Pour son septième long métrage, François Delisle, nous propose le mystérieux et déroutant film Ca$h Nexu$. Mettant en vedette Alexandre Castonguay, François Papineau, Guy Thauvette et Évelyne Brochu, ce film prend l’affiche dans nos salles de cinéma, dès le 22 mars.
Synopsis : Jimmy est prisonnier de la spirale du manque et de la dépendance aux drogues de la rue. Il est un être blessé courant après ses chimères avec une force sauvage. Un jour, Jimmy est contraint de reprendre contact avec sa famille. Le retour du chien galeux au sein de la meute réanime des vieux démons pour son frère aîné, Nathan. Les destins des deux frères se croisent alors sous le signe des manques affectifs, des rivalités fraternelles, des mensonges. Une charge émotionnelle qui éclate dans une confrontation brutale et les amène à traverser de l’autre côté du miroir. Un voyage qui ne laissera personne indemne.
Ce récit de deux frères, que tout sépare, que tout oppose, est construit sous forme de chapitres, avec des titres assez évocateurs : le dernier (le toxicomane), le premier (le chirurgien), la source (le père), la caste, les confluents, le déclencheur, le massacre, les règlements et l’Éden, qui ne peuvent que nous rappeler une autre histoire de fratrie mythique, Caïn et Abel.
Ce film est assez difficile à regarder par moment, car François Delisle n’y va pas avec des gants blancs. Il nous dépeint la réalité des toxicomanes avec toute sa brutalité, sa violence, sa déchéance. On y voit des gens qui se piquent, vomissent et se prostituent. Le tout est accompagné de musique grinçante pour accentuer le propos. Alexandre Castonguay qui incarne Jimmy le toxicomane est hallucinant de vérité et de justesse de jeu avec ce personnage qu’il sait rendre attachant, avec une belle humanité, malgré tout. Lara Kramer qui incarne sa compagne dans la rue, y va également avec une superbe proposition de personnage très crédible.
À son opposé, on découvre Nathan, le frère aîné, le chirurgien, interprété par François Papineau, toujours aussi fabuleux pour incarner des personnages forts, troubles et complexes. Bien qu’il ait tout pour lui, avec une carrière qu’on admire, une superbe femme à son bras (Evelyne Brochu), une situation financière enviable, un look sûr de lui, c’est le personnage qui cache le plus de secrets, de blessures et qu’on découvre peu à peu ce qu’il tente désespérément de garder enfoui.
Ainsi, ces deux frères sont très stéréotypés au premier regard. Par contre, ces deux êtres sont loin de ce qu’ils représentent. Leur personnalité est beaucoup plus complexe, si bien que les jugements que l’on porte sur ces deux personnages, vont peu à peu changer et on verra différemment leur humanité, au fil de l’histoire que l’on découvre peu à peu. Et c’est là qu’on comprend que l’abandon vécu étant jeune laisse des blessures que l’enfant devenu adulte cherche toujours à cicatriser. Cet abandon est d’autant plus difficile du fait qu’il n’y a aucune explication à cet abandon. Et que l’on soit riche ou pauvre, peu importe sa classe sociale, la douleur est là et la blessure n’est pas si facile à cicatriser. Chacun emprunte son propre chemin pour tenter de survivre.
Parmi les autres personnages, on retrouve le père, qui a aussi été abandonné. On l’imagine plus jeune, autoritaire, rigide, celui qui porte les culottes dans la maison, laissant peu de place à son épouse. Or, on rencontre ce personnage, alors que la maladie le ronge et les remords refont surface, alors qu’il s’est adouci et ne désire que former à nouveau une famille. Guy Thauvette est sublime dans le rôle du père, au souffle court, à la parole saccadée, qui tente de finir sa vie sur une bonne note, de pouvoir laisser en héritage à ses enfants, pas seulement une substance monétaire, mais quelque chose de plus viscéral.
Bien que ce film soit très sombre, noir et presque déprimant, la finale est des plus lumineuse. On croirait presque à un moment spirituel, de contemplation même. Cela nous réconcilie un peu avec tout ce qui nous a déstabilisés, déroutés et mis mal à l’aise tout au long du film.
Pour ceux qui se demanderaient ce que veut dire le titre Ca$h Nexu$, le réalisateur avait ceci à dire : « C’est un concept inventé par Thomas Carlyle, un historien écossais du dix-neuvième siècle, qu’on peut traduire par « échange économique ». Repris plus tard par Karl Marx et Friedrich Engels dans le Manifeste du parti communiste, cash nexus y est employé pour désigner une idéologie de classement et d’évaluation de toute chose et de toute personne en fonction de sa valeur monétaire. »
Distribué par Fragments Distribution, CA$H NEXU$ sortira sur les écrans du Québec le 22 mars prochain.
Pour visionner la bande annonce, https://vimeo.com/287656098/f2e0e6588c
Pour télécharger tout le matériel sur le film (photos, extraits) : http://cashnexusfilm.com/
UN FILM ÉCRIT, PRODUIT ET RÉALISÉ PAR François Delisle
AVEC
JIMMY ALEXANDRE CASTONGUAY
NATHAN FRANÇOIS PAPINEAU
JULIETTE EVELYNE BROCHU
EMMANUEL GUY THAUVETTE
ÈVE CHRISTIANE PASQUIER
ANGIE LARA KRAMER
MICHEL YVES JACQUES
DURÉE 135 minutes
ANNÉE 2019
RÉALISATION / SCÉNARISATION / FRANÇOIS DELISLE
IMAGES / MONTAGE
DIRECTION ARTISTIQUE GENEVIÈVE LIZOTTE
CRÉATION DES COSTUMES CAROLINE POIRIER
DISTRIBUTION DES RÔLES PIERRE PAGEAU, DANIEL POISSON
DIRECTION MUSICALE ROBERT MARCEL LEPAGE
MUSIQUES QUATUORS À CORDES 1 À 4 D’ALFRED SCHNITTKE INTERPRÉTÉS PAR LE QUATUOR MOLINARI
OVER JORDAN / PAPA M
SON FRANÇOIS GRENON, SIMON GERVAIS, STÉPHANE BERGERON
PRODUCTEURS FRANÇOIS DELISLE et MAXIME BERNARD
PRODUCTION Films 53/12
DISTRIBUTION
Fragments Distribution
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Crédit photos : Courtoisie de Fragments Distribution