Lettres de Madame Roy à sa fille Gabrielle, un enregistrement exceptionnel, œuvre de Michel Tremblay et André Gagnon avec Marie-Nicole Lemieux

œuvre de Michel Tremblay et André Gagnon avec Marie-Nicole Lemieux
œuvre de Michel Tremblay et André Gagnon avec Marie-Nicole Lemieux

« Où es-tu Gabrielle ?
Que fais-tu ?
Et sous quels cieux, sous quels nuages
Promènes-tu tes angoisses ?
Où es-tu Gabrielle ?
Que fais-tu ?
Et en quels lieux vas-tu cacher ton mal
de vivre et tes peines ? »

C’est avec ces mots, que selon l’imaginaire de Michel Tremblay, la mère de Gabrielle Roy s’adressait à sa fille alors qu’elle étudiait l’art dramatique à Paris et à Londres. La parution de « Lettres de Madame Roy à sa fille Gabrielle », une suite opératique de six pièces, marque la réunion du dramaturge québécois Michel Tremblay et du compositeur André Gagnon qui, en 1990, élaborèrent ensemble une œuvre à la mémoire du poète Émile Nelligan avec l’opéra du même nom, Nelligan.

Ces « Lettres de Madame Roy à sa fille Gabrielle » constituent une œuvre particulière, en ce sens où les textes de Tremblay sont à la fois enracinés dans une réalité historique, puisque la mythique écrivaine manitobaine et sa mère ont bel et bien correspondu pendant son séjour en Europe, et dans la fiction, puisque le parolier a créé de toutes pièces le contenu des lettres.

Le duo Tremblay-Gagnon songeait depuis plusieurs années à offrir de nouveau un traitement grandiose à une figure incontournable de la littérature canadienne-française. Or, celle de Gabrielle Roy s’impose alors qu’André Gagnon est plongé dans l’œuvre de l’auteure de Bonheur d’occasion, dont il lira tous les écrits. Michel Tremblay et André Gagnon songent d’abord de concevoir un échange de lettres entre Gabrielle Roy et sa mère. Mais sous les conseils de maestro Jacques Lacombe, ils décident d’adopter uniquement le point de vue de la mère. Ainsi, seule à sa fenêtre, Mélina Roy rédige pour Gabrielle des mots simples et puissants qui résonnent dans le vide immense laissé par l’absence de sa fille à une époque où le voyage à l’étranger n’est pas encore le rite de jeunesse qu’il est devenu aujourd’hui.

Pour illustrer artistiquement ces lettres, la contralto québécoise, internationale incarne la mère de Gabrielle en distillant à la fois de l’inquiétude, de la mélancolie et de l’admiration. Cette femme est partagée entre la douleur de la solitude (Courte semaine) et le bonheur savoir sa fille partir à la rencontre du monde (Surtout). Les lecteurs de Tremblay reconnaîtront au passage certaines des préoccupations habituelles de l’écrivain, qui renvoie dos à dos dans Miroir déformant le portrait que Gabrielle Roy peignait de sa famille dans ses romans et le regard que sa mère a pu porter sur ce portrait. L’Orchestre symphonique de Trois-Rivières, sous la direction de Jacques Lacombe et selon des orchestrations signées Gilles Ouellet, épousent somptueusement les états d’âme de ce personnage si riche d’émotion.

Il faut mentionner la grande qualité et la beauté des orchestrations de cet enregistrement remarquable. De plus, la qualité de présence de Marie-Nicole Lemieux vient magnifier ces textes et ces orchestrations formidables. La contralto avec une présence forte, puissante, émouvante nous touche profondément constamment.

Avec Lettres de Madame Roy à sa fille Gabrielle, Michel Tremblay, André Gagnon et Marie-Nicole Lemieux mettent en lumière une relation fondamentale et fondatrice dans la vie d’une des plus importantes écrivaines francophones du 20e siècle et ouvrent une porte d’entrée sur une des œuvres majeures de notre époque.

Les titres de l’enregistrement:

1. OÙ ES-TU GABRELLE ?

2. MIROIR DÉFORMANT

3. COURTE SEMAINE

4. LES GRANDS BLÉS

5. SOUVIENS-TOI

6. SURTOUT

Textes de Michel Tremblay

Orchestre: Orchestre symphonique de Trois-Rivières

Direction de l’orchestre: Jacques Lacombe

Orchestration: Gilles Ouellet

Chant: Marie-Nicole Lemieux, contralto

Direction artistique: Marie-Nicole Lemieux, Jacques Lacombe et André Gagnon

www.audiogram.com

www.marienicolelemieux.com