Gerry Toujours Vivant

J’ai vu, en grande première, sur invitation de presse, le film Gerry, toujours vivant qui rend hommage à la carrière de Gerry Boulet, sa musique et sa voix unique et mettant en vedette Mario Saint-Amand. Le film prend l’affiche le 15 juin et mon entrevue avec les artisans du film se trouve dans la section Rencontres.

Synopsis

Gerry est un drame relatant la vie du célèbre Gerry Boulet, pionnier du rock’n roll québécois. Une vie menée à plein régime et surtout caractérisée par l’amour de la musique. De son enfance déjà centrée sur la musique, jusqu’à ses derniers jours, en compagnie de sa fidèle épouse Françoise, ce film présente les évènements importants dans la carrière de Gerry, comme ses débuts dans le groupe Les gants blancs, la création d’Offenbach et ses spectacles inoubliables à l’Oratoire Saint-Joseph et au Forum de Montréal. Certains moments de sa vie personnelle aussi y sont dépeints, comme sa rencontre avec sa première femme Denise Croteau, avec qui il a eu 2 enfants puis sa vie avec Françoise Faraldo, sa deuxième épouse avec qui il a eu une fille Julie, et finalement le cancer qui lui enleva la vie en 1990. 

Ce film, il ne faut pas se le cacher, était attendu par tout le monde pour diverses raisons. D’abord, les plus grands fans de Gerry Boulet et de la musique d’Offenbach voulaient voir un hommage à ce pionnier du rock’n roll et à cette musique qui est toujours vivante même 20 ans après son décès. Ensuite, comme dans tout film sur la vie de personnalités connues, les gens voulaient voir si la personnification de ces divers musiciens et surtout Gerry, était fidèle à la vision qu’ils avaient d’eux. 

Pour ma part, je peux dire que dans les deux cas, le film comble toutes les attentes. Ce film est littéralement un hommage posthume à Gerry Boulet, qui a été le premier, avec Offenbach, à créer le rock’n roll au Québec, avec notre langue à nous. De plus, les acteurs du film, grâce à leur talent, leur passion, leur travail de recherche et la grande collaboration de l’entourage de Gerry Boulet, sa famille et ses musiciens, ils ont su recréer l’esprit, l’humeur, la sensibilité, l’essence même de chacun des personnages, la passion qui les habitait et les relations qu’ils entretenaient, sans pour autant tomber dans la caricature ou l’imitation. 

Ce film est basé sur le livre de 500 pages Gerry Boulet, avant de m’en aller de Mario Roy. Il est certain qu’il était impossible de tout mettre dans le film, alors certains moments sont à peine effleurés, comme l’enfance de Gerry, d’autres ont carrément été écartés, comme sa collaboration avec Vic Vogel. Mais les évènements marquants de la vie de Gérald Boulet, autant au niveau sentimental, familial que sa carrière de compositeur et chanteur sont présentés dans le film. De la création du groupe des Gants blancs, dans les années 60, à l’origine de la formation du groupe Offenbach, puis les deux ans en France pour le documentaire Tabarnac, la messe donnée à l’Oratoire St-Joseph, jusqu’au spectacle au Forum et la séparation du groupe, tous ces moments cruciaux sont au rendez-vous dans le film. Et les moments importants de la vie personnelle de Gerry également sont présents, comme ses deux épouses Denise et Françoise, la naissance de ses enfants, la mort de son père, jusqu’à son cancer qui lui causera la mort. Ce film en est un d’émotions, de passion et de détermination. Il contient la genèse de la création de plusieurs gros succès musicaux, et pas moins de 32 chansons se retrouvent dans le film, au plus grand plaisir des fans de Gerry.

 

 

Au niveau de la réalisation, Alain Desrochers a réussi un tour de force. D’abord, comme le film se passe sur quatre décennies, il y a eu un travail colossal à faire pour reproduire les années 50, 60, 70 et 80 de manière crédible. C’est avec un grand souci du détail qu’il s’est acquitté de cette tâche pour plonger le public dans diverses époques. Ensuite, il a su recréer les évènements marquants comme le spectacle du Forum, de manière à faire ressentir au public l’ambiance et l’énergie de ce moment magique. On retrouve quelques moments également, comme le trip psychédélique, qui fait décrocher de la réalité pour mieux faire comprendre l’émotion, l’état d’âme dans lequel le band se trouvait. Et naturellement la musique, qu’il fait bon entendre beaucoup et longtemps, pour vraiment recréer les moments magiques et faire plaisir aux fans, avec la voix originale de Gerry Boulet pour la plupart des chansons, sauf trois ou quatre chansons où c’est bien d’entendre alors la voix unique de Mario Saint-Amand. Le seul bémol que j’ai par rapport à la réalisation se trouve au niveau des moments romantiques où Gerry rencontre sa première femme Denise et s’amourache de sa deuxième femme Françoise. Ce sont des scènes qui, à mon avis, font un peu dans la guimauve, le bonbon, le mielleux, avec les jeux de ralenti, la petite musique, les caresses douces, délicates qui s’éternisent et qui détonnent sur le reste du film. 

Au niveau des personnages, plusieurs des acteurs du film en étaient à leur premier grand rôle au cinéma, ce qui a permis au public de voir de nouveaux visages et de croire plus facilement à leur interprétation. Chacun d’eux a réussi à bien cerner la personnalité des musiciens qu’ils interprétaient, tout en laissant toute la place requise à Gerry qui demeure le point central du film. Marc-François Blondin (Johnny Gravel guitariste) sait se rendre discret, mais efficace et prend toute sa place au moment de la dissolution du groupe. Mathieu Lepage (Michel ‘Willie’ Lamothe)  dépeint Willie de manière crédible en s’inspirant de sa manière d’être sur scène, et sa prédilection pour draguer les filles. Roberto Mei (Roger ‘Wezo ’ Belval, le batteur albinos) s’est physiquement rapproché du look du maigre albinos et a montré de la détermination en apprenant à jouer de la batterie pour le rôle. Jonas Tomalty (John McGale guitariste), pour une première apparition au cinéma démontre bien son savoir-faire à la guitare et comme acteur. Eugène Brotto (Breen Leboeuf),  a su faire transparaitre le côté bon garçon et sympathique du rocker qu’était Breen Leboeuf. Éric Bruneau (Pierre Harel) a démontré toute la présence et la prestance de Pierre. Le public a senti aisément que Gerry et Pierre étaient deux têtes fortes, aux idées arrêtées qui se faisaient face et se confrontaient. Louis-David Morasse (Denis Boulet) incarne à merveille le grand frère protecteur de Gerry. On voit à tout moment, le regard de fierté et d’admiration que Denis jette sur Gérald. On sent la proximité et la complicité entre ces deux êtres qui se comprennent à demi-mot. Madeleine Péloquin et Capucine Delaby incarnent les deux femmes plutôt effacées de Gerry. Elles sont douces, gentilles et aimantes. Au look très opposé, mais aux qualités semblables, on comprend facilement pourquoi Gerry les a aimés et a su difficilement s’en séparer, dans le cas de Denise.

 

Mario Saint-Amand (Gérald Boulet) crève littéralement l’écran. D’abord, son look est assez fantastique, avec sa grandeur, ses cheveux longs et sa démarche semblable à Gerry. Et sa voix, bien que plus claire que Gerry, est tout de même rauque et facilement reconnaissable. Mais ce qui rend la performance de Mario si exceptionnelle, c’est la passion, l’intensité, l’esprit et l’émotion qui l’animent dans chaque scène, chaque parole, chaque chanson. Mon moment préféré du film est celui où Mario chante lui-même la chanson Georgia on my mind lors des funérailles de son père. L’émotion est vive. Elle se voit sur son visage et se ressent dans sa voix. C’est sublime!  

Ce film plaira aux plus grands admirateurs de Gerry Boulet et d’Offenbach tout en permettant de se remémorer des moments marquants de l’histoire du Québec. Et pour ceux qui ne connaissent pas Gerry, ils auront la chance, par ce film, de découvrir un vrai passionné de musique. 

Le making-of du film sera présenté à Radio-Canada le 23 juin 2011 à 20h, pour ceux qui seraient intéressés par le processus de création de cet hommage posthume à Gerry Boulet

Un film de
ALAIN DESROCHERS

Scénario et dialogues
NATHALIE PETROWSKI d’après le livre Gerry Boulet, avant de m’en aller de Mario Roy

Une production de
CHRISTIAN LAROUCHE

Société de production : Les Films Christal

Avec
MARIO SAINT-AMAND (Gerald ‘Gerry’ Boulet)
CAPUCINE DELABY (Françoise Faraldo)
LOUIS-DAVID MORASSE (Denis Boulet)
MARC-FRANÇOIS BLONDIN (Jean ‘Johnny’ Gravel)
MATHIEU LEPAGE (Michel ‘Willie’ Lamothe)

ROBERTO MEI (Roger ‘Wezo’ Belval)
MADELEINE PELOQUIN (Dense Croteau)

ERIC BRUNO (Pierre Harel)
EUGENE BROTTO (Breen Leboeuf)
JONAS RICHARD TOMALTY (John Mígale)
ERIKA GAGNON (Charlotte Boulet, mère de Gerry)
LUC PROULX (Georges Boulet, père de Gerry)

NORMAND DANEAU (Béranger Dufour)

JASSEN CHARRON (Gerry, jeune)

Direction de la photographie
YVES BÉLANGER C.S.C.

Direction artistique
DOMINIQUE DESROCHERS

Création des costumes
CARMEN ALIE

Montage image
ERIC DROUIN

Musique originale
F.M. LESIEUR

Distribution des rôles
DANIEL POISSON et PIERRE PAGEAU

Maquillage
JULIE CASAULT

Coiffure
DENIS PARENT

Son
MARTIN DESMARAIS

Producteur délégué
CLAUDE PAIEMENT

Superviseur de la production
ÉRIK DANIEL

http://www.gerry-lefilm.com/

 

 

Crédit photo :  Les Films Christal