Manigances

Manigances

Tout récemment, les éditions Textes Gais et l’auteur Denis-Martin Chabot ont annoncé la ré-édition de la collection des Histoires du Village. Cette série comprend les titres Manigances, Pénitence, Innocence et Accointances, publiés depuis 2003. !

Ces titres sont disponibles en version électronique, individuellement ou regroupés sur la plupart des sites de téléchargements dont iTunes et Amazon.com. Ils ont tous été révisés et mis à jour.

Ayant par le passé déjà lu Accointances, connaissances et mouvances, soit la conclusion de ces Histoires du Village. J’ai donc eu le goût de faire un retour en arrière pour lire les trois premiers volets de cette saga.

Voici donc mon appréciation de la version originale de Manigances, et non de la nouvelle édition électronique qui a été revue et mises à jour. Mais cela vous donnera tout de même une bonne idée de ce premier livre, paru en 2003. 

Manigances est un disco-bar du Village gai de Montréal. C’est aussi une histoire d’amour et de meurtre où le sexe explicite, parfois sordide, conduit le lecteur haletant de page en page dans un suspens où l’issue n’est jamais certaine. Dans Manigances, l’amour et la haine, la passion et la vengeance, le plaisir et la douleur se côtoient indistinctement. L’histoire se déroule en pleine sous-culture gaie, au début des années 80, années d’innocence, de découverte, de témérité, mais aussi années de danger, de malaise et de mal-être. 

Ce roman en est un de passion, d’amour, de crime, de suspens, de mystère. Ce que j’aime le plus dans l’écriture de Denis-Martin Chabot c’est la façon dont il décrit des scènes, de manière imagée, en jouant avec les mots, en nous communiquant l’émotion de ce qui se passe. En tant que journaliste, la description est nécessairement l’une de ses forces et il réussit très bien à transposer cette force dans sa narration de scènes érotiques. « … de grosses gouttes de sueur s’écoulent dans la vallée entre les pectoraux de Marc. Avec sa langue agile, Roger aurait bien aimé s’y abreuver… avec vue sur cette taille qu’il tiendrait facilement entre ses deux mains, et ces fesses mignonnes et rondes qu’il n détesterait pas tâter. » Il y ajoute parfois une note humoristique ou une comparaison au hockey par exemple des plus palpitantes. « … Pierre était la nouvelle recrue, repêché au sauna Saint-Marc. Pour faire monter la testostérone, rien de mieux que des amateurs très excités pour une joute bien disputée. Ce soir-là, Pierre impressionne les deux complices avec son jeu tout en puissance et ses nombreux lancers bien frappés. Il est toutefois moins doué comme gardien de but, mais Jean-Pierre et Michel réussissent tout de même à marquer quelques buts dans son petit filet bien étroit.»    

Mais ce livre n’est pas qu’un amalgame de scènes crues de baises, d’orgies ou de moments érotiques, il raconte aussi une histoire, celle de Pierre et Marc qui auront une relation houleuse et dont le manque d’estime en lui de Pierre, face au succès et à la carrière de Marc, fera en sorte qu’il cherchera vengeance à tout prix. Plusieurs autres personnages gravitent autour d’eux et le lecteur tente de coller les morceaux d’histoires ensemble pour reconstituer le passé et le présent de chacun. Car cette œuvre est présentée dans le désordre. Par de petites et grandes vitrines, l’on alterne entre le passé et le présent qui avance à petits pas, pour mieux reculer par la suite. Il faut donc lire assez rapidement cette histoire, si on ne veut pas en perdre le fil. J’ai trouvé cet exercice de recollage des morceaux assez complexe, mais aussi très intéressant. Cela nous garde nécessairement alertes et attentifs à tous les détails, les mois, les années, pour ne pas s’y perdre. J’ai bien aimé ce procédé qui nous permet peu à peu de découvrir le passé mouvementé des divers personnages et y suivre aussi l’intrigue et le suspens lié aux viols et au meurtre qui survient dans le livre. 

Naturellement, j’aime bien apprendre à connaître la réalité qu’ont vécu les gais dans les années 80 et même avant. Comme c’est un milieu que je connais peu et que je suis de nature curieuse de la vie, je trouve que Denis-Martin présente bien ses personnages et les rend très crédibles et attachants. C’est un livre que j’ai pris plaisir à lire rapidement en deux jours.

 

Denis-Martin Chabot

Après avoir lancé ces livres au Québec et en Europe, l’auteur tente de percer le marché anglophone. Mangames, la traduction anglaise de Manigances, le premier tome de la série, est sorti en 2010. Denis-Martin Chabot est journaliste à la radio et à la télévision depuis vingt-cinq ans. Outre ses romans sur les chroniques du Village Gai, il a contribué deux nouvelles à la revue littéraire acadienne, Ancrage, numéros 4 et 6. Il est aussi l’un des 55 lauréats et lauréates des Prix littéraires Naji Naaman 2011. Il a remporté le Prix littéraire Gros sel en 2006 en Belgique pour son premier roman, Manigances. L’an dernier il se méritait un premier prix en fiction et un troisième en poésie, au festival littéraire Altern’art de Québec. Il a, en outre, publié des textes dans plusieurs recueils collectifs. Il a aussi contribué au recueil de nouvelles Sortir de l’ombre en 2009. Il est aussi du nombre des auteurs de Pulsions poétiques, Délice Interdit (nouvelles érotiques) et Les voisins d’à côté (nouvelles et récits), publiés en 2010

La version papier de Manigances est disponible sur le site web de l’auteur a www.denismartinchabot.com, de même qu’à la librairie Ménage à trois au 1672, rue Sainte-Catherine Est à Montréal et à la librairie Les Mots à la bouche au 6, rue Sainte-Croix dela Bretonnerie, Paris 75004.

 

 Prix 19.95 $

200 pages