui n’en est pas à sa première expérience littéraire, a lancé Rendez-vous sur Apocalypse, son nouveau roman de science-fiction.
Pour l’une, la critique institutionnelle remarquera, au fil des semaines, « l’écriture qui transcende la trivialité des représentations », « la noirceur éclatante de son propos » et « sa grande maturité ». Certains iront jusqu’à la comparer à « Boris Vian pour sa façon fantaisiste de décrire la réalité », voire à « Marguerite Duras pour son style s’égarant sur les choses ». Sans oublier, bien sûr, de recommander le titre à « quiconque aime s’immerger dans les livres et en ressortir complètement dépaysé ».
Pour l’autre, il y aura l’habituelle attente, heureusement compensée par l’enthousiasme communicateur des amateurs de science-fiction, qui aiment se réunir et discuter de leur genre préféré, mais aussi par les pertinentes analyses de certains blogues spécialisés.
Or, voici que l’une et l’autre ont été invitées à la même émission littéraire…

Lorsque je lis un roman, j’aime bien marquer les pages dont le texte m’interpelle, celles dont je voudrais citer un extrait dans mon article, ou encore les pages où je découvre des figures de style et que je voudrais relire. Or, pour une rare fois, je crois avoir marqué ce petit bouquin de 160 pages, à peu près à toutes les 2 ou trois pages. Je me rends donc à l’évidence que ce roman, style essai sur la littéraire, est complètement dans mes cordes et que je suis tombée en amour avec la plume de Sylvie Bérard.

Je dois le dire, je n’aurais probablement jamais connu cette auteure, si elle n’avait pas écrit ce bouquin, car Sylvie Bérard a publié surtout des nouvelles et des romans de science-fiction, et personnellement, je suis peu attirée par cette littérature. Et c’est justement de cela, entre autres, que traite ce roman d’autofiction.

Chaque petit chapitre de deux ou trois pages est narré, en alternance par deux voix. Il y a l’auteure de Science-Fiction Françoise Préfontaine, qui parle au Je, et il y a Louise-Andrée Landreville qui est l’auteure débutante du roman Une sorte de nitescence langoureuse, qui elle, est abordée à la troisième personne.  De page en page, on apprend à les connaître, leur enfance, leurs aspirations, à découvrir leur rituel d’écriture, leurs attentes face aux critiques et à la réaction du public face à leurs écrits. L’une est déçue et un peu frustrée d’avoir peu d’attention pour son style science-fiction, tandis que l’autre est plutôt surprise et un peu décontenancée par toutes ces critiques qui l’encensent.

Il y a plusieurs choses que j’adore dans ce livre dont je prenais le temps de lire chaque phrase, et regarder chaque image, pour faire durer le plaisir plus longtemps. D’abord, effectivement, il est agréable de voir des illustrations dans chaque chapitre. Les illustrations par Bernard Duchesne sont en partie en couleur et en partie en noir et blanc et ils décrivent bien chaque chapitre de 2 ou 3 pages. On y retrouve une illustration avant chaque chapitre où c’est l’auteure de Science-fiction la narratrice et une illustration à l’intérieur de chaque chapitre où Louise-Andrée Landreville est présentée à la troisième personne.

Je me suis également bidonné franchement de ces fausses critiques du livre de Louise-Andrée Landreville, que l’on retrouve en début de chacun des chapitres où elle est mise en valeur. Exemple : «J’espère avoir donné envie aux auditeurs de déguster ce roman comme je l’ai fait : comme un alcool fin, sans se presser, en savourant chaque strate de saveur. Une sorte de nitescence langoureuse est un élixir des Mille et une nuits, qui se distille en vous et fait sentir son effet à votre insu. Et qui, bientôt, vous fait perdre tous sens de l’orientation…»

Également, je me suis identifié souvent à ces auteures, autant dans leurs réflexions sur divers sujets en littérature, que dans leurs pertinentes observations. Quel bel esprit d’autodérision elle a aussi Sylvie Bérard. Elle parle entre autres des blogues qui ont en partie remplacé les critiques littéraires des médias, avec leur manière franche de s’adresser aux lecteurs pour leur dire pourquoi ils aiment ou non un livre. Elle parle aussi de tous ces livres dont on doit un jour se départir et qu’il est triste de jeter, ou recycler. Alors, elle amène cette belle idée d’aller oublier ses livres, un à un, un peu partout dans la ville, pour être découvert peut-être par quelqu’un qui va avoir envie de lire.

De plus, en revisitant l’enfance et l’adolescence de ces deux auteures, dans ce livre, je me suis trouvé bien des similitudes dans mon approche de la lecture, mes expériences littéraires, et le sentiment d’être parfois une observatrice décalée de ce qui se passe autour de moi. Voilà donc, une autre raison qui m’a fait adorer ce livre.

Extrait qui me ressemble en parlant de se plonger corps et âme dans une œuvre. «Chaque fois qu’elle terminait un de ces romans, elle n’avait qu’un regret : elle ne pourrait jamais, plus jamais, même si elle s’y conditionnait très fort, lire ce livre pour la première fois. Et elle était jalouse lorsqu’elle voyait quelqu’un qui était en train de s’y engager, vierge de toute lecture passée.»

Pour ce qui est du dénouement de cette autofiction, bien que j’ai vu venir assez rapidement le punch final, il est si bien amené que j’étais en fait bien contente que ça se termine ainsi. Naturellement, je vous laisse le soin de le découvrir vous-mêmes… 

Sylvie Bérard
Sylvie Bérard

Sylvie Bérard est née à Montréal et a fait ses études supérieures au Département d’études littéraires de l’UQAM. Docteure en sémiologie, elle enseigne la littérature québécoise à l’Université Trent, en Ontario. Collaboratrice à Lettres québécoises, membre de la rédaction de la revue XYZ, Sylvie Bérard a publié de nombreuses nouvelles dans imagine…MoebiusL’ASFFQNouvelle DonneTesseract… Coauteure, avec Brigitte Caron, d’un roman (Elle meurt à la fin), elle a également traduit en collaboration avec Suzanne Grenier, des romans de Leona Gom et Nancy Kilpatrick. En 2003, sa nouvelle « La Guerre sans temps » (Solaris 143), qui fait partie de Terre des Autres, méritait le prix Aurora de la meilleure nouvelle de science-fiction canadienne francophone, et, à son tour, Terre des Autres remportait en 2005 le Grand Prix de la science-fiction et du fantastique québécois, le prix Boréal et, en 2006, le Prix des lecteurs de Radio-Canada.

Alire et Prise de parole convient les gens au lancement d’«Oubliez» (poésie, Prise de parole) et d’«Une sorte de nitescence langoureuse» (essai, Alire) de Sylvie Bérard.

Endroit : L’Euguélionne, librairie féministe 1426 Beaudry, Montréal H2L 3E5

Quand : Le 10 octobre 18h à 20h

Un vin d’honneur sera offert et des certificats-cadeaux de L’Euguélionne, librairie féministe, seront tirés à l’occasion d’un jeu.

Les gens sont attendus en grand nombre pour célébrer la parution des deux plus récents livres de la prolifique Sylvie Bérard.

Nombre de pages 160 pages
Prix
Papier : 22,95 $

Pdf : 13,99 $
Epub : 13,99 $ 

Éditions Alire

http://www.alire.com/