Le bonheur a la queue glissante

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Comme un lent filet de souvenirs qui s’échappent de la mémoire d’une grand-mère de soixante-quinze ans. Immigrante de surcroit. En provenance du Liban. Ce récit écrit en 1988, bien avant la Commission Bouchard-Taylor, décrit la prison psychologique à l’intérieur de laquelle vivent des personnes immigrées qui n’arrivent pas à communiquer avec  leurs  nouveaux concitoyens. Pour raison de langage et de culture.

 

Abla Farhoud nous livre dans Le bonheur a la queue glissante les réflexions de Dounia, venu du Liban au Québec avec son mari et ses enfants pour accéder à une vie meilleure. Pour ses enfants. Car elle veut mourir là où ses enfants seront heureux.

 

Outre la barrière de la langue, qui l’empêchera toute sa vie de communiquer avec les membres de sa société d’accueil, un trait culturel, propre à sa culture d’origine, vient doubler les barreaux de sa prison. «  Parce que ce père, qui allait jusqu’à insulter la mémoire de ma mère qui avait enfanté une fille qui se laissait fendre la lèvre, nous a appris à le respecter, à l’honorer, à respecter nos frères et notre mari, à dépendre du soutien des hommes. Parce que ce père et toute sa communauté d’hommes, et de femmes aussi, nous ont appris à plier, à nous taire, à ne rien dévoiler, à avoir honte, à tout endurer ».Tout est là dans cette réflexion faite au crépuscule d’une vie au service absolu des autres.

 

Voilà qui illustre bien la condition de la femme dans certains pays. Cet enfermement psychologique qui devient vite prison.

 

Ce roman raconte avec fraîcheur le destin de Dounia, de Beyrouth à Montréal. «Je veux mourir là où mes enfants sont heureux», dit celle qui a finalement pris racine au Québec.
Dounia, 75 ans, ne sait ni lire ni écrire et ne parle que l’arabe. Elle laisse la parole à Salim, son mari, et à ses enfants, qui parlent une langue qui lui est étrangère. Elle se croit muette, inintelligente. Dans Le bonheur a la queue glissante, elle murmure avec naïveté et sagesse une culture orale surprenante qui glisse en nous comme le bonheur. Avec elle, on se laisse bercer par les proverbes libanais, on questionne la vie et la mort, on rit et on pleure. Dounia – «le monde», en arabe – possède une voix et un cœur grands comme le monde, aussi fragiles que le bonheur.
Publié pour la première fois en 1998, Le bonheur a la queue glissante a été couronné par le prix France-Québec – Philippe Rossillon et a connu un vif succès auprès des lecteurs tant au Québec qu’en Europe.

 

Un récit émouvant, plein de sagesse et toujours d’actualité.

 

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Dramaturge lue et jouée au Québec, aux États-Unis, en France, en Belgique et au Liban, Abla Farhoud a reçu en 1993 le prix Arletty de l'Université de la langue française et le prix Théâtre et Liberté de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques de France. En 2005, elle a fait paraître son troisième roman, Le fou d'Omar, chez VLB éditeur.

 

Nombre de pages : 158

Prix suggéré : 14,95 $

 

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