Toujours debout, Renaud, enfin!!

Renaud Toujours debout © photo: courtoisie
Renaud Toujours debout © photo: courtoisie

Cela faisait des mois qu’on l’attendait, qu’on l’espérait!! C’est par une chanson, éponyme de son prochain album, diffusée en avant-première que le contact est repris. Et quelle chanson! Du Renaud à l’état pur, parfaitement soutenu  par les arrangements de Michaël Ohayon! Le thème, la musique, les paroles, l »interprétation, l’orchestration nerveuse, rageuse, tout concourt dans Toujours debout à nous faire vivre et revivre cette émotion, ce plaisir décapant qui nous manquait tant depuis qu’il nous avait.. abandonnés. Mais, comme il le dit si bien «que celui qui n’a jamais titubé me jette la première bière ». Seulement voilà sans lui nos regards sur ce qui nous entoure n’étaient plus tout à fait les mêmes ou plutôt ses mots et ses expressions nous manquaient pour le dire!!. C’est avec délice que l’on se laisse porter par Toujours debout, par ses rages pour les « trous du cul » mêlées de sa tendresse pour les autres:  » Ceux à qui j’ai manqué/Vous les fidèles, je reviens vous dire merci/Vous m’avez manqué vous aussi/Trop content de vous retrouver » .

C’est vrai, Toujours debout se concentre beaucoup sur lui mais cela aussi fait partie de son œuvre que l’on se souvienne de En cloque, Docteur Renaud-Mister Renard, Morgane de toi et même Mistral gagnant. Et puis n’a-t-il pas droit à un « droit de réponse » alors que tant d’échotiers de « gazettes » amateurs de « ragots » se sont si longtemps répandus sur le « cas Renaud ». Oui, il prend encore une fois la plume pour régler ses comptes, cette fois -ci très personnels, mais cette cause va aussi bien au-delà du petit nombrilisme et ceux qui ont alimenté les rumeurs, pour lui comme pour tant d’autres, « les chasseurs de primes » ont bien mérité d’être à leur tour dénoncés, brocardés. Et qui, mieux que lui, avait les mots, le sens de la formule et de l’image pour le faire? Et surtout, quelle belle déclaration d’amour tendresse pour son public qui l’a attendu, espéré se désolant là où d’autres faisaient leur beurre épiant, scrutant comme encore aujourd’hui la moindre faiblesse dans la voix comme un signe de la dépendance à l’alcool ou, au contraire, la bonne forme comme une manipulation par support technique faisant semblant d’ignorer que tous les chanteurs le font plus ou moins, surtout la soixantaine passée, loin des premières pages des journaux. Soyons honnête! A-t-on un jamais décerné le moindre prix à Renaud pour sa voix? Est-ce sur ce registre qu’on l’a jamais attendu? Alors, si poser une fois la question peut être légitime, épiloguer sans fin devient du voyeurisme.

Alors oui, c’est vrai, Toujours debout n’appartient pas, contrairement à Mistral gagnant, à cette partie de son répertoire que les codifications, les standards de la chanson et les décideurs qui les établissent et les propagent font identifier aux grandes œuvres, de celles qui concourent au «  top 10 des meilleures chansons du siècle » ou même au titre de « chanson préférée des Français ». Mais elle appartient à cette autre partie de son œuvre, celle des coups de gueule, celle de : Fatigué, Où j’ai mis mon flingue, ou encore Hexagone et Elle est facho. Des coups de gueule jamais très loin non plus de la rage de vivre,  Arrêter la clope , J’ai retrouvé mon flingue. Avec Toujours debout  il reprend le dessus et au passage tord le cou à un Docteur Renaud-Mister Renard prédisant que « C’est à cause du désespoir/Qui tombe à cinquante ans bientôt/Que le Renard, tôt ou tard/Prendra le dessus sur Renaud. Il remet aussi l’écriture à l’honneur comme moyen de lutte, comme thérapie de vie. En écho au « Je sais que j’écrirai toujours/ Comme un acte de résistance/ Outre quelques chansons d’amour/ À l’encre noire de la violence./ J’ai retrouvé mon flingue il été dans mes rimes » de  J’ai retrouvé mon flingue , Toujours debout  reprend « Je veux continuer nom de nom/ Continuer à écrire et à chanter/ Chanter pour tous les sauvageons ». Une thérapie qui est bien plus qu’un effet de style puisque l’artiste voit dans l’écriture de textes cette année pour Grand Corps Malade l’étincelle qui l’a ramené à la vie. Une thérapie qu’il est salutaire d’entendre à l’heure de la violence physique et matérielle bien réelle ou du tout virtuel trop souvent factice.
Ce registre c’est aussi le Renaud que l’on aime confusément, celui qui dit tout haut ce que l’on pense tout bas, et qui fait de lui notre porte parole.
Dans cet album à venir on espère retrouver ces deux Renaud inextricables mais aussi celui du poète de la société et des relations humaines, toujours emprunt de tendresse pour les « petits », impitoyable pour les autres celui de Manu, Laisse béton, Germaine, Miss Maggie, Dans mon HLM, Mon Beauf, Banlieue rouge... Des Renaud ou plutôt un Renaud qui a façonné autant notre regard, sur la société française, que notre parler et nos images pour l’exprimer et nous l’a faite aimer comme nôtre, avec affection mais aussi rage et exigence envers ses faiblesses.

Toujours debout
Durée : 3.42
Paroles et musique : Renaud Séchan / Michaël Ohayon
Batterie : Bram Raeymaekers, Basse : Evert Verhees
Percussions et Guitares : Michaël Ohayon,
Orgue : Jean-François Berger
Enregistrement, Mixage (studios I.C.P. à Bruxelles)et Mastering (studio Wax): Erwin Autrique
Arrangements et réalisation : Michaël Ohayon
http://www.renaud-lesite.fr

© photo: courtoisie