Entre l’Art et l’Amour, le rêve d’Éléonore, le très plaisant premier roman de Linda Lavoie

Linda Lavoie : Entre l'Art et l'Amour © photo: courtoisie
Linda Lavoie : Entre l’Art et l’Amour © photo: courtoisie

Tout parait sourire à Éléonore. A vingt-cinq ans à peine elle vient d’être nommée au poste de conservateur-adjoint au musée des Beaux Arts de Paris. La concrétisation de son rêve mais aussi d’études acharnées et studieuses sous la protection bienveillante de son oncle « d’Amérique Ferdinand » Un oncle qui l’a soutenu, l’a autorisée à rêver à un autre destin que celui plus que rêvé, préparé pour elle par ses parents à l’image de ce que la société projette comme idéal pour une jeune fille de province dans ces années 50 : Faire un beau mariage, être la « reine du foyer » d’un notable de province, un notaire dans son cas, être une épouse et une mère modèle. Une forme de l’ascenseur social pour la fille de commerçant qu’est Éléonore. Ses parents l’ont finalement laissé faire, les études, l’installation à Paris mais pour eux il est clair que c’est une déception et ils n’ont pas perdu espoir de voir leur fille unique revenir et épouser ce notaire qui « lorgne » sur elle avec leur assentiment. L’indépendance, l’autonomie, être maître de son destin, Éléonore le veut, le revendique bien consciente que la route ne sera pas facile. Mais pour l’heure elle profite de son bonheur. Malheureusement la félicité est de courte durée et Éléonore a la douleur de perdre cet oncle si chaleureux. Une perte qui la marque profondément d’autant que la mort de cet oncle « qui faisait des affaires » là-bas à New-York pourrait bien avoir un double visage. Bienfaiteur de sa nièce mais dernière la bonhommie et la générosité que se cachait-il que sa mort violente révèle? Peu à peu Éléonore parvient au moins au quotidien à tourner la page de cette perte. Elle s’investit pleinement dans un travail qui la passionne et découvre un monde relationnel si enrichissant au contact de ce milieu culturel parisien et sous le mentorat de son collègue Gustave parfaitement à l’aise dans cet univers. C’est Gustave qui va d’ailleurs l’amener volontairement de sa part mais à son insu à elle à une rencontre qui va bouleverser sa vie : Domenico, un joaillier romain. L’amour d’Éléonore pour Domenico pourra-t-il-éclore puis se construire au milieu des doutes et des interrogations. Être une femme qui aime ne revient-il pas à envisager le mariage et donc peut-être à renoncer à être une femme qui s’investit dans son travail et qui même travaille? Alors que sa vie se passe à Paris et la sienne entre Rome et Tivoli? Alors que le poids social du rêve de ses parents plane toujours sur elle malgré ses résolutions affichées? Alors que des hommes mystérieux semblent approcher d’un peu trop près le commerce de Domenico profitant de l’amour de son frère pour le jeu. Malgré surtout le drame qui rôde et décide une fois encore de s’acharner sur Éléonore en la plongeant dans la terrible maladie d’une tumeur au cerveau?
Mais Éléonore est une femme de tête et elle parvient à puiser au fond d’elle-même la force de vaincre, de faire confiance à la vie cette phrase clef que son oncle Ferdinand lui a légué tel un testament à moins qu’il ne s’agisse de la force émise par ce mystérieux anneau d’améthyste que l’on se transmet dans la famille de Domenico comme un talisman depuis qu’il aurait sauvé une de ces ancêtres?

À travers ce roman Linda Lavoie nous entraîne dans une véritable belle histoire d’amour même si elle est, au premier abord, assez traditionnelle. Au premier seulement. Car dans ce Paris des années 50, de Saint-Germain des-Prés; à travers l’histoire d’Éléonore, mais aussi de Domenico et même de Gustave le fidèle ami ce sont tous les bouleversements qui vont profondément modifier la vie sociale occidentale dans la deuxième moitié du 20ème siècle que l’auteure nous fait revivre : La place des femmes et leur droit à être autre chose que la femme de leur mari et la mère de leurs enfants; la liberté de choix dans l’amour, le choix de son compagnon, le choix aussi de son orientation sexuelle; La possibilité de partir loin de sa famille sans pour autant être l’enfant perdu qui vous a trahi;

Entre L’Art et l’amour, le rêve d’Éléonore est un roman très agréable à lire qu’on dévore d’une traite au cours d’une fin de semaine douillette ou d’un temps de vacances malgré, parfois, quelques longueurs, quelques maladresses de langage pour son contexte européen ou invraisemblances historiques : En effet, il est notamment bien peu vraisemblable que dans l’Italie et la France des années 50 l’on ait aussi ouvertement parlé d’avortement même entre amis et même si c’est juste pour en envisager la possibilité, voire même d’homosexualité. On découvre, en particulier, avec plaisir la véritable la vie des conservateur des musées, dans les coulisses des musées. Une vie riche, passionnante, faite d’émulation bien loin de l’image d’Épinal d’un métier désuet, vieillot et tristounet qui colle trop souvent à la peau de cette profession.

Linda Lavoie © photo: courtoisie
Linda Lavoie © photo: courtoisie

À propos de l’auteure
Linda Lavoie est née à Montréal. Naturopathe et végétarienne convaincue, elle est l’auteure de plusieurs livres sur la santé et l’alimentation naturelle. Entre L’Art et l’amour, le rêve d’Éléonore est son premier roman. Elle est membre des Écrivains Francophones d’Amérique.

 

 

 

 

Entre L’Art et l’amour. le rêve d’Éléonore
Linda Lavoie : www.lindalavoie.com
Collection Romans
Éditions Québec Livres : www.quebec-livres.com
Groupe Livre, Québecor Média Inc
368 pages

Version imprimée– ISBN : 978-2-7640-2449.2-2 / 29,95 $
Version ePub : ISBN 978-2-7640-3446-0/ 19,99 $

© photos: courtoisie