Eucharistie Moisan de Denys Arcand

 

Eucharistie Moisan

Pour son tout premier roman, Denys Arcand, célèbre cinéaste québécois, a choisi de transposer sous forme de monologue la vie d’Euchariste Moisan, le héros du grand classique de la littérature québécois de 1938 Les trente arpents de Ringuet (qui a été réédité tout récemment). Ce court roman donne ainsi la parole à Euchariste Moisan et nous permet de voir défiler en accéléré les principaux aspects de la vie mouvementée de cet ambitieux cultivateur des environs de Trois-Rivières, jusqu’à la fin de sa vie comme gardien de nuit dans un garage de la Nouvelle-Angleterre. Des chicanes de clôtures, en passant par les banques qui font faillites, les notaires qui se sauvent avec l’argent des bons citoyens, la circonscription, la guerre qui sévit, et la pression des curés envers les couples pour qu’ils produisent de la progéniture en grande quantité, pour en faire des prêtres et des bonnes sœurs. Bref, en quatre saisons, la vie et la lente déchéance d’Eucharistie Moisan est dévoilée, alors qu’il aura une terre prospère, des enfants à profusion aussi, mais dont l’esprit de vengeance et de jalousie l’entrainera à tout perdre jusqu’à devoir s’exiler aux États-Unis.

Pour les besoins du roman, Denys Arcand s’est imposé de conserver tous les dialogues que l’on retrouve dans le livre original. Ceci lui a permis ainsi de donner le bon ton à son personnage. De plus, le livre est écrit avec le langage dont l’on parlait à cette époque à la campagne, soit un français populaire. « Je t’apporterai dix piasses pour commencer dimanche après la grand-messe.» 

Comme c’est un monologue, on peut suivre aisément les propos que nous raconte M. Moisan. Il est certain qu’en 80 pages, c’est un fort court résumé de sa vie que cela contient. Cependant, on retrouve dans ce livre les grandes qualités de dialoguiste de Denys Arcand qui rend ce texte fort réaliste ainsi que son esprit critique et lucide au niveau de l’évolution de notre société québécoise et l’émigration de nos compatriotes vers les États-Unis en Nouvelle-Angleterre, au moment où la misère se faisait sentir au Québec.

Ainsi, grâce à ce livre, qui donne un portrait juste des Québécois de l’époque, je me suis replongé dans ces années où les gens ont dû choisir entre rester pour tenter de survivre ou bien s’exiler aux États-Unis en renonçant à leur identité et leur langue. IL est certain que ce livre m’a donné le goût de poursuivre plus loin ma lecture et de lire ensuite ce fameux livre de Ringuet.

Cinéaste de renommée internationale, Denys Arcand a notamment remporté l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2003 avec Les invasions barbares.

80 pages

Prix : 11.95$

 

Édition Leméac

http://www.lemeac.com