Trois musiciennes passionnées. Trois instruments : piano, violon, contrebasse. Une danse, à l’origine masculine, qui, à partir de deux pays latino-américains, Argentine et Uruguay, a conquis le monde entier. Le tango.
Il y a le tango argentin classique et il y a le tango nuevo. Il y a le tango à danser et il y a le tango à écouter. L’ensemble Fiestango – la violoniste Amélie Lamontagne, la pianiste Janie Caron et la contrebassiste Geneviève Bigonnesse – revisite, à côté des créations québécoises de Victor Simon et d’Helmut Lipsky (Mélanco-oliques), quelques pièces classiques du tango argentin (La Cumparsita, par exemple). Mais il les présente avec des arrangements originaux de François Vallières, René Orea-Sanchez, Jean-Félix Mailloux et Mario Leblanc, afin de faire écouter – et entendre – des sonorités nouvelles, inhabituelles, mais ô combien éloquentes!
Déroutant? Certainement, pour ceux qui sont habitués à des interprétations dans la pure tradition d’une danse sociale et pour les tangueros et tangueras qui la dansent. Mais rafraîchissant aussi, justement par cette approche non traditionnelle qui ouvre la porte vers d’autres possibilités d’appréhender le tango argentin.
Clair-obscur… On rencontre dans la peinture dès le 16e siècle ce concept qui joue avec la lumière et les ombres, leurs contrastes et leur proximité. La photographie le reprend dès ses débuts au 19e siècle. Tout comme le clair-obscur que l’on retrouve dans les arts visuels, l’univers musical ClairObscur de Fiestango prend tout son sens dans l’exploitation des contrastes. La fougue laisse place à la mélancolie, des mélodies poignantes sont apaisées par des séquences tamisées, de violents accords suivent des sons chatoyants d’une douceur envoûtante : les trois artistes savent exploiter jusqu’au fond le potentiel d’expression musicale de leurs instruments, avec doigté et maîtrise remarquables.
Les connaisseurs du tango chercheront en vain l’instrument traditionnel du tango argentin: le bandonéon. N’empêche, à l’exception de quelques inconditionnels peut-être, on n’en souffre pas. D’autant plus que quatre invités de marque se joignent au projet ; la comédienne Maude Guérin offre une interprétation touchante et personnelle de la chanson Vuelvo al Sur (Piazzolla). Le trompettiste Frédéric Demers interprète la célèbre Milonga del Angel en plus d’ajouter une touche jazz à la pièce Les Mélanco-oliques. Le cajón du percussionniste argentin Luis López anime El Esquinazo et ajoute au mystère de Buenos Aires Hora Cero. Finalement, le guitariste Alexandre Ethier interprète tout en intimité la Milonga Triste, un véritable petit bijou popularisé dans le film culte La leçon de tango.
L’Ensemble Fiestango a été fondé en 2005 par la violoniste Amélie Lamontagne. Depuis, il se produit dans tout le Québec et ailleurs au Canada afin d’offrir l’accompagnement musical à des milongas ou encore à différents événements festifs. Il a plus de 500 spectacles à son actif. Il s’est fait remarquer à la Fête de la musique de Tremblant, ainsi qu’à la Place des Arts de Montréal avec son spectacle multidisciplinaire Café 1930 : littérature et tango (FIL). Musiciennes chevronnées, les trois artistes ont allié leurs talents musical et théâtral en présentant un spectacle jeune-public avec les Jeunesses musicales du Canada pendant plus de six ans.
ClairObscur est le deuxième enregistrement de l’ensemble. Le premier, Café, a paru en 2009.
Crédit photos : courtoisie
