T’es con, point

 

T'es con, point

« T’es le genre de gars qui tombe amoureux après une première rencontre. T’es le genre de gars qui se répète une conversation cinquante fois dans sa tête et puis gâche tout quand c’est pour vrai. T’es le genre de gars qui se lave les cheveux trois fois dans la même journée parce qu’il a un rendez-vous avec une fille au resto le soir. Puis se fait prendre par la pluie en y allant. T’es le genre de gars qui est un peu con comme ça… Tu as baisé avec la copine de ton meilleur ami ce matin. T’es con.»

Après avoir lu le résumé sur la couverture arrière de ce livre, j’ai eu une soudaine envie d’en connaître plus sur ce garçon, Lee Goodstone, fin vingtaine, marginal, qui habite dans la partie pauvre du quartier de NDG, dans l’ouest de Montréal. À travers une multitude de petits chapitres qui détaillent chacun un évènement en particulier du quotidien, le lecteur entre dans le monde de Lee et sa bande de loser, le temps d’une saison. Revendeur de haschisch, Lee est à l’aise dans sa petite existence minable avec ses amis Aaron, Henry (personnage très bizarre dont tout le monde se méfie), Johnny (le macho, beau bonhomme, sûr de lui et qui peut avoir toutes les filles) et surtout Honey (la blonde de Johnny, la plus belle fille que Lee connaisse et dont il est secrètement amoureux depuis des années). Le tout est raconté à la deuxième personne du singulier, alors que l’auteur s’adresse à Lee, en lui racontant sa vie, comment il se sent et ce qu’il pense à l’intérieur.

C’est plutôt rare de voir un livre ainsi écrit au TU. Et honnêtement, cela m’a pris quelques chapitres à m’habituer à cette écriture. Puis, l’effet de surprise passé, j’ai su bien apprécier cette façon de raconter l’histoire de Lee.

Ce qui fait la grande force de livre, à mon avis, c’est la qualité de l’écriture, la plume de l’auteur qui a la finesse et la minutie de décrire en détail des évènements, des sentiments, des situations, les hauts et les bas de la vie de Lee. Si bien, que l’on a l’impression de vraiment y être et de ressentir les mêmes choses que ces personnages. Une image en 3D se forme dans notre tête grâce à la poésie de ces mots. Par exemple, la récapitulation d’un match de sport à la télé que Lee regarde : « C’est la poésie qui te plait. Les beaux jeux, pas la marque finale. Le pointage est un simple prétexte pour exhiber les prouesses des joueurs. On montre les faits saillants au ralenti. Tout a l’air bien, au ralenti. Tu adores voir le bombement des cordages quand la rondelle touche le fond du filet, le ricochet de la balle lorsqu’elle quitte le bâton, la spirale hypnotique du ballon de football lorsqu’il traverse le ciel. Le putt qui roule puis disparaît de la vue. La rotation d’un ballon de basket lorsqu’il quitte le bout des doigts d’un joueur, le cerceau du panier qui miroite au-dessus du flou artistique de l’arrière-plan… Même lorsqu’ils entrent en collision les uns avec les autres en se frappant de plein fouet au milieu de la glace ou du terrain, il y a une élégance qui donne une beauté incroyable à la violence à l’écran. La douleur est sublime. Un très gros plan de la sueur qui perle sur le front d’un athlète au super ralenti lui donne l’air d’une star de cinéma. » Cela me donne soudainement le goût de voir un match de sport à la télé.

Il y a parfois des situations de malaises qui arrivent, d’autres complètement loufoques et totalement humoristiques (comme la rencontre de Lee avec la journaliste pour un reportage en avant de la maison de Henry, je l’ai relu deux fois, tellement j’ai adoré.). Naturellement, ce qui fait le charme de ce livre, c’est le fait qu’on a l’impression de retrouver nos propres démons, no gaffes, nos défauts, nos erreurs. Bien que ce soit l’histoire d’un gars, pathétique à souhait, on connaît tous un gars comme cela, ou on reconnaît tous en lui des traits de caractère ou des agissements qui nous ressemblent. 

En librairie depuis le 1er févirer 2012

DOUG HARRIS, diplômé en communication de l’Université Concordia, est aujourd’hui propriétaire des Productions Hot Spots, une compagnie de production vidéo primée par le Bureau de la télévision du Canada pour de nombreuses publicités. T’es con, point, publié en anglais en 2010, est son premier roman.

Traduit de l’anglais (Canada) par Éric Fontaine

392 pages

Prix : 24.95$ version papier

         17.99 $ version électronique

 

Editions Stanké

http://www.edstanke.com/