
Jon, peux-tu présenter le groupe, dire comment ça s’est créé et comment vous vous êtes rencontrés ?
Ça fait peut-être un an et demi qu’on a commencé à jouer ensemble. J’avais déjà expérimenté mes créations avec mes amis et des musiciens de Montréal, puis j’ai finalement trouvé la bonne équipe, ainsi qu’une alchimie entre musiciens. Puis aussi les attitudes ; car c’est sûr qu’au début qu’il y aura des situations non acceptées, comme avoir un ampli merdique à un concert ou des choses comme ça, lorsqu’il y a beaucoup de challenges. Mais avec le groupe, on ne laisse pas ces situations prendre le dessus, et lorsqu’il y a des moments de défis, on essaie d’être au mieux, et de jouer, même si il n’y a pas beaucoup de monde.
Tu as étudié la musique aussi non ?
J’ai étudié à Vanier, de la trompette et du jazz. Tu sais, la scène musicale de Montréal est tellement petite, et il y avait là Patrick Watson, Simon Angel, Mishka … Puis quand j’ai commencé à composer, j’ai essayé mes chansons avec le band et du monde que je connaissais, on jouait plusieurs styles. On a essayé plusieurs personnes, plusieurs drummers.
Et tu apprenais que la trompette ?
Non, j’ai commencé le piano vers 3 ans, ma mère m’a forcé à prendre des cours, mais au final je suis chanceux d’avoir fait ça. C’est elle aussi qui m’a fait écouter les Beatles, Cat Stevens … ou « Sing me a song I’m a piano man » de Billy Joel. On jouait ça après le souper, avec mes grands-parents. Mon grand-père était très cultivé en musique. Il m’a d’ailleurs laissé une Gibson acoustique de l’année 1962. Elle est assez rare et en bonne état, j’étais vraiment content.
Tu me disais que tu avais composé déjà des chansons avant le groupe ?
La première que j’ai composée, je l’ai faite tout seule et c’est Old Piano. C’est la plus vieille des tounes. C’est la première chanson qu’on a faite ensemble, mais j’avais déjà les compositions et les paroles et on a joué sur les arrangements avec le band.
Quand je l’ai composée, j’étais juste avec mon piano, j’ai trouvé une ambiance puis les accords et les mots sont venus à moi. Et je l’ai écrite en 15 minutes.
Et as-tu une manière précise de composer ? Comme par exemple écrire d’abord les textes puis ajouter la musique et les arrangements ?
Parfois oui. Certaines chansons sont aussi plus élaborées, et je travaille avec le guitariste pour obtenir un groove et des accords … Mais, c’est très important que le cœur des chansons soit la voix, donc que ce soit moi, car je suis le chanteur !
L’inspiration vient généralement des expériences que j’ai vécues, et j’essaie d’en faire quelque chose. Par exemple, j’ai été coincé à Brooklyn, pendant l’ouragan. C’est pendant cette tempête que j’ai écris cette chanson appelée Uninvited (Storm). C’était incroyable, on était au seul endroit à Brooklyn où il y avait de l’électricité et j’y ai trouvé une source d’inspiration. On était chanceux car on avait du vin. J’étais avec quelques amis à boire, à écrire des mots, à faire du collage et faire de l’art si on veut. On a juste trippé pendant deux jours, dans la tempête. J’adore Brooklyn et c’est un endroit très inspirant pour moi. Si tu aimes l’art et le new-art, va à Williamsburg.
Ça ressemble un peu à du Jack Kerouac tout ça non ?
Hahaha, un petit peu. Je ne suis pas allé aussi loin que lui, mais tout comme l’auteur, j’utilise certains moment marquant de ma vie afin d’écrire à ce sujet.
Qu’avez-vous comme influences musicales ?
Il y a comme un peu de ces cuivres de l’Est de l’Europe, j’essaie de reproduire ce monde de cuivre et ces sections que l’on peut entendre dans la musique de l’Est, en particulier celle qu’il y a eu après cette période sombre de la seconde guerre mondiale. J’utilise ces styles et j’essaie de développer quelque chose autour, quelque chose qui nous appartiens, et qui puisse peut-être trouver une place dans le monde pour vivre. Une place où ces styles viennent ensemble et où le monde puisse les apprécier. C’est ça qui est difficile : que l’art du business soit à la même place que l’art musical. Il faut prendre les bonnes décisions et faire des choix matures, être honnête pour que le monde reçoive ta musique. C’est une bonne façon. Il y a tellement de façons de faire du business, mais tu peux tellement faire de mauvais choix que ta musique ne sera jamais reçue du public. C’est pour ça que j’ai choisi de jouer avec des styles où il y a des cuivres, de la guitare, et d’incorporer ça à des morceaux pop, puis d’avoir une approche business pour essayer d’en tirer quelque chose de spécial. Car il est facile de rester dans l’inconnu, de faire des choses qui ne seront jamais reçues par d’autres et qui resteront en dessous du matelas. Nous, comme je l’ai dit, on essaie de créer notre milieu dans ce monde et de trouver la place où notre musique peut vivre. Comme quand tu cherches un appart, tu cherches un lieu chaleureux, des gens … La musique est comme un être humain qui grandit, et qui doit chercher et choisir une place dans le monde car sinon, c’est juste dans ta tête, ça reste un rêve, et au final on n’existe pas.
Y a-t-il des thèmes particuliers dont tu souhaites parler dans tes textes ? Où tu laisses place à l’improvisation ?
C’est plus de l’improvisation suivant ce que je ressens, selon les expériences que j’ai vécues. Quand je suis à mon studio de pré-production, je suis toujours accroché à mon téléphone et à m’enregistrer, et même si je n’ai que quelques paroles, je chante des mots puis une idée commence à venir … Ce sont généralement des choses basiques sur ce que j’ai vécu. J’essaie de trouver la meilleure façon de mettre des mots pour décrire au mieux ce que je ressens. C’est la beauté de l’artiste : de décrire quelque chose si bien, et que l’audience puisse se dire que tu leur as volé directement les mots de la bouche. Ou tu as pris ma pensée. Comme lorsque quelqu’un dit quelque chose que tu trouves tellement beau, que tu te dis : « Oh shit, est-ce qu’il est dans ma tête ? ». Car il ressent la même chose que toi. Quand tu lis un livre, et que tu le trouves très bon, tu te dis que c’est peut être toi qui l’a écrit. Tu crois que l’auteur a volé tes pensées, mais c’est juste qu’il a dit des vérités d’une façon tellement belle …
Mais c’est très dur de choisir des mots à la fois simples, et de dire la chose dans une manière spécifique, qui fasse ressentir aux autres ce que toi tu ressens.
Au niveau de votre style, est-ce que vous vous classez dans un genre, comme folk ou pop ?
C’est un peu des deux, je n’aime pas dire qu’on est un folk band, mais effectivement on sonne folk. C’est plus de la pop alternative, indie. Des rythmes syncopés avec une base folk, parfois même du hip hop avec du brass. On expérimente aussi avec différents styles, on essaie, on tâtonne.
Dès que tu te dis : « Ok, on va faire ce genre de musique, ce style », c’est comme se tirer une balle dans le pied, car tout a déjà été fait. Si tu veux créer quelque chose de nouveau, c’est en piochant avec ce qu’il y a, et de faire à ta manière. Comme je l’ai dit avec l’art du business, il faut choisir un monde où tu es. Qu’est-ce que tu fais ? Qu’est-ce que tu peux apporter au monde ? Sinon personne ne s’y intéressera. Et je ne le fais pas que pour les autres aussi, j’aime essayer de nouvelles choses, d’avoir du fun, et de créer quelque chose d’autre. Mais j’aime le folk, j’écoute bien sur des classiques de folk comme Bob Dylan, etc ou d’autre reprise des années 60.
A part ça, certains disent qu’on ressemble à Beirutt, et c’est un peu vrai, on est un peu influencés par ce groupe. On dit aussi qu’on ressemble à Mumford & Sons ou Alt-J, au niveau de la voix.
Vous venez de sortir votre premier album. Avez-vous un label ?
C’est indépendant. Je suis assez surpris et flatté. On a eu de belle réactions, puis on a jeté un coup d’œil aux premières ventes sur Itunes, et ça a été une surprise car ça marche assez bien pour un départ. C’est vraiment une évolution organique, on ne fait pas de grosses choses avec des labels, le budget vient vraiment de ma poche. Il y a eu beaucoup de chansons achetées sur Itune à Austin, Texas, surtout Unsatisfied. 5 000 chansons ont été vendues aux États-Unis, et This Is How I Let You Down a été 3 fois plus téléchargée que les autres !
Nous venons de réaliser une série de remixes sur quelques tounes de l’album (17, Unsatisfied, et This His How I Let you Down). Je suis très excité par rapport à ça, car je suis très content du résultat. On va donner une chanson en téléchargement par mois jusqu’à Noël (sur le site de BRBR-TFO). La première chanson est déjà en téléchargement, This Is How I Let You Down sera mise en ligne le 10 Décembre, et la dernière toune et le bonus track seront pour cet hiver. On sortira ensuit le mini-album avec ces remixes, Orchestral Remixes Sessions sur Itunes.
Nous avons quelques concerts au programme prochainement. Nous feront parti d’un événement artistique de la ville de Montréal le 21 octobre au centre culturel Georges Vanier. Ce sera le lancement des » orchestral sessions » et tous les musiciens qui étaient présents en studio lors de l’enregistrement seront sur scène. La semaine dernière, nous étions à Toronto dans le cadre du « Indie Week ». Nous avons joué à quelques reprises et fais la promotion de notre album. Nous avons eu la chance de faire une vidéo là-bas, disponible en ligne dans trois semaine.
Et suite à ces remixes, as-tu des compositions en projet pour un autre album ?
Oui, on n’est pas dans un rush mais j’ai quelques idées pour le prochain album. Je pense que pour le moment on va se concentrer vraiment sur la promotion de ce premier opus. C’était enregistrer en live. Et pour le 2d album je vais prendre du temps à y penser, et peut-être commencer en Février pour des maquettes et entrer en studio pour expérimenter. Je sus déjà en train de commencer des tounes. Et peut-être avoir un deuxième album pour la fin du printemps/début de l’été prochain.
Quelques Liens :
Le bandcamp du groupe : http://thefranklinelectric.bandcamp.com/
Le site BRBR pour les titres en téléchargement : http://www7.tfo.org/brbr/the-franklin-electric/
Chaine Youtube du groupe : http://www.youtube.com/user/thefranklinelectric1
Lien Itune : https://itunes.apple.com/ca/album/this-is-how-i-let-you-down/id660480524
Le concert de Lundi soir aura lieu au centre culturel George Vannier, à 19h.
Entrée gratuite
Crédit Photo : Courtoisie