Bilan du 36e édition du Festival International de Jazz de Montréal

36e édition du Festival International de Jazz de Montréal © photo: Benoit-Rousseau
36e édition du Festival International de Jazz de Montréal © photo: Benoit-Rousseau

Alors que cette magnifique 36édition duFestival International de Jazz de Montréal présenté par TD en collaboration avecRio Tinto Alcan s’achève, et même s’il reste encore beaucoup d’excitants concerts à venir, nous pouvons déjà en tirer un fort joli bilan : en résumé, une très, très belle fête, malgré la pluie harcelante des premiers jours qui a menacé les ventes sur le site — si importantes pour un OBNL qui voue les 2/3 de son budget à la gratuité de sa programmation ! Les derniers beaux jours vont heureusement permettre aux festivaliers de venir à la rescousse de leur événement et, grâce aussi à un pourcentage d’occupation des salles remarquable, cette édition ne connaîtra sans doute qu’un léger manque à gagner à son budget. Le Festival s’est donc avéré des plus festifs, le Jazz s’est éclaté sous toutes ses formes, Montréal a été servie sur un magnifique écrin aux yeux de toute la planète et, surtout, le Festival s’est révélé plus nternational que jamais !

S’il est en effet une chose que cette édition a bien démontrée, c’est à quel point le Festival International de Jazz de Montréal est vraiment international.

Par les milliers musiciens que cette seule édition a rassemblés, du Danemark au Soudan, en passant par le Japon, Israël ou l’Afrique du Sud, tout en faisant toujours et sans faute la part belle au Québec et au Canada.

Par les médias emballés qui parlent de nous, en quantité — plus de 400 journalistes accrédités et quelque 157 médias de 16 pays ! — mais aussi ô combien en qualité ; du Téléjournal de Radio-Canada et CTV en ouverture du Festival à BBC qui enregistrait à L’Astral et à la chaîne spécialisée française Mezzo Monde qui fera découvrir nos concerts à ses auditeurs, sans oublier les Billboard, L’Express, FIP(Radio-France) et The Daily Telegraph, pour ne nommer qu’eux.

Par les touristes de partout, et partout ; des chiffres, bien sûr — par exemple, plus de 100 000 touristes de l’extérieur du Québec pour assister à notre événement (7,6 nuitées en moyenne), des ventes et des revenus de forfaits touristiques égalant ceux de l’an dernier, pourtant une édition anniversaire qui comptait une journée de plus… —, mais aussi une présence bien concrète, avec des rames de métro pleines d’anglophones canadiens et américains qui s’amenaient au Festival, des visiteurs d’Afrique du Sud, des Pays-Bas, d’Allemagne, du Mexique, de France, bref des foules joliment bigarrées. Cette année, on a même eu droit à un « train jazz » avec animation musicale qui amenait des visiteurs directement de New York !

Le Festival, c’est simple, c’est TOUS les publics, au-delà des langues, des nationalités, des allégeances politiques, religieuses, ou autres. La diversité y est belle et bien réelle. Et les organisateurs trouvent chaque année le moyen de varier les publics, d’offrir d’étonnantes nouveautés. En témoignent entre autres le magnifique Club Jazz Casino de Montréal, oasis en plein centre-ville et coup de cœur des festivaliers qui non seulement accroît encore notre offre jazz mais réussit à attirer un public qui lui est propre.

Par son ampleur, son organisation, sa colossale capacité à diffuser, promouvoir et développer la musique de toute la planète et par la qualité de sa programmation, notre Festival — ce « massively dominating festival », pour reprendre les mots deJamie Cullum, impressionné par l’incroyable plateforme dont bénéficiaient les artistes britanniques qu’il présentait à L’Astral lors de la soirée BBC — est l’événement musical de référence mondial.

Mais il a beau être dans une classe à part, être le plus grand festival de jazz au monde et par définition exiger une « ingénierie » et un travail colossaux, il reste toujours et avant tout le travail de vrais amoureux de musique, inspirés seulement et simplement par cette musique adorée. C’est ce qui explique le fascinant équilibre quantité/qualité qu’a toujours offert sa programmation, une programmation toujours réfléchie, artistiquement ciselée.

Ce qui explique aussi que chaque édition compte ses moments forts, magiques, uniques. Pour les seuls derniers jours, parce qu’il faut choisir, pensons :

À Erykah Badu. Quelle énergie ! On aurait cru que la sage Wilfrid-Pelletier s’était transformée en Métropolis géant !

Aux légendaires Huey Lewis and the News. D’ovation en ovation, le public a pratiquement passé la soirée debout !

Au conte de fées de Mathieu Holubowski, révélé par La Voix et qui, après avoir connu une surprenante vente éclair de tous les billets pour la modeste Cinquième Salle, a aussi rempli tout un Métropolis !

Au formidable Harry Manx qui a relevé avec brio l’intimidant défi de remplacer au pied levé le grand Taj Mahal — quel fantastique programme triple de blues avec John Mayall et James Cotton !

Au grand succès du très beau Lo Esencial de Luis de la Carrasca, présenté parFlamenco Vivo, qui confirme la passion des festivaliers pour ce genre sans pareil.

Au passage de relais entre générations du grand Booker T. Jones, intronisé au Rock and Roll Hall of Fame, à la jeune sensation Bobby Bazini.

À l’hommage imprévu à Vic Vogel (il a dû annuler son concert à cause de son état de santé), avec ses amis réunis spécialement, Oliver Jones, Lorraine Desmarais,Rafael Zaldivar… Le pianiste a pu suivre tout le concert, diffusé chez lui. De l’émotion pure.

Et parions que la Grande soirée blues à la mémoire de B.B. King (à qui cette édition est d’ailleurs dédiée) qui clôturera le Festival demain soir nous réserve elle aussi tout un lot d’émotions !

Le Festival est aussi une formidable rampe de lancement pour les nouveaux artistes ou une étape des plus marquantes dans le parcours de ceux qui montent, aussi bien pour nos artistes que ceux d’ailleurs. Parlons-en à The Franklin Electric ou à The Barr Brothers, qui ont joué devant leurs plus grosses foules et ont été vus par des médias du monde entier. À Florence K qui a eu une superbe tribune, joli clin d’œil aux touristes américains, puisqu’elle vient tout juste de lancer son album aux États-Unis. ÀAdam Cohen, qui se produira ce soir à la belle étoile. Aux Peter Edwards Trio,Malaika et Mammal Hands, des artistes du Royaume-Uni présentés gratuitement parBBC Introducing et PRS for Music Foundation à L’Astral, ou à leur consoeur Ala.ni, à découvrir ce soir, au même endroit.

Dans cette même optique, le Festival perpétue aussi son solide coup de pouce à la relève du jazz d’ici en travaillant avec les jeunes, notamment avec la série Jazzfest des jeunes, la programmation de combos de niveaux secondaire, collégial et universitaire, ou encore le Camp de blues qui, pour une 10e année, permettait à une cinquantaine d’ados de vivre un camp de jour musical de rêve tout à fait gratuitement — d’ailleurs, c’est une invitation à leur concert, apothéose de cette semaine d’apprentissage et de joie, qui aura lieu dans moins de 2 h !

Le Festival a aussi une fois de plus fait beaucoup de bien à Montréal. Leader incontesté des événements montréalais, il met en scène nos artistes québécois (50 % de la programmation !), amène des retombées économiques et touristiques et culturelles inégalables, divertit et enrichit culturellement la communauté. Il a non seulement inventé la formule incontestablement montréalaise d’un site urbain gratuit en plein cœur du centre-ville, mais il continue à les raffiner, à les développer, à les rendre toujours plus séduisants et tellement rentables pour les gouvernements et les commerçants. Le Festival est depuis longtemps un actif montréalais, une institution, au même titre que Bibliothèque et Archives nationales du Québec, comme l’affirmait la ministre de la Culture et des Communications Hélène David lors du don des archives jazz de L’Équipe Spectra à BAnQ, le plus important fonds d’archives audiovisuelles privé de son catalogue. Depuis 36 ans, il est imbriqué dans l’histoire et la culture de la ville, à bien des égards — il a par exemple révélé le Quartier des spectacles, et en est aujourd’hui un symbole majeur. Finalement, il attire les projecteurs sur Montréal, la présentant sous ses plus beaux atours à toute la planète. Icône montréalaise reconnue mondialement, le Festival a jeté les bases du rayonnement international de la ville. Bref, notre Festival est typiquement montréalais, mais aussi parfaitement universel.

37e édition du Festival : du 30 juin au 9 juillet 2016