Filière 13 Entrevues avec les acteurs / appréciation du film

 
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J’ai vu, en grande première, sur invitation de presse, le film Filière 13. Deuxième film pour Patrick Huard comme réalisateur, qui récidive avec le même trio d’acteur qui a grandement contribué au succès de son premier long métrage Les 3 P’tits cochons. Je vous en donne mon appréciation plus détaillée à la fin de cet article.
 
Entrevues :
J’ai rencontré, au Château Bonne Entente à Sainte-Foy, les comédiens Paul Doucet et Guillaume Lemay-Thivierge ainsi que le producteur Pierre Gendron.  
 
 
Questions pour Pierre Gendron : Deuxième collaboration avec Patrick Huard. Il parait que c’est de vous que vient l’idée de réunir le trio d’acteur et Patrick pour un autre film tout de suite après le premier? Pourquoi?
 
Pierre « Je trouvais cela le fun de recréer la même famille, pour plusieurs raisons. D’abord, j’ai le sens de la famille et si cela a bien fonctionné ensemble pourquoi ne pas reprendre l’expérience. Deuxièmement, au Québec, on se voit octroyer environ 30 jours de tournage par film. Généralement, les nouveaux acteurs, réalisateurs et artisans sur le plateau, il y a toujours un 3 ou 4 jours où les gens apprennent à se comprendre, s’harmoniser et dealer entre eux. Alors ces 3 ou 4 jours, c’est 10 % de votre tournage qui est handicapé ou à risque. Dans le cas de Filière 13, on a repris le noyau d’acteurs et Patrick, mais aussi les artisans qui étaient disponibles. Donc, la chimie était déjà installée. Mais au départ, ce sont les investisseurs qu’il fallait convaincre de faire un film sur la détresse psychologique chez les hommes. C’est un sujet tabou. Et ensuite, ils ont peur que de prendre les mêmes acteurs, les gens puissent  penser que c’est une suite. Mais on a pris le risque. Aussi, même si on a le trio de départ, on a quand même des acteurs pour qui c’est la première expérience au cinéma, comme Anik Jean, Laurent Paquin et André Sauvé. Maintenant c’est au public de dire si on a eu raison de prendre ces risques. À ce jour, on a eu des premières à Gatineau, Sherbrooke, Sainte-Adèle, Saint-Jérôme et Montréal. À chaque fois, on a eu un standing ovation.»
 
 
Question : Sur le site internet www.Filiere13.ca vous avez mis les vidéos des coulisses du tournage du film et même une conférence de presse en direct sur internet. Avez-vous eu de bonnes réactions des internautes? Pensez-vous que cette initiative est une bonne idée?
 
Pierre :« On a tourné une soixantaine de topos. Et on est rendu à au-dessus de 250 000 visites. Marie Routhier (relationniste de presse du film) et moi, on se disait que ce serait le fun d’avoir une visite de plateau pour la presse qui serait différente. J’ai la chance d’avoir un associé. Arnaud Lepinois, qui fait du web. On a donc élaboré une conférence de presse en direct sur le web, avec environ 250 journalistes qui voulaient y participer. Pour la première fois, des journalistes de partout au Québec pouvaient assister à une conférence de presse en même temps que ceux de Montréal. Pour les topos, on pensait en faire 3 ou 4. Le réalisateur Éric Dubé tournait le jour et montait la nuit ses topos et nous autres, on l’acceptait sur le plateau. Il dormait 4 heures par nuit. On avait deux productions en même temps. Car il y avait beaucoup de travail en arrière de ces topos. On a fait aussi une infopublicité avec André Sauvé. Le Here and now reminder (basé sur la thérapie de l’élastique) que l’on peut voir sur YouTube. »
 
 
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Questions pour Paul Doucet :
Pourquoi dire oui dans un projet avec le même trio, mêmes scénaristes, réalisateur et producteur? N’avez-vous pas peur de refaire le même film, même rôle?
Paul : « Ce n’est vraiment pas le cas dans ce film-là. Il peut y avoir un défi par contre de se retrouver ensemble et de faire autre chose. Mais honnêtement, la raison principale pour dire oui, c’est le plaisir qu’on a eu de travailler ensemble. La chimie qui s’est créée comme par magie dès le départ. C’est un privilège qui est rare de retravailler avec les mêmes gens. Le premier film que j’ai fait, il y avait Macha Grenon et Michel Côté qui jouaient dedans. Cela fait 15 ou 16 ans de cela, mais je n’ai jamais retravaillé avec eux. Pourtant, on avait eu énormément de complicité. Et même que Michel est devenu un partenaire de tennis et un ami, mais on n’a jamais pu retravailler ensemble.
 
Donc, l’idée est venue assez rapidement de faire un deuxième film avec la même gang, et on a tous dit oui immédiatement, après le tournage des 3 p’tits cochons. Mais ce n’est pas parce qu’on veut faire un projet, qu’il va nécessairement se faire et comme on le veut. Ce projet a été déposé à plusieurs reprises avant d’obtenir le financement. Cela a été long. On a même, à certains moments, pas tous été associé au film, car un moment donné c’est tombé dans les mains d’un autre réalisateur, car Patrick n’était pas disponible. Les méandres du cinéma sont très complexes.»
 
Question : Bien qu’on dit que c’est le même trio d’acteurs. Il reste que c’est plutôt Paul (le grand frère ou dans ce cas-ci le patron) et Guillaume avec Claude?
Paul : « C’est le bémol qu’on avait par rapport à ce deuxième film. Car il se passe de quoi quand on est les trois ensembles, cela se voit clairement, ça lève, il y a une étincelle particulière. Et cette fois-ci, Paul est souvent dans son char. On a cherché des moyens de l’amener dans l’appartement avec eux. Mais la structure du film ne s’y prêtait pas du tout. Le jour où l’on va faire un troisième projet, et qu’on serait peut-être les instigateurs du projet, nous-mêmes, on irait peut-être avec une commande pour exploiter vraiment notre trio.
Au niveau de mon rôle, il est très différent du précédent. J’ai joué Rémi Quintal (dans les 3 p’tits cochons) tout en retenu constamment, car il a un secret énorme à ne pas révéler. Tandis que cette fois-ci, Patrick voulait que je joue la pédale au plancher. Il fallait que le personnage s’éclate complètement. C’est un rôle très libérateur et fascinant. Cela défoule, mais c’est drainant physiquement, surtout quand tu dois refaire constamment la scène dans cette énergie-là, ce n’est pas facile. On parle de surmenage et de détresse dans le film, mais nous aussi, les acteurs cela n’a pas été facile de tourner, car on avait plusieurs projets en même temps. Les scènes avec le psychiatre et moi, on les a tous tournés la même journée et je faisais 103 de fièvre. Je faisais une pneumonie à ce moment-là. Et comme on a que 29 jours de tournage, on doit faire avec… »
 
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Questions pour Guillaume Lemay-Thivierge : Un rôle plus intello, plus introverti, pas très physique, en retenu, plus quelqu’un qui a peur. Comment as-tu approché ce genre de rôle?
Guillaume : « D’abord, on a voulu créer un personnage avec un look de quelqu’un qui est fait pour parler avec le public. Mais il pogne une débarque et se met à angoisser. Alors, j’ai voulu créer un personnage qui n’est pas bien en général avec tout. Dans ses mouvements, il y a toujours quelque chose qui n’est pas bien. Même avec son veston, il ne se sent pas bien. Plus le degré de problème émotif ou psychologique est grand plus c’est le fun à jouer… Donc je ne me tiens jamais vraiment droit, toujours un peu peureux et surtout, je ne fais rien de vraiment physique. Même si je donne un coup de poing, je me fais mal à la main.
 
 
Question : J’ai lu quelque part que vous aimez utiliser différents styles de souliers pour aller avec vos différents personnages. Pourquoi?
Guillaume « Mon contact avec le sol est important. Quand j’ai besoin d’être solide et fort, j’ai besoin d’être bien dans mes pieds et même d’ajouter un bout de talon pour me donner un peu de grandeur sur mes 5 pieds et 5. C’est très personnel comme technique, ce n’est pas une théorie éprouvée. Cela marche pour moi. Ça part dans ma tête et ensuite, il faut se croire. Alors pour le rôle, j’ai demandé des souliers dans lesquels je n’étais pas confortable. Alors, je n’étais jamais bien dans mes souliers. Et les vêtements et le look aussi m’aident pour développer mon personnage. À la première lecture du scénario, je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire avec cela. Mais une fois habillé et coiffé, alors là j’ai trouvé comment l’interpréter.»
 
Question : As-tu vu une différence entre le Patrick dans la réalisation de son premier film, versus celui-ci?
Guillaume : « Patrick est plus sûr de lui cette fois-ci. Il a eu des idées un peu plus complexes par rapport à la réalisation, dans ses mouvements de caméra, comme le ramping (dans les scènes de skateboard). Il a été plus avant-gardiste. Il a joué beaucoup avec la musique, où celle-ci est venue appuyer encore plus la scène en cours et la réaction de l’acteur. Cela a été un film très compliqué à faire, car on a filmé dans un coin très achalandé de Montréal. Alors quand c’est le temps de bloquer la circulation ce n’était pas facile. Le défi a été très grand. Et avec seulement 29 jours, ce n’est vraiment pas facile. Pour nous proposer de la comédie, Patrick, je le trouve dur à battre. » 
 
Question : Si un jour tu te sentais en détresse psychologique, est-ce que tu irais aisément chercher de l’aide?
Guillaume :« J’ai déjà consulté dans la vie. J’ai fait une thérapie intensive d’une semaine. Je ne serais pas gêné d’aller consulter. J’ai des gens autour de moi qui ont déjà consulté et qui sont mieux maintenant. Mais avant de consulter un psychologue ou un psychiatre, je pense que j’aimerais consulter comme un coach de vie, quelqu’un qui voit l’ensemble de ta vie et qui peut te proposer une façon saine d’équilibrer ta vie, avant d’être rendu au problème… Ou tu peux utiliser un bon élastique (rires). Cela fait la job et ça coûte bien moins cher. Et si tu n’as pas d’élastique de Filière 13, un bon élastique mauve de brocoli.»
 
 
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Pour la galerie de photos lors des entrevues : http://espace.canoe.ca/breton2010/album/view/842732
 
Synopsis
En proie à des violents maux de tête, Thomas (Claude Legault), policier d’élite commet une bavure stupide. Jean-François (Guillaume Lemay-Thivierge), un policier affecté aux relations avec les médias, vient de craquer en ondes en tentant d’expliquer la bavure de Thomas. Souffrant désormais de phobie sociale, Jean-François est assigné, avec Thomas à une tâche dérisoire de surveillance de la vieille mère d’un bandit recherché. Par pur hasard, les deux policiers en viendront à prendre en filature un voisin, Fecteau (Jean-Pierre Bergeron) un homme qui a trempé dans le scandale des commandites et semble mener une bien belle vie tout à coup. Entre-temps, le chef de police, Benoît (Paul Doucet), en plus de perdre le contrôle de ses policiers et leurs activités, semble aussi être hors contrôle dans sa vie familiale. Sa femme le quitte et ce dernier développe une fixation maladive au point d’épier son ex-épouse jour et nuit.
Mon appréciation du film
Pour un deuxième film je pense qu’encore une fois, la recette magique fonctionne. Rassembler un trio d’acteur dont la chimie d’amitié et de collaboration transperce l’écran, ajoutez-y trois femmes qui viendront donner du piquant et du fil à retordre dans les relations de couple. Saupoudrez le tout de répliques punchées hilarantes et un soupçon d’action, de course et de bagarre. Laissez mijoter pendant deux heures et on se retrouve avec un autre succès de notre cinéma québécois. Dans ce long métrage, on compte également sur une bonne dose d’intrigue en deuxième partie du film, tandis que la première heure sert surtout à placer les personnages, leurs problèmes et l’action.
 
On a droit à plusieurs petits rôles très savoureux, tels que le psychologue joué par André Sauvé, dont les interventions et la méthode de thérapie de l’élastique sont totalement jouissives. Également, les courtes apparitions d’Anik Jean ne peuvent être passées sous silence. Elle joue le rôle d’une véritable boule d’énergie et de bonne humeur qu’elle ne peut qu’attirer le sourire à chacune de ses présences à l’écran. Deuxième carrière en vue? 
 
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Pour ce qui est de la brochette d’acteurs principaux de ce film, Claude Legault, Guillaume Lemay Thivierge et Paul Doucet nous prouvent à nouveau qu’ils forment un trio d’enfer dynamique, crédible et agréable à regarder jouer. Paul Doucet, comme dans les 3 P’tits Cochons, joue un rôle de gars en contrôle, le « straight man », celui en charge, mais qui, on le verra, voit sa vie chambouler comme les deux autres. Comme toujours, une magnifique performance de cet homme de grand talent. Claude Legault et Guillaume Lemay-Thivierge forment ensemble le duo de policiers du style qu’on a vu souvent et qui fonctionne toujours, l’homme d’action et l’homme de tête. La brute et l’intello, le Mel Gibson et Danny Glover, le Depardieu et Pierre Richard, le Michel Côté et Louis-José Houde… Il est fabuleux de voir comment Guillaume réussit à transformer son image d’un film à l’autre et tromper l’œil et nous faire oublier ses autres rôles. Un véritable caméléon. Cette fois-ci, je me réjouis de le voir jouer un intellectuel, un peu peureux, tout en douceur et qui doit à plusieurs moments adopter de nouveaux personnages pour son travail de filature. Cela nous démontre la très grande qualité de jeu de cet acteur et me fait apprécier de plus en plus son immense talent. Claude pour sa part, sait nous communiquer sa douleur, ses émotions intenses, tout en lançant une réplique complètement désopilante, pince-sans-rire, comme on l’a déjà vu faire dans d’autres films de façon admirable comme toujours.
 
 
Au niveau de la réalisation, Patrick Huard, toujours aussi méthodique et minutieux, ne laisse rien à l’écart. La musique par exemple, vient supporter les états d’âme et renforcer les émotions du moment. De judicieux choix musicaux comme trame sonore, comme je les aime. Justement, parlant de la musique, c’est à Beast, le célèbre duo montréalais, que Patrick Huard a confié la composition de toute la musique originale de Filière 13. Par contre, au niveau du jeu de caméra, lors des bagarres, les images montrées sont en saccades et flous, et ceci m’a quelque peu agacé. Je sais que c’est un genre qui est utilisé parfois dans des films pour donner l’impression de faire partie de l’action, mais pour ma part, cela ne fonctionne pas. Mais l’effet de ramping, que l’on retrouve dans les scènes de cascades au terrain de skateboard, m’a bien impressionnée.
 
 
Finalement, les rôles de filles dans ce film, tout comme dans le précédent, sont plutôt des rôles de second plan qui servent l’action, mais qui ne donne pas beaucoup de place encore une fois aux femmes.
 
Un film pour tous, qui plaira à toute la famille, puisqu’il y a un peu de tout dedans. Un mélange d’humour, d’action, d’intrigue et de relations de couples. Un deux heures bien investi à mon avis. 
 
 
 
Équipe
Producteur : Pierre GENDRON
Producteur délégué : François SYLVESTRE
Directeur de production : Jean-Yves DOLBEC
Scénaristes : Claude LALONDE et Pierre LAMOTHE
Réalisateur : Patrick HUARD  
Premier assistant-réalisateur : Carl-Roméo DESJARDINS
Directeur de casting : Rosie YALE
Directeur photo : Bernard COUTURE
Directeur artistique : Gilles AIRD
Coordonnateur de cascades : Jean FRENETTE (On Set Stunts)
Régie extérieure : Pierre MONGRAIN
Costumes : Marie-Chantal VAILLANCOURT
Coiffure :Chantal BERGERON
Maquillage : Larysa CHERNIENKO
Superviseur de postproduction : Érik DANIEL
Monteur image : Jean-François BERGERON
 
Comédiens
Thomas : CLAUDE LEGAULT
Jean-François : GUILLAUME LEMAY-THIVIERGE
Benoît : PAUL DOUCET
Fecteau : JEAN-PIERRE BERGERON
Marie-Claude : ELISABETH LOCAS
Isabelle : MARIE TURGEON
Mylène : ANIK JEAN
Dr Clermont : ANDRÉ SAUVÉ
Pharmacien : LAURENT PAQUIN
Médecin de Thomas : SHARLÈNE ROYER
Mme Régimbald : CARMEN FERLAN
Femme de Fecteau : MONIQUE SPAZIANI
Commis des Postes : LUC SENAY
Paul, collègue : JEAN PETITCLERC
Journaliste : ANNICK LÉGER
Chef de police : WIDEMIR NORMIL
Canne de Bine : DANIEL BOUCHER
Homme de main : EMMANUEL AUGER
Rouquin : JEAN-MARC DALPHOND
Femme du Chef de police : CAROLINE BINET
Dentiste : FRANÇOIS LAMBERT
Réceptionniste Clinique dentaire : SOPHIE CARON
Maître de cérémonie : JEAN TURCOTTE
Témoin italien : TONY CONTE
Léo : FÉLIX BRIÈRE
Chloé : VIRGINIE COUILLARD
Déménageurs : JEAN-GUY BOUCHARD  et ALEXANDRE CLAUTER
Jeune hockeyeur : IAN PLOURDE
Géant : MARTIN PAQUETTE
Policiers : KATIA DI PERMA  et STÉPHANE BEAUPRÉ
Policier à l’accueil : MICHEL DAIGLE
Revendeur : SYLVAIN DUBOIS
Locataire de Benoît : JOSÉE BEAULIEU
Patiente : JULIE SAINT-PIERRE
Ado pour Deal : WILLIAM DEMERS
Fils de Benoît – 4 ans : EMMANUEL SÉGUIN
Fils de Benoît – 7 ans : BENJAMIN BRISSON
Vendeur de vin : KARL POIRIER-PETERSEN
Amant d’Isabelle : LOUIS-PHILIPPE CHAMPAGNE
Jeune asiatique : CHRISTINE HOANG
Itinérant : ROBERT STACEY
Amie d’Isabelle : CORINE CHEVARIER
Vendeuse de fleurs : RITA RICIGNUOLO
Chauffeur de taxi : DIB ABI KHALIL
Bar Boy : FRANÇOIS-XAVIER GOSSELIN
Bouche de Jean Chrétien : JEAN-FRANÇOIS PARADIS
 
 
ZooFilms
 
Alliance VivaFilm
 
Communication Popcorn

 

  

 

crédit photos : Lise Breton et Alliance Vivafilm