Les Architectes théâtre improvisé et désobéissance scénique à la Casbah

Les architectes en réflexion

La troupe d’improvisation théâtrale Les Architectes; théâtre improvisé et désobéissance scénique présente, les samedis soirs, une fois par mois, àla Casbah de l’Impérial de Québec, une nouvelle forme d’improvisation.

Le 21 avril dernier, le public a pu accueillir le génie inventif de six joueurs de la ligue d’impro de Québec (Impro LIQ) qui ont su divertir la foule dela Casbahpour un coût minime de 5$ et un maximum de plaisir. Au programme, Sophie Thibeault, Christian St-Pierre, Geneviève Boivin, Daniel Gosselin, Denis Marchand et Martin Juneau, tous des joueurs émérites d’improvisation, avec de la répartie plus vite que l’éclair.

Le concept de cette soirée est bien simple :

Contrairement à un match d’impro régulier, il n’y a pas d’arbitre, ni de vote. Ce sont plutôt 6 comédiens, vêtus de noir qui s’entraident pour construire une histoire improvisée, sur un thème donné par le public, aidé seulement d’un musicien, un éclairagiste, des chaises, un micro et une sonnette.

À tour de rôle, chaque comédien devient animateur le temps d’une impro, pour lire le thème et parfois pour y imposer un handicap, histoire d’augmenter le défi. Puis, les cinq autres membres de l’équipe ont 20 secondes de réflexion, avant de décider, par un «Moi» claironné bien fort, qu’ils veulent débuter cette impro. Si une personne s’avance, alors elle commence seule cette histoire, par contre, à tout moment les autres coéquipiers peuvent intervenir pour soutenir l’impro. Si aucun joueur ne s’avance pour débuter l’impro, alors tous devront se lancer dans cette aventure en même temps.

Denis Marchand chante à merveile!

Pour faire durer le plaisir, il est également possible de réserver une table à la Casbahpour souper avant le spectacle. Ainsi, cela permet d’avoir les meilleurs sièges pour la soirée et d’avoir un très bon repas à un prix abordable. Pour 15 $ une assiette principale et pour 10 $, on a droit à la table d’hôte avec entrée, dessert et café. Ajoutez à cela le 5 $ pour la soirée d’impro, cela fait une sortie fort agréable à coût bien adéquat.

C’est la deuxième fois que je voyais ce genre de soirée et je peux dire qu’à chaque fois c’est une expérience unique. Cette fois-ci, les joueurs ont fait participer les gens dans la salle à quelques reprises, les prenant à témoin dans leurs impros. Car, il n’y a pas de règle lors de cette soirée. Tout l’espace peut être utilisé, derrière le bar, entre les tables, et même le public peut être mis à contribution. Il n’y a pas d’arbitre pour sévir.

À l’occasion, les joueurs se lancent des défis supplémentaires en ajoutant, par exemple une contrainte. Chanter, ou à la manière d’un film muet, mais musical. De plus, les joueurs se mettent eux-mêmes en danger parfois, en se créant un personnage avec un accent. C’est le cas notamment de Geneviève Boivin qui n’a pas hésité à prendre l’accent du Saguenay, puis de l’Acadie, et même de parler en russe ou en allemand, on n’est plus trop certain…

Sophie Thibeault dans les Québécois à Amsterdam

Les impros, tirés de l’imaginaire du public ont été des plus variés.

Face de bouc et non facebook (une impro bien actuelle, où la technologie semblait avoir plus le dessus sur les relations personnelles)

Loup-Garou à Québec (là où un party peut vraiment mal virer, si on ne connaît pas ses voisins qu’on a invités)

Les Québécois à Amsterdam, où on a imposé une impro chantée à Sophie et Denis, qui ont démontré un très grand talent dans un duo père et fille sur la prostitution légale dans ce pays.

Il neige un 30 de juin, où le Père Noel et son frère Léon se disputent au sujet de cette grande fête, sur un terrain de Camping devant un petit couple fort différent (Martin Juneau joue le rôle du parfait campeur dans ce sketch).

Mon premier jour de garde et la catastrophe… où le public devient les enfants de la garderie

Je m’échoue sur une ile déserte… où Geneviève et Christian s’apprivoisent autour d’un plat de sushi et de manœuvre de réanimation…

Ayoe! Non, mais sérieux… chantée à la manière d’une compilation de chanson. Cette fois-ci, Sophie et Denis récidivent dans un style qu’ils excellent au plus grand plaisir du public.

En deuxième partie :

Elle est où la poule ? où l’on découvre les talents de Daniel Gosselin pour le jeu physique, alors qu’il tente d’attraper une poule pour lui trancher la tête, tout en étant ficelé dans un sac de pommes de terre.

Parlez Français une improvisation courte, où les langues se rencontrent, mais ne se comprennent pas.

Boire ou conduire, il faut choisir, un film muet que pourrait fort bien récupérerla SAAQ pour ses publicités contre l’alcool au volant.

Peluche Académie, une parodie de Star Académie, où Denis Marchand se prend pour René et Daniel Gosselin incarne le bonhomme Carnaval à merveille.

Sarkozy et Carla (Christian et Geniviève)

Sarkozy perd ses élections et Carla Bruni chante une chanson pour lui remonter le moral. À nouveau, le duo Geneviève et Christian récidive, en chantant.

Un monde sans fusil où les agents de sécurité d’un centre commercial ne font pas le poids devant un fou furieux armé… mais avec la sagesse d’un Denis Marchand, on finit presque par s’attendrir.

Blanc-Noir où Sophie écrit une lettre à son amoureux, qui s’est fait kidnappé par un anglais dela Saskatchewan (Martin est épeurant à souhait) qui cultive des pommes… flyé, mais très ingénieux.

Finalement S’cuse, mais as-tu du change ? ou bien la psychologie à 5 cents de la rue. 

Ce qui me plait énormément dans ce nouveau style de soirée, c’est qu’aucune des improvisations n’est limitée par le temps. L’impro se termine lorsqu’un des participants détermine que l’histoire se boucle, qu’une finale intéressante est atteinte. On construit une histoire complète qui se tient, qui a un début, un milieu et une fin.  Il est certain, qu’il faut une grande capacité d’écoute et de générosité de la part de tous les comédiens. Chacun est au service de l’impro et s’il y a quelqu’un qui semble être dans le pétrin, les autres vont venir dans l’impro, à son secours.

 Au fil des impros, j’ai découvert le grand talent pour les accents de la très volubile Geneviève Boivin, l’extrême talent de chanteur de Denis Marchand ainsi que de chanteuse de Sophie Thibeault. Christian St-Pierre m’a épaté par ses personnages élaborés, parfois ingrat, mais toujours au service de l’impro. Daniel Gosselin m’a impressionné par son jeu physique et Martin Juneau, bien qu’il a joué de plus petits rôles, a toujours su venir ajouter son grain de sel ou mettre du piquant dans l’impro, lorsqu’il le fallait.

Daniel et Denis dans un monde sans fusil

Ce fut une soirée très agréable, où la chanson était à l’honneur et où l’amour et les baisers ont dominé dans plusieurs impros, bien qu’on a eu droit à du suspens, de l’action et des moments de pure folie. On a passé presque 2 h 30 à s’amuser royalement, après un bon repas. Que demander de mieux?

Rappelez-vous, qu’il est possible de réserver àla Casbahen formule souper/spectacle.   Alors, tenez-vous-le le pour dit, la prochaine soirée se tiendra le 19 mai prochain! Y serez-vous?

Et le dernier match de la saison aura lieu le 16 juin 2012.

Casbah de l’Impérial de Québec 240, rue Saint-Joseph Est

coût d’entrée : 5 $

crédit photos: Shirley Noël