Dominique Michel fait don de ses archives à Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Dominique Michel entourée de Yves Jacques, Guy Berthiaume, Le Ministre Maka Kotto et Hélène Charbonneau
Dominique Michel entourée de Yves Jacques, Guy Berthiaume, Le Ministre Maka Kotto et Hélène Charbonneau © photo: Ch Dubreuil

La cérémonie de remise officielle par Dominique Michel de ses archives à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec a eu lieu ce lundi 10 juin en présence du Ministre de la Culture et des Communications, Monsieur Maka Kotto, de Monsieur Guy Berthiaume, Président Directeur général et de Madame Hélène Charbonneau Directrice du fonds de l’Ouest de BAnQ. De nombreux artistes et membres de la communauté culturelle québécoise avaient tenu à être présents pour s’associer à l’hommage rendu à leur collègue et amie Dominique Michel. Parmi ceux-ci : Jean Bissonnette, Michel Forget, Guy Nantel, Denise Dion Michel Chamberlain, Gaston Lepage…et ses complices du Déclin de l’empire américain et des Invasions barbares : Rémy Girard, Louise Portal et Yves Jacques qui fut d’ailleurs un maître de cérémonie empreint de tendresse et de reconnaissance pour cette grande dame de la culture québécoise qu’est Dominique Michel.

Dominique Michel, notre Dodo nationale comme disent affectueusement les Québécois, a marqué, construit même la vie culturelle québécoise ces 60 dernières années. Aimée Sylvestre devenue à la scène Dominique Michel, nom inspiré du comédien français Michel Auclair, a commencé sa carrière dès 19 ans, après une formation en musique et en art dramatique, comme chanteuse dans les cabarets à Montréal et en région mais aussi, à Paris, notamment à Bobino ou chez Patachou. Au cours de ces prestations elle a côtoyé, entre autres, Félix Leclerc, Charlebois, Charles Aznavour et Denise Filiatrault (devenue sa complice et amie), Jacques Normand qui propulsera sa carrière en la retenant pour la revue du cabaret Saint-Germain des Près. Une vie tournée vers le chant qu’elle ne délaissera jamais alliant la scène et la télévision même quand sa carrière s’est enrichie d’une grande palette d’humoriste (Festival juste pour rire et 17 Bye-Bye), d’actrice (le Déclin de l’empire américain, les Invasions barbares…au cinéma; Moi et l’autre, Chère Isabelle et Métro-boulot-dodo …à la télévision) ou d’animatrice de show télé (Toast et café…)  sans oublier quelques incursions dans le monde de la publicité.

Sollicitée pour évoquer sa carrière Dominique Michel l’a fait comme à son habitude avec humour (rappelant dans la même phrase qu’elle avait connu 8 papes et l’ouverture d’un club échangiste, ou encore en posant comme jalons les grands ouvrages « d’art routier » de Montréal) générosité et tendresse à l’égard ses proches du monde de la culture et modestie envers elle-même.

Plusieurs prix ou distinctions ont rendu hommage et souligné ses interprétations notamment Miss Radio-Télévision du Québec (1966); Prix des arts de la scène du Gouverneur général (1977); Prix Victor du Festival Juste pour rire (1992) des Prix Gémeaux (1995, 2001, 2005), l’Ordre du Canada (1994) l’Ordre national du Québec (2002) et depuis mai dernier la Médaille d’honneur de l’Assemblée nationale du Québec. Impliquée dans la communauté elle est aussi actuellement porte-parole de la Fondation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont pour la création du Centre intégré de cancérologie.

Dominique Michel et Guy Berthiaume signant la convention de dépôt d'archives
Dominique Michel et Guy Berthiaume signant la convention de dépôt d’archives © photo: Ch Dubreuil

Remettre ses archives personnelles retraçant toute une vie d’artiste peut paraitre un acte suprême de narcissisme car qui dit archives nationales dit inaliénabilité et donc assurance que sa carrière passera à la postérité. C’est au contraire un acte d’une grande générosité en même temps que de citoyenneté. C’est en effet considérer que votre carrière, les traces, souvenirs, indices de la vie culturelle d’une communauté à laquelle vous avez participé et surtout contribué ne vous appartiennent pas à vous mais à cette communauté et que vous vous devez de la lui restituer. C’est renoncer à être le seul gardien de votre histoire et donc des regards et analyses que d’autres pourront porter sur vous. C’est aussi se départir à un moment de cette même vie où, certains et non des moindres, ont parfois plutôt tendance à se replier sur leur souvenirs, à écrire, ré-écrire même parfois leur histoire, de souvenirs forcément personnels puisque que ce sont ceux de votre vie. Comme l’a souligné Jean Bissonnette dans son intervention hommage : En donnant tes archives tu donnes ta vie.

Dans la pratique, le fonds d’archives constitué de quelques 4 000 photos, 15 objets pour la plupart ses trophées et décorations, 26 vidéos, et 0.70 mètre linéaire de documents textuels, a bien sur déjà été transmis à BAnQ. Ses conservateurs et techniciens l’ont archivé comme on dit c’est à dire qu’il a été ou est en passe d’être inventorié, classé, indexé pour que les chercheurs puissent le consulter et commencer leurs recherches. Mais ce travail préalable a aussi permis de réaliser une présentation au grand public, accueilli ce 10 juin de 12 et 16h, pour découvrir quelques uns de ces documents exposés sous vitrines et même profiter de visites guidées non seulement de la présentation elle-même aussi plus largement de Centre d’archives de Montréal l’un des neufs centres d’archives de BAnQ gardienne et miroir de notre mémoire collective. On découvrait à cette occasion l’organisation en différentes sections de ces archives : gouvernementales, civiles, judiciaires, photographiques et iconographiques, cartographiques, architecturales, audiovisuelles et privées cette section même à laquelle la collection de Dominique Michel est dévolue. Une collection qui a rejoint d’autres donations prestigieuses dont celles de Gérard Thibault, de Raoul Jobin, Clémence Desrochers, l’Orchestre symphonique de Québec, Wilfrid Pelletier, Pauline Julien, Gaston Miron pour ne citer que quelques uns des acteurs du monde culturel. Des fonds dont, comme le souligne BanQ, la diversité et la richesse apportent un éclairage significatif à l’histoire politique, économique, sociale, littéraire, religieuse, artistique et culturelle de la collectivité québécoise.

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© photos: Christiane Dubreuil