La comédie musicale HAIRSPRAY: un vrai bonbon divertissant et un spectacle haut en couleurs

Vanessa Duchel en Tracy Turnblad dans HAIRSPRAY
Vanessa Duchel en Tracy Turnblad dans HAIRSPRAY

Les productions Juste Pour Rire frappent un coup de circuit en présentant la comédie musicale HAIRSPRAY cet été. Déjà plusieurs supplémentaires sont annoncées et la rareté des billets annoncent un autre succès. Le choix de HAIRSPRAY est judicieux, ayant gagné 8 prix Tony sur Broadway en 2003 (dont celui de la meilleure comédie musicale et meilleure musique). Cette comédie musicale a joué longtemps, plus de 2600 représentations sur Broadway, en plus des multiples productions de tournée et le West End de Londres, sans compter le film musical de 2007 HAIRSPRAY.  En se basant sur un film culte de 1988 de John Waters, les auteurs Mark O’Donnell, Thomas Meehan, Scott Wittman et Marc Shaiman ont écrit un livret amusant et des paroles accrochantes de chansons sur une musique entraînante de Marc Shaiman. Scott Wittman et Marc Shaiman sont des auteurs bien connus, car ils ont écrit les numéros musicaux de la défunte télé-série américaine SMASH produite par Steven Spielberg.

L’histoire plus grande que nature se passe dans le Baltimore des années 1962, alors que la ségrégation règne et que les émissions de télé comme American Bandstand font rage. Une adolescente rondelette et exhubérante, Tracy Turnblad, et son amie Penny, rêvent de danser et chanter à l’émission de télé de l’heure dont les participants sont de race blanche et ont les formes parfaites. L’animateur vedette de l’émission, Corny Collins, invite Tracy qui vole la vedette à Amber, celle qui était la favorite de l’émission. Mais lorsque Tracy fait la rencontre de Seaweed et de ses amis noirs, elle se révolte en voyant les injustices faites au noirs qui désirent participer. Toute la ville est au prise avec le conflit, au grand désespoir de Velma, la productrice et mère d’Amber qui incarne la méchante dans l’histoire.  Les parents de Tracy, sa mère Edna (joué par un homme pour être plus amusant et autoritaire) et Wildbur son père un peu fou, la supporteront tout au long.  Ajoutez à cela deux idylles amoureuses entre Tracy et Link (le chanteur de charme de l’émission), et entre Penny et Seaweed, sans oublier toutes les manigances de la méchante Velma, et vous aurez la tempête parfaite. Le tout se termine à la finale du concours Miss Hairspray avec des numéros musicaux endiablés qui intégreront la population noire et des poursuites policières pour empêcher Tracy d’arriver à ses fins. Bref c’est une histoire à tirer par les cheveux, mais tellement drôle et divertissante!

La troupe de HAIRSPRAY
La troupe de HAIRSPRAY

Les deux heures trente (avec intermission) de ce spectacle vont plaire à tous les types de publics, jeunes et moins jeunes. Le style de musique des années 60 rendra nostalgique les plus vieux et l’énergie des interprètes séduira les plus jeunes. Sans être la comédie musicale parfaite, la qualité des numéros musicaux et le dynamisme des acteurs-danseurs nous font passer une excellente soirée. On rit souvent, grâce à un texte truffé de jeux de mots et une mise en scène serrée et pleine de trouvailles.  Sans compter qu’on nous en met plein la vue avec des magnifiques costumes et des perruques démesurées, des éclairages et des décors efficaces. La traduction francophone de Yves Morin est un petit bijou, parfois on croirait que c’est fait pour être chanté en français.  C’est d’ailleurs lui qui nous a donné récemment les traductions de « Cabaret », « My Fair Lady », « Sweet Charity », « Un violon sur le toit » et « Une vie presque normale ».  Bref, une belle production pour nous faire oublier l’été pluvieux qu’on connaît.

De gauche à droite: Tanya Brideau (Penny), Vanessa Duchel (Tracy) et Louis Champagne (Edna)
De gauche à droite: Tanya Brideau (Penny), Vanessa Duchel (Tracy) et Louis Champagne (Edna)

Joué parfois de façon caricaturale par ses interprètes, le jeu inégal de certains, peu habitués au théâtre, ne dure pas assez longtemps pour déranger. On apprécie les qualités de chacun de ses interprètes. À commencer par Vanessa Duchel dans le rôle principal, une ancienne star-académicienne. Son énergie contagieuse se transmet d’une chanson à l’autre, on dirait qu’elle a été faite pour ce rôle.  Sa voix puissante et cuivrée est juste et dynamique avec un superbe vibrato. J’aurais par contre souhaité qu’elle joue un peu avec ses nuances et textures de voix. Elle bouge et danse sur scène comme une vraie Tracy Turnblad, excécutant même le grand écart à la fin d’un numéro.

Louis Champagne est hilarant en maman Edna. Il la joue gros et garde sa voix masculine pour ne pas tomber dans la dérision, ce qui est encore plus comique, surtout quand il arrive sur scène en robe de soirée. Sans être un chanteur accompli, sa grosse voix grasse lui va comme un gant et convainc. Son duo avec papa Wilbur « Tu es un classique », simple mais touchant et drôle reste en tête. Sylvain Scott en Wildbur nous donne une interprétation juste et attachante même s’il a un plus petit rôle.

Olivier Dion (Link) et Geneviève Charest (Velma)
Olivier Dion (Link) et Geneviève Charest (Velma)

Les deux star-académiciens Olivier Dion et Bryan Audet nous offre des interprétations vocales dignes de leurs talents, tout en ayant une belle présence sur scène. Olivier joue un tombeur de ces dames un peu naïf et charmant, parfait pour le rôle de Link.  Il a une voix chaude et accrochante qu’on aimerait entendre plus souvent. Ses duos avec Tracy (« Sans amour » par exemple) sont de petits plaisirs du spectacle.

Geneviève Charest en méchante Velma est sublime. Elle chante aussi bien qu’elle joue ce vilain personnage. On la sent avoir du plaisir à se faire détester. Elle joue avec les textures de sa voix et livre son savoir-faire autant vocal que théâtral.  Véronique Claveau qui joue sa fille Amber n’est pas en reste mais on la sent moins présente lorsqu’elle est avec Velma.  La jeune Tanya Brideau en Penny, la meilleure amie de Tracy, nous met l’eau à la bouche avec sa belle voix, tout en jouant la fille innocente qui veut sortir de l’emprise de maman.

De gauche à droite: Gardy Fury (Seaweed), Kim Richardson (Motormouth) et Aiza Ntibarikure (petite Inez)
De gauche à droite: Gardy Fury (Seaweed), Kim Richardson (Motormouth) et Aiza Ntibarikure (Inez)

Mais celui qui a « volé le show » c’est Gardy Fury dans le rôle du jeune noir Seaweed. Cet artiste possède tous les talents, excellent chanteur et danseur, personnalité attachante et une présence rayonnante. Aprés son premier numéro dans le premier acte, il a eu droit à une ovation debout de 30 secondes » J’avoue que c’était bien méritée. Il bouge comme un dieu quand il danse et sa voix chaude et juste avec plein de variations nous emporte. Celle qui joue sa mère, Kim Richardson nous livre aussi une belle performance vocale avec sa voix typique de noire qui chante le blues et elle aussi a droit à la deuxième ovation debout pour sa chanson « Je sais d’où je viens ». Mais c’est son jeu de théâtre qui déçoit un peu.

Quand au reste de la troupe composée d’une vingtaine de chanteurs et danseurs, blancs et noirs, ils sont tous plus électrifiants les uns que les autres.  On sent la cohésion entre eux et une énergie débordante, surtout dans les numéros musicaux qu’on voudrait voir et revoir.  Sans compter le jeu de quelques personnages secondaires amusants à souhait, comme la gardienne de prison, Pinky le créateur de mode ou le professeur d’éducation physique.  Pour résumer, malgré quelques lacunes, HAIRSPRAY est le spectacle de l’été que je recommande pour s’amuser et se divertir qui vous fera oublier tous vos soucis.

Bryan Audet (Corny Collins)
Bryan Audet (Corny Collins)

Les bons coups: spectacle énergique et dynamique, jeu et chant de certains interprètes, mise en scène serrée, costumes et perruques, chorégraphies, musique

Les moins bons coups: problème de jeu de quelques chanteurs inexpérimentés en théâtre

Présenté en français au théâtre St-Denis 1 du 20 juin au 30 août 2013. Billets disponibles sur http://www.hahaha.com/fr/show/hairspray et au 514-845-2322 (86$ à 94$). Avec 29 comédiens et 7 musiciens, présenté par la Banque Nationale et Juste pour rire.

La mise en scène est de Denise Filiatrault assistée de Marie-Hélène Dufort avec des chorégraphies de Monik Vincent.  Traduction et adaptation de Yves Morin. Scénographie de Martin Ferland et des éclairages de Mathieu Larivée.  Les costumes de Suzanne Harel et les perruques de Rachel Tremblay.

Avec Vanessa Duchel (Tracy), Louis Champagne (Edna), Olivier Dion (Link), Bryan Audet (Corny Collins), Gardy Fury (Seaweed), Kim Richardson (Motormouth), Geneviève Charest (Velma), Sylvain Scott (Wilbur), Véronique Claveau (Amber), Tanya Brideau (Penny), Isabelle Drainville, Éric Lussier, Alexia Gourd, Marina Bastarache, Dayane Ntibarikure, Renée Joseph, Marco Ramirez, Mathieu Tremblay, Aiza Ntibarikure (Inez), Sandy Duperval, Jennifer Silencieux, Valérie Daure, Danièle Lorain, Boutaina Maalaoui, Isabeau Proulx-Lemire, Jonathan Guilbault, Isabelle Giroux, Vladimir Alexis.

D’après les arrangements et sous la direction musicale de Guillaume Saint-Laurent avec les musiciens Nicolas Bédard, Lucie Cochon, Philippe Bouffard, Christian Morissette, William Côté, et Paul Audy.

Photos de Veronyc Vachon.

Galerie photos : http://pinterest.com/infoculture/hairspray/