La meilleure façon de s’aimer

La meilleure façon de s'aimer

Murée dans son silence, Fatima revisite son passé, ses secrets, ses histoires d’amour bâclées, faites de violence et de trahisons. Et, tout au bout de sa mémoire, tel un soleil ressuscité, surgit un petit enfant. Auprès d’elle, à Paris, son fils Saïd n’a toujours pas compris pourquoi sa mère n’a jamais su lui dire qu’elle l’aime.

En lisant ce résumé à l’arrière de la couverture de ce volume, je me suis dit que ce livre en serait surement un rempli de d’amour, de tendresse, de sensibilité, un baume pour le cœur. Et j’avais raison. À la lecture de ce magnifique petit bouquin (trop court à mon goût), je me suis imaginé parfois dans le corps de cette mère Fatima, clouée sur un lit d’hôpital à la suite d’un accident vasculaire cérébral, incapable de parler, avec pour seul contact avec les autres, sa main droite qui se réveille tranquillement après 3 mois de mobilité. À d’autres moments, je me retrouvais dans la tête de Saïd, cet homme aux origines arabes dans une France qui au lendemain du 11 septembre a peur et mène la vie dure aux gens comme lui. Sans emploi, vivant des amours tumultueuses avec Clothilde, il rend visite à sa mère hospitalisée en espérant un miracle.

Cette histoire, Akli Tadjer nous la raconte en alternant les narrations, tantôt le fils, tantôt la mère. Tantôt au présent, tantôt au passé. Fatima revisite sur son lit l’hôpital, son passé, son enfance dans un orphelinat, sa famille d’adoption, l’Algérie, l’exode, son arrivée à Paris, mais surtout elle nous parle de la petite fille qui porte une robe jaune. On ne sait pas son nom, ni le lien qui l’unit à Fatima. Mais on comprend qu’il y a une grande affection entre les deux et au fil des pages, on apprendra ce qu’elles sont l’une pour l’autre. Pour Saïd, c’est également son enfance qu’il revit, ses relations avec sa mère qui ne lui a jamais dit qu’elle l’aimait. Son père qui décède trop rapidement. Pas surprenant qu’il ne réussisse pas bien sa vie amoureuse. Il n’a jamais appris à s’aimer, à aimer. 

En plus d’être un roman bouleversant sur la difficulté d’aimer et de se le dire, il est empreint d’humour et de profondeur. Car avec des sujets aussi graves que le racisme, l’immobilisme de la maladie, le manque d’amour, l’abandon, il faut que le tout soit amené avec un brin de légèreté d’ironie et de nostalgie pour ne pas sombrer dans le drame noir. 

Akli Tadjer sait magnifiquement nous livrer ces réflexions avec doigté et sensibilité.  Une œuvre intimiste qui m’a permis de revisiter mes propres non-dits et maladresses en amour.   

 

Akli Tadjer

Akli Tadjer

Comme Saïd, le narrateur de La meilleure façon de s’aimer, Akli Tadjer est né à Paris. Il est l’auteur de sept romans, dont trois ont été adaptés pour la télévision, Le Passager du Tassili, Le Porteur de cartable et, prochainement sur France 3, Il était une fois… peut-être pas.

Nombre de pages : 284 

Prix : 29.95$

Édition chez Hachette Canada

http://www.hachette.qc.ca/

 

 

Édition JC Lattès en France

http://www.editions-jclattes.fr/