Attention! Ça déraille!

   Le jeudi 8 juillet 2010

 

« Pour une détente de fin de soirée après une journée à l’Isle-aux-Coudres! »
 
Par une belle journée chaude et ensoleillée, je me suis déplacée de Québec vers Charlevoix pour aller voir la pièce Attention! Ça déraille! qui sera présentée tout l’été à à l’auberge La Coudrière de l’Isle-aux-Coudres. Pour s’y rendre, un seul moyen, le traversier à Saint-Joseph-de-la-Rive qui fait la navette aux 30 minutes et dont le dernier transport s’effectue à 23 h, juste à temps, après la fin de la pièce, puisqu’elle se termine à 22 h 30.
 
Une pièce écrite et mise en scène par Léonard Lavoie, que j’ai rencontré à mon arrivée à l’auberge pour une entrevue :
 
Palez-nous un peu à quoi se résume cette pièce?
« En fait, c’est l’histoire d’un couple qui demeure sous le tracel (viaduc) de train. Toine, le mari,  a basé sa vie depuis 5 ans, sur le passage du train. Toutes ses activités sont réglées sur l’horaire du train. Il se lève au son du premier train du matin, le midi, il mange à l’heure du train de la soupe, il se couche avec le train du dodo… Tout va bien, jusqu’à ce qu’un moment donné l’horaire des trains n’est plus respecté. Et là il commence à capoter avec cela. D’où le titre attention ça déraille! C’est lui qui déraille, car il ne peut plus se fier au passage des trains. Il ne sait plus quand prendre son bain. Autour de Toine gravite son épouse qui étudie en théâtre et elle essaie par des jeux et mises en scène de théâtre de le dérider. Autour de lui, il y a son beau-frère et sa belle-sœur qui proposent tout de sorte de trucs pour lui faire oublier l’horaire. Et il y a l’oncle Gerry qui lui propose des blagues et autres histoires pour tenter de lui dilater la rate. C’est léger, on essaie pendant la pièce de le sortir de cet horaire-là. Et cela finit d’une drôle de façon… mais on ne vendra pas le punch. »
 
 
 
L’idée de cette pièce vous est venue comment?
« L’idée vient du tracel de Cap-Rouge en fait. J’ai demeuré à Cap-Rouge pendant plusieurs années. Le tout a commencé par une tache d’huile. Je passais sur le viaduc (tracel) et pendant que je passais, il y avait un train aussi qui traversait et il est tombé une grosse tache d’huile devant moi. Et j’ai constaté qu’il y avait plein d’autres taches d’huiles. Je suis revenu chez moi en ruminant cela. À partir de cette anecdote, j’en ai extrapolé la routine du passage du train. C’est une pièce que j’ai écrite en 2001, je l’avais joué au niveau amateur. L’automne dernier j’ai retravaillé le texte. J’en ai fait une lecture avec les comédiens actuels. Avec leurs suggestions, j’ai refait 4 fois le texte au cours de l’hiver, pour en arriver au résultat qu’on a et qui je pense est assez agréable. »
 
 
 
Parlez-nous un peu de ce théâtre?
« Cela fait 13 ans que le théâtre de Charlevoix existe à l’Auberge La Coudrière. C’est la 8e création originale, avec 5 autres pièces qui ont déjà été jouées ailleurs. On axe beaucoup sur la création de nouvelles pièces chaque année. C’est ma première création ici. J’étais associé avant avec Bruno Marquis qui a écrit 6 pièces, dont la trilogie Parent à Vie qui a marché très fort et a été joué un peu partout par la suite. Bruno s’est retiré il y a deux ans. On a eu un autre auteur l’an passé, et cette année, j’étais prêt, c’était mon tour. J’ai pris tous les chapeaux cette année. Producteur, metteur en scène, auteur et je joue dedans. Les autres comédiens avec moi sont des comédiens professionnels issus du conservatoire de théâtre et ayant tous joué dans d’autres théâtres de la région. »
 
 
 
Cette pièce débute à 20 h 30 et dure deux heures avec un entracte de 20 minutes. Donc, on a pleinement le temps de reprendre le traversier au besoin. C’est une comédie légère d’été, où se mélangent chansons, danses et quiproquos. La première partie sert surtout à mettre en place l’histoire et présenter les divers personnages. On s’attache facilement à ce jeune couple et sa famille dont les petites manies et obsessions nous rappelle parfois nos propres petites manies. La deuxième partie est plus dynamique, il y a plusieurs revirements de situations et la conclusion inattendue de cette histoire.
 
Toine (Sébastien Dorval) vit au rythme du passage du train et se trouve vite incommodé, voire même complètement disjoncté lorsque sa routine se défait. Un comédien très crédible, qui joue très juste et est attachant. Son épouse, Rosie (Marianne Marceau) est passionnée de théâtre et pour elle, la vie est comme une grande pièce de théâtre. Elle ne cesse de reprendre son Toine sur ses anglicismes et se trouve bien démunie devant la peine de son copain. Cette comédienne joue son personnage tout en douceur. Le beau-frère (Claude Montminy), que l’on pourrait surnommer la calculatrice ambulante, ne cesse de trouver des choses à calculer. Ce comédien joue un personnage fort attachant dont on sait qu’il n’a que de bonnes intentions envers les autres. Il est à mon avis le personnage le plus drôle, avec ses mimiques et gestuelles. Denise (Anabelle Lebrun), son épouse est obsédée par son travail dans sa compagnie de produits naturels, et elle excelle dans la langue norvégienne, au plus grand désespoir du reste de la famille. C’est un rôle que cette comédienne défend très bien, mais personnellement, son personnage m’agace un peu à la longue. Finalement, l’oncle Gerry (Léonard Lavoie) tente de dérider Toine, par ses blagues et ses histoires de « mononcle » un peu démodées. Une belle performance de Léonard de jouer ce « vieux pépère » alors que dans la vie, il est tout à l’opposé de ce personnage.
 
 
 
Le décor, composé d’un salon et d’une cuisine est vraiment très bien pensé. L’espace est bien utilisé et la mise en scène est efficace. La trame sonore avec le mélange de sons de train et de musique d’interlude entre les scènes colle bien à cette pièce. On a vraiment l’impression d’entendre le train au-dessus de la maison.
 
Bien que cette semaine cette pièce était en rodage, on sent qu’avec un peu de resserrement dans les longueurs, et de peaufinage du rythme, on aura une autre belle pièce à voir dans Charlevoix cet été.
 
 
 
Ce théâtre annexé à l’auberge contient environ 100 places. Il est possible de manger et même de coucher à l’auberge, ce qui permet en fait de passer une belle fin de semaine à cet endroit. Imaginez : profiter de la nature et des loisirs de la région durant journée, puis se régaler avec un bon souper, et terminer le tout avec cette pièce, pour une belle détente de fin de soirée après une journée à l’Isle-aux-Coudres! Voici une belle façon de s’offrir une trêve du stress du quotidien et un moment de plaisir tout près de Québec!
 
 
Fiche technique :
Auteur et mise en scène : Léonard Lavoie
Conception des décors, des costumes et de l’éclairage : Marie-Josée Houde 
Photo et infographie : Sylvain Asselin
Bande sonore : Sébastien Dorval
Régie :Jean-François Bouchard
 
Distribution :
Toine : Sébastien Dorval
Rosie : Marianne Marceau
Denise : Anabelle Lebrun
Jean-Roch et la Contrôleuse : Claude Montminy
Oncle Gerry : Léonard Lavoie
 
Pièce présentée au Théâtre de Charlevoix, à l’Auberge La Coudrière 2891 chemin des Coudriers à l’Isle-aux-Coudres.
 
Jusqu’au 5 septembre 2010 du mardi au samedi à 20 h 30.
 
Forfait de souper-théâtre et dodo-souper-théâtre disponibles. Contactez le site internet ou le 1-888-363-1329 pour plus de détails :
 
 
 
 
 
 
Crédit photos: Lise Breton