Inferno de Dan Brown, est en livre audio

Dan Brown Inferno © photo : courtoisie
Dan Brown Inferno © photo : courtoisie

Cet automne la version audio d’Inferno le dernier livre de Dan Brown vient de paraître. Un livret en 2 CD de 16 heures d’écoute et lu, pour la version française, par François d’Aubigny

Pour ce dernier roman, Inferno, Dan Brown revient vers les thématiques et le héros qui ont fait son succès : Le professeur de symbologie à Harvard et historien de l’Art, Robert Langdon, et une intrigue qui puise ses racines dans l’Histoire, l’Histoire de l’Art et des idées européennes et plus généralement occidentales et l’histoire des grandes religions monothéistes et de leurs rapports. Ainsi, après Paris et Londres dans Da Vinci Code, Rome dans Anges et démons, et Washington, D »C  dans Le symbole perdu, Inferno a pour théâtre Florence, Venise et Istanbul. Parallèlement,  Inferno s’inscrit également dans une autre dynamique des romans de Dan Brown celle qui voit à l’œuvre les grandes gouvernances, ou instituions mondiales, de grandes organisations secrètes franc-maçonnerie ou Opus Dei, et des Agences nationales à vocation internationale : la NSA dans la Forteresse digitale; La NASA dans Deception point, et ici l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

De tels cadres d’opération comme de tels acteurs de la scène internationale et politique entraînent forcément des intrigues dans lesquelles l’avenir du monde est menacé. On ne fait pas intervenir l’OMS, Le Vatican, la NSA ou la NASA impunément ou pour des peccadilles.

Inferno respecte donc le genre et cette fois ci il s’agit pas moins que de sauver l’humanité d’une pandémie déclenchée volontairement par un savant pour lutter contre … la fin de notre planète menacée par la surpopulation. Surpopulation doit dans le cas présent être comprise au sens où les démographes, historiens ou responsables sanitaires la désignent : la rupture d’équilibre entre les ressources nécessaires pour nourrir la population et l’importance numérique de cette même population. Devant cette menace qui nous guette (ce dont les scientifiques concernés discutent effectivement actuellement) ce même savant choisit de provoquer délibérément une épidémie de même ampleur que la Peste noire. Une pandémie qui, au milieu du 14ème siècle, tua entre 30 et 50% de la population européenne, ce qui permit, d’après ce même savant, de rétablir l’équilibre alors menacé et de sauver l’humanité.

Pour ce faire, il a rallié à sa cause plusieurs autres savants, adeptes comme lui de la théorie génétique du transhumanisme.  Avec  eux, il a créé, par perversion de cette théorie, une sorte de société secrète. Celle-ci s’est posée comme préalable à la réalisation des buts du transhumanisme de provoquer délibérément cette nouvelle pandémie. Pour mener à bien son projet, il obtient le soutien, en terme logistique, de l’une de ces officines paramilitaires internationales qui aident, sans poser de question, n’importe qui à faire n’importe quoi dans le plus grand secret et en toute sécurité, pourvu qu’il paye.

Ainsi dans un roman de suspense à clefs mêlant savamment fiction et réalité historique et politique, l’auteur nous entraine à la suite de Robert Langdon dans une course contre la montre pour sauver l’humanité. Pour ce faire, il convient de résoudre l’énigme qu’avant de se suicider, le tueur a envoyée en ultime défi à la Directrice de l’OMS. Cette énigme repose sur un codage conçu à partir du poème épique de Dante Alighieri, la divine Comédie, notamment la partie consacrée à l’enfer (inferno), de la vie de l’auteur lui-même, du tableau que Botticelli  consacra à cette œuvre, de la Ville de Florence, ville de Dante comme de Botticelli, de Venise puis d’Istambul.

Le lecteur se laisse entraîner rapidement dans cette intrigue soutenue qui se lit d’une traite. Comme dans Da Vinci Code et Anges et démons, l’Histoire comme les œuvres et les lieux choisis, bien réels, se prêtent admirablement à cette intrusion du romanesque et du mystère cabalistique et ésotérique possible quant à un double sens profond qu’ils cacheraient. Les descriptions sont soignées sans être professorales ou ennuyeuses. Elles ne gênent en rien le rythme du récit bien au contraire, elles le structurent. L’esprit des lieux est admirablement rendu et le lecteur qui les a déjà visités s’y retrouve avec délice s’identifiant d’autant mieux au héros. Dommage cependant qu’il manque des reproductions pour permettre à ceux qui ne connaissent ni ces villes, ni les monuments, ni les œuvres d’art dont il est question de, eux aussi, s’y retrouver, s’en imprégner et de mieux ainsi, pénétrer dans le roman. Les personnages servent également parfaitement l’histoire et leur psychologie est attachante. La puissance évocatrice de l’auteur trouve ici toute sa force, et chacun d’eux s’incarnent très lisiblement dans l’imaginaire du lecteur. Un double regret cependant. On aimerait que Robert Landgon n’ait pas l’air d’être inventé à chaque nouveau romande Dan Brown. Notre attachement à ce héros, sans passé commun avec le lecteur et notre complicité avec l’auteur y perdent. Et puis surtout il est parfois agaçant que le ressort de l’intrigue repose un peu trop souvent, comme dans les autres œuvres de Dan Brown, sur des méconnaissances de Robert Landgon et de ses comparses à propos des œuvres et des lieux sur lesquels cette intrigue s’appuie. Des méconnaissances qui sont totalement invraisemblables de la part d’un spécialiste de la discipline, professeur à Harvard!! Aussi, le lecteur est parfois contraint d’attendre quelques dizaines de pages que les personnages aient enfin compris ce qu’un étudiant en 1ère année en Histoire ou Histoire de l’Art, voire même un simple touriste,auraient identifié dès les premières lignes!!! Ce que l’intrigue y gagne en cheminement, le personnage le perd en crédibilité et l’artifice romanesque semble alors relever de la grosse ficelle pour attrape-lecteur!! Situer un livre dans une telle richesse historique et culturelle s’accommode mal de ces incohérences! Par contre, Dan Brown a renoncé pour ce livre à ce cadre manichéen devenu un peu trop répétitif dans ses précédents romans. Un cadre qui transforme immanquablement le gentil qui vient en aide au professeur Langdon en méchant. Ici, les camps changent, le blanc et le noir peuvent se mêler et devenir gris. Le livre et les personnages y gagnent en profondeur et en humanité et l’attention et le suspense en sont renforcés. On n’attend plus, depuis que l’on a lu un livre de Dan Brown et compris le principe, le moment, où la transformation du bon en méchant va avoir lieu , puisque que l’on sait à l’avance que c’est là l’un des ressort principal du livre mais on suit au contraire plus plaisamment et intérêt l’évolution de personnages et donc d’une trame romanesque plus complexes.

 En choisissant à nouveau François d’Aubigny pour lire un roman de Dan Brown, l’éditeur Audiolib a choisi avec perspicacité d’inscrire cette parution dans une continuité bien venue. En effet, la lecture papier ou numérique permet de se créer son propre imaginaire fait de l’histoire elle-même, de la langue et du style de l’auteur mais aussi de cette voix, notre voix intérieure et de notre façon toujours personnelle de lire. C’est cela aussi que l’on aime retrouver en lisant la nouvelle œuvre d’un auteur. Avec la version audio l’auditeur doit passer par le truchement d’une voix, de son rythme et de ses intonations. C’est elle qui va incarner l’univers de l’auteur, son univers romanesque et stylistique et auquel elle va se superposer, s’entremêler dans notre écoute pour nous permettre de créer notre imaginaire. Si cette voix change à chacune des œuvres de l’auteur c’est un peu notre imaginaire qu’il faut déconstruire et reconstruire à chaque fois, nous désorientant. La voix de François D’aubigny qui nous accompagne donc durant ces 16 heures d’écoute est une voix posée qui découpe particulièrement bien les mots, le rythme de la phrase nous les restituant tous dans leur plénitude. Mais cette voix rassurante a aussi, de ce fait, les défauts de ses mérites. En effet, on a un peu parfois le sentiment d’entendre un exercice de diction de lecture appliquée qui nous distancie de l’œuvre.

 Inferno
Auteur Dan Brown
Livre audio
Lu par François d’Aubigny
Éditeur Audiolib : www.audiolib.fr
Éditeur France version papier : Jean Claude Lattes
Réalisation sonore : LunaBlue production
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Dominique Defert et Carole Delporte
Couverture :
© Bleu T d’après Michael J Windsor
Illustration : Dante : © Imago/Hulton Archives/Getty Images; Florence : © Bread and Butter / Getty Images
Texte intégral; 2 CD : CD 1 : plages 0 à 54 : durée 8h06 / CD 2 : plages 55 à 106, durée 7h56 pour une durée totale de 16h
ISBN : 978-2-35641-626-1
Août 2013
39.95$

Rue des Libraires : http://www.ruedeslibraires.com/livres/inferno-dan-brown-9782356416261.html/01dd0ce90e2f1b809228ba6c7dc383963c066547f886b2819fde63f39fa1bd4c04a5c87d150a920e353d26408954e75d0f86dc9e779e1caee227a00e166936fb/?u=4850

© photo : courtoisie