« SOFTLAMP.autonomies » au théâtre La Chapelle à Montréal

SOFTLAMP.autonomies  © Kinga Michalska
SOFTLAMP.autonomies © Kinga Michalska

Ce n’est sûrement pas en lisant le petit descriptif du spectacle SOFTLAMP.autonomies que j’aurais pu avoir des chances de mieux percevoir l’intention des deux artistes sur la scène : on y évoque la « solidarité à travers les frontières », l’aspiration « à des conceptions reconfigurées et indéterminées de l’autonomie personnelle », des « potentiels de ruptures dans la montée hégémonique actuelle »… et j’en passe. Pourquoi pas? Mais bien malin celui qui détectera la moindre trace de ces concepts, d’ailleurs assez usés ces derniers temps, dans le spectacle proposé par Ellen Furey et Malik Nashad Sharpe, les deux artistes danseurs et concepteurs.

Ce qui est présenté pendant près d’une heure trente contient du bon d’un point de vue esthétique, mais se trouve étiré à l’extrême jusqu’à la suffocation et au sentiment d’emprisonnement pour celui ou celle qui assiste à la performance.

Les deux artistes sont des danseurs talentueux ; leurs chorégraphies de type « danses urbaines » sont bien réalisées et coordonnées, leurs costumes blancs, identiques, pour l’un et l’autre possèdent une certaine élégance sur le fond noir de la scène. Mais les danses sont cependant on ne peut plus répétitives et ne remplissent qu’une part vraiment réduite du temps de la représentation constituée surtout de vide et d’attente, pour ne pas dire d’ennui. Dès le début, le spectateur est amené à guetter le moment où enfin quelque chose va se passer, jusqu’à lui faire croire que rien ne va advenir. Et quand finalement la danse démarre, elle est réalisée d’abord sur fond de silence – j’ai bien aimé ce passage – puis sur une belle musique mais dont le refrain est tellement rabâché qu’il en devient quasiment obsédant. La danse est très physique et impose le repos des danseurs. On repart alors dans un temps interminable d’attente pour une conclusion qui n’en est pas vraiment une et qui n’apporte pas grand-chose de plus. Durant tout le spectacle on est entre un vide un peu désolant et un plein finalement assommant.

SOFTLAMP.autonomies  © Kinga Michalska
SOFTLAMP.autonomies © Kinga Michalska

Il me semble que le spectacle y gagnerait à annoncer son intention formelle. J’admets que l’attente peut être une expérience intéressante mais peut-être à condition d’en être prévenu ou du moins préparé. Dans les conditions actuelles du spectacle, les danses y perdent de leur relief. Les coordonnés des deux danseurs ne leur permettent à aucun moment de se rejoindre l’un l’autre, comme deux parallèles qui ne se croiseraient jamais. Est-ce aussi une intention formelle de la chorégraphie? Finalement le spectacle m’a laissé une impression bizarre : beaucoup de travail mais qui aurait pu être mieux mis en valeur.

 

SOFTLAMP.autonomies du 23 avril au 3 mai 2018 au théâtre La Chapelle à Montréal

Co-créateurs et performeurs: Ellen Furey, Malik Nashad Sharpe

Dramaturgie/regard extérieur: Dana Michel

Lumières: Paul Chambers

Informations : https://lachapelle.org/fr/calendrier/softlampautonomies