Depuis le 11 janvier dernier, le Théâtre Périscope codiffuse et présente au studio Marc-Doré la pièce Moi aussi ! des Productions Préhistoriques, les spécialistes et virtuoses de l’art clownesque et qui ont créés par le passé Mammouth et Maggie en 2001 et King Lear contre-attaque en 2004.
Cette pièce fantaisiste, qui alterne entre le rire et la poésie dramatique, écrite et mise en scène par Mario Villeneuve et Véronika Makdissi-Warren, nous fait partager le quotidien à la fois modeste et épique d'une femme-clown sans-abri, avec son chien Ulysse, qui rêve de gagner à la 6/49, ce qui lui permettrait d’être heureuse. Surtout, elle pose un regard naïf et poétique sur toutes les petites choses de la vie. Elle veut comprendre le monde et y trouver sa place.
Ce qui rend cette pièce d’une heure intéressante c’est de voir la grande complicité, connivence et communion entre la mime et son bruiteur, entre Véronika et Frédéric Lebrasseur le musicien-bruiteur, son barbu comme elle l’appelle affectueusement. Bien qu’à certains moments ces deux artistes interviennent et s’interpellent en parole, ce sont surtout les gestes mimés, tel un cartoon télévisé, le bruit des accessoires inventés, et les mimiques expressives de la comédienne-clown qui nous captivent et nous émerveillent le plus.
Avec plus de 150 bruits, produits avec toutes sortes d’objets hétéroclites, ce duo nous entraine dans la rue, alors que la jeune clown pourchasse une mouche qui lui tourne autour, puis on la regarde s’amuser avec ce qu’elle trouve en fouillant dans les poubelles pour trouver des trésors. Elle interpelle même à certains moments le public, lorsqu’elle mendie un peu de bidous. Ce moment est très drôle et émouvant à la fois. Un de mes moments préférés également dans le spectacle, survient lorsqu’elle fait un retour arrière dans sa vie, lorsqu’elle a fait la rencontre de son chien. Un moment de pur délice, de voir ses mains se transformer en petites marionnettes. L’enfant en nous devient alors fasciné par ces petits bouts d’imaginaires émouvants. Finalement, Frédéric Lebrasseur nous épate de son talent avec ses instruments diversifiés, en particulier lors de la scène de tempête, ou Véronika Makdissi-Warren nous en mets également plein la vue de son art de clown de théâtre lorsqu’elle tente de passer à travers ce temps de chien pour se rendre au dépanneur avec son billet de loterie. Un vrai petit bijou de numéro!
Lors des répétitions, le numéro des marionnettes
C’est en juin dernier, dans le cadre du carrefour international de théâtre, que j’ai vu pour la première fois ce duo fantastique, lors de la présentation d’une partie de leur pièce en cours de construction, sous forme de chantier, laboratoire de travail. Ceci a été présenté à un public, afin d’avoir le feedback de celui-ci et de nous donner le goût de voir le produit fini.
Je suis agréablement surprise du travail accompli et du résultat de cette magnifique pièce qui réussit à nous parler de la maladie mentale, des gens de la rue qui sont seuls, des dures réalités de la vie, de la trop grande place et du pouvoir que l’on donne à l’argent, tout en nous présentant un univers ludique, enfantin presque, ou la naïveté et l’émerveillement est au rendez-vous. Tantôt triste, tantôt comique et souvent très poétique, cette pièce évoque la joie que cela crée de rêver à un monde meilleur. Cela nous permet d’avoir une certaine force pour survivre et surmonter les obstacles de la vie. Cette pièce vaut vraiment la peine d’être vue et appréciée autant par les enfants que par ceux qui ont gardé leur cœur d’enfant.
Cette pièce est présentée Du 11 janvier au 5 février 2011 à 20h, dans le studio de création Marc-Doré au théâtre Périscope, 2, rue Crémazie Est, Québec
BILLETS : de 19 $ à 28 $
TÉL. : 418 529-2183
Scénario et mise en scène : Véronika Makdissi-Warren et Mario Villeneuve
Comédienne : Véronika Makdissi-Warren
Musicien et «brasseur de son» : Frédéric Lebrasseur
Décor et éclairages : Christian Fontaine
Maître de mouvement : Marc Doré
Costumes : Julie Morel
Les productions préhistoriques : http://pages.videotron.com/mak/
crédit photo : Mario Villeneuve
