Innocence, Accointances, connaissances et mouvances

   Le dimanche 27 juin 2010

Conclusion de la saga des Chroniques du Village Gai

« Denis-Martin a la prose facile… des descriptions très crues de scènes de baises, de guerre… cela ajoute à la crédibilité. »

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Après Manigances, Pénitence et Innocence, Accointances, connaissances et mouvances vient conclure la saga des Chroniques du Village Gai, entreprise en 2003. Constamment à la recherche du bonheur, les personnages de l’univers de l’auteur Denis-Martin Chabot se tournent vers Internet pour le trouver. Les rencontres virtuelles surprennent lorsqu’elles deviennent réelles. Bien que les personnages des livres précédents comme Bertrand, Alexandre, Ginette, Lucie et Imonfri reviennent dans celui-ci et que leur destin se lie dans ce dernier opus, cette histoire est complète en elle-même et ne nécessite pas d’avoir lu les autres tomes pour bien suivre. La preuve, je n’ai pas lu les tomes précédents et j’ai très bien réussi à m’intégrer dans la vie de ses personnages.
 
L’action du livre se passe en partie dans le Village Gai de Montréal, mais également dans d’autres quartiers et la banlieue de cette ville et aussi à Paris, et Halifax. On fait même des références à l’Algérie et le Mali. On en apprend plus sur la façon dont sont traités les gais et lesbiennes dans ces régions, mais aussi dans les familles et les religions.
 
Il est intéressant également de voir ces personnages aussi diversifiés vivre leur différence. Ainsi, on a Marcel Cantin le jeune paraplégique qui se sent diminué de par son statut d’handicapé, mais dont les hormones commencent à lui donner des envies. Imonfri Sanou, atteint du VIH, qui s’est révolté un jour et maintenant cherche plutôt le pardon. Ginette Clavet, la militaire dévouée n’en peut plus de voir les dégâts de la guerre, tandis que Lucie, sa conjointe se désespère à l’attendre à la maison avec leur fils adoptif. Puis, le jeune algérien élevé strictement, Ahmed Hassan apprend rapidement à ses dépens que la naïveté et la richesse monétaire se paient chèrement. Et j’en passe.
 
La première impression que j’ai eue en lisant ce livre, c’est d’abord de ne pas me reconnaître dans ce dernier. Puisque la majorité des personnages dans ce livre sont gais ou lesbiennes et que je n’en suis pas, je me suis sentie un peu perdu. Par contre, Denis-Martin Chabot a la prose facile et il réussit rapidement à nous créer des personnages riches dont on suit les péripéties en entrant dans leur tête, leurs réflexions et en devenant aisément attaché à eux. Le fait également, de mettre en vie ces personnages autour d’évènements réels qui se sont déjà passé, comme la guerre en Afghanistan, la tragédie du 11 septembre au World Trade Center, ou en recréant des évènements semblables à ceux qui ont déjà existé, comme la tragédie du viaduc de la Concorde ou le triste sort de Matthew Shepard qui a été battu à mort pour sa différence, nous sommes plus aptes à croire et à embarquer dans la vie de ces personnages.
 
Les thèmes abordés dans ce livre sont diversifiés. On y parle des relations de couple bien sûr, mais aussi de la peur de vivre seul, les cyberrelations, vivre avec un handicap, la prostitution chez les gais, les familles reconstituées, le degré d’acceptation de la différence. Pour bien représenter tout cela, Denis-Martin n’hésite pas à nous faire des descriptions très crues de scènes de baises, d’orgies, de viol, mais également de nous décrire les scènes laissées par la guerre et la tragédie. Ce n’est pas toujours facile à lire, mais cela ajoute à la crédibilité d’avoir ces scènes.
  
Naturellement, ce livre m’a donné le goût de lire les tomes précédents et je serai maintenant une fervente lectrice de cet auteur qui dit écrire sur ce qu’il connaît, soit les gais, puisqu’il en est un. Il dit, dans son introduction, vouloir donner à sa communauté une place de choix qu’elle a, par le passé, rarement eue dans la littérature. À mon avis, il y réussit à merveille avec cette série d’histoires d’hommes et de femmes gais. Il dit aussi avoir beaucoup de lectrices hétérosexuelles. Avec moi, cela en fera une de plus.
 
Après avoir lancé ces livres au Québec et en Europe, l’auteur va tenter de percer le marché anglophone. Mangames, la traduction anglaise de Manigances, le premier tome de la série, sortira en 2010.
 
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Denis-Martin Chabot est journaliste à la radio et à la télévision depuis vingt-cinq ans. Outre ses romans sur les chroniques du Village Gai, il a contribué deux nouvelles à la revue littéraire acadienne, Ancrage, numéros 4 et 6. Il a aussi contribué au recueil de nouvelles Sortir de l’ombre en 2009. Il est aussi du nombre des auteurs de Pulsions poétiques, Délice Interdit (nouvelles érotiques) et Les voisins d’à côté (nouvelles et récits), publiés en 2010. Les éditions Popfiction ont également retenu un de ses textes pour son recueil de nouvelles de science-fiction, Ces messagers venus d’ailleurs,  publié également en 2010 
 
 
272 pages
Prix : 22.95 $
 
Collection Homonyme aux éditions Popfiction