Entrevue avec les artisans du film Les mauvaises herbes qui prend l’affiche le 11 mars prochain.

Gilles Renaud, Louis Bélanger et Luc Picard
Gilles Renaud, Louis Bélanger et Luc Picard

Le film Les mauvaises herbes réalisé par Louis Bélanger (Gaz Bar Blues, Route 132), selon un scénario de Louis Bélanger et Alexis Martin et mettant en vedette Alexis Martin, Gilles Renaud, Luc Picard et Emmanuelle Lussier-Martinez saura faire rire autant que pleurer. Une comédie où le drame et l’humanité des personnages sont également au rendez-vous. Les mauvaises herbes prendra l’affiche le 11 mars partout au Québec!

Mon appréciation complète du film se retrouvera sur ce site dès le 11 mars prochain. 

Synopsis : Jacques (Alexis Martin), un acteur de théâtre avec d’importantes dettes de jeu, se sauve à la campagne pour échapper à un dangereux créancier. Il se retrouve en pleine tempête de neige à la ferme isolée de Simon (Gilles Renaud) avec qui il n’a pas le choix d’accepter un « contrat » de travail forcé, afin de l’aider à livrer aux motards sa récolte de fleurs de cannabis. Malgré des débuts pénibles, Jacques et Simon s’apprivoisent tranquillement. L’amitié des deux hommes sera troublée par l’intrusion de Francesca (Emmanuelle Lussier-Martinez), une jeune femme dégourdie qui finit par s’imposer dans « l’entreprise ». Une fragile harmonie s’installe qui sera perturbée par l’irruption de Patenaude (Luc Picard), le créancier de Jacques, venu récolter son dû.

J’ai rencontré le coscénariste et réalisateur du film Louis Bélanger, ainsi que les comédiens Luc Picard et Gilles Renaud pour me parler des dessous du tournage.

Louis Bélanger
Louis Bélanger

LOUIS BÉLANGER 

D’où vient l’idée de ce scénario? Un vrai film d’hiver, au coeur de ce blanc pays qui est le nôtre. « Je lis beaucoup. Et il y a un auteur finlandais Arto Paasilinna que j’aime bien. Il campe la plupart de ses romans en Laponie, avec des gens qui vivent isolés en région. Ce que j’aimais de cet auteur, c’est le décor, qui n’était pas sans me rappeler la campagne au Québec. Donc, l’idée de départ était de camper mon histoire dans un décor semblable. Par la suite, en voyageant beaucoup au Québec, je me suis rendu compte qu’il y a une économie parallèle, qui existe, il ne faut pas se le cacher, dans la culture de plantes illégales. Et souvent ça se passe dans des coins isolés, en région. Donc, pourquoi ne pas utiliser ce thème dans mon film? Mais au final, tout ça n’est qu’un prétexte pour parler d’amitié et de solidarité. On voulait trouver une façon de réunir des personnes que tout normalement éloigne, mais que finalement, par la force des choses, ils doivent passer un hiver ensemble à s’entraider. Je suis resté un peu dans le même mécanisme scénaristique que dans Gaz Bar Blues. Une unité de lieu, avec une communauté qui doit apprendre à vivre ensemble. »

À nouveau une collaboration avec Alexis Martin à l’écriture de ce scénario. Qu’est-ce qui fait que vous travaillez si bien ensemble ?  «Alexis a une rigueur intellectuelle qui me stimule beaucoup. C’est un gars qui a une bonne culture. Je peux jaser de littérature, des problèmes de la société avec lui. En même temps, c’est un gars qui a un grand sens de l’humour.  Et j’ai besoin de ça dans mon travail. Mais je sais aussi qu’on est complémentaire. Autant je suis très réaliste, autant Alexis a un univers plus éclaté, peut-être parce qu’il vient du théâtre. En même temps, on est assez exigeant l’un envers l’autre.»

Votre film débute avec beaucoup de légèreté et d’humour,  pour graduellement entrer dans le drame, la profondeur et l’humanité des personnages. C’est plutôt rare ce genre de film? « Oui et c’est un truc qui nous tient à cœur de pouvoir faire du cinéma qui mélange l’humour et le drame. Et on doit aller le défendre ce droit de faire ce genre de cinéma, car les gens, bailleurs de fonds, ceux qui financent les films, sont souvent désarçonnés quand on leur propose ce mélange d’humour et de drame. »

Comment s’est fait le choix de vos acteurs principaux? Gilles, Alexis, Emmanuelle, Luc?« Je dois avouer, et c’est rare que je fasse ça, mais ce film a été écrit pour Gilles et Alexis. Pour le choix du prêteur sur gages, le choix de Luc Picard est venu assez rapidement, parce que je savais que Luc pouvait jouer de manière très intense. Et surtout qu’il pouvait jouer quelque chose de crédible, sans pour autant le rendre trop caricatural, même si son personnage amène à une certaine caricature. Je ne voulais pas que cela ait l’air d’une grosse blague. Pour la petite Emmanuelle dans le rôle de Francesca, cela a été plus long. On a fait des auditions. Pour elle, c’est son premier film, mais elle avait tenu un superbe rôle dans la pièce Tu te souviendras de moi au côté de Guy Nadon. Pour ce rôle, on cherchait quelqu’un qui, du premier coup d’œil pourrait ressembler à une victime, alors qu’elle se révèle avoir toute une drive. Une petite puce qui s’avère être une tornade. Et il fallait que le rapport paternel – enfant fonctionne avec Gilles également. Et alors cette jeune femme, elle ne joue pas à charmer, à séduire, elle EST tout simplement, elle charme naturellement.»

Parlez-moi de la musique du film, car on alterne entre de la musique entrainante puis de la musique classique. Quelle était votre intention avec la musique? Comment la trame sonore a-t-elle été conçue? «J’en suis déjà à mon 6e film avec mon frère Guy Bélanger (qui est avec Bob Walsh depuis des années) qui compose ma musique. Cette fois-ci, j’ai interdit à Guy de jouer de l’harmonica, à l’exception de la fin où il y en a un peu et à peine au début. Car je ne voulais éviter des redondances avec Gaz Bar Blues et route 132. Alors, ce n’était pas facile pour lui, qui est habitué avec son harmonica. Pour ce qui est de la musique classique, je dois dire qu’au début, je n’étais pas convaincu que c’était une bonne idée. C’est mon monteur qui est arrivé avec l’idée de partir avec l’hiver, les quatre saisons de Vivaldi. Je trouvais ça cliché. Mais après avoir vu le montage qu’il m’a fait, j’ai dû lui donner raison. Ça fonctionnait. Cela donne un côté plus solennel. Et cela allait tellement bien avec les paysages grandioses. Et on l’a utilisé à chaque fois qu’on avait un nouveau personnage qui arrivait, même la grange, que je considère comme un personnage.  »

À quel endroit est-ce que cela a été tourné? Est-ce que cela a été difficile à trouver? « On s’est promené beaucoup avant de trouver le bon emplacement. Aussi, quand tu fais un film d’hiver, la fenêtre est assez petite pour le faire. C’est février mars, maximum. Ensuite, on a regardé les moyennes de précipitations par région, et donc, on a éliminé l’Estrie, car il y a de moins en moins de précipitations de neige dans cette région. Ainsi, on a trouvé Arundel, dans les Laurentides, à quinze minutes environ du Mont Tremblant, où les précipitations semblaient bonnes.  Ensuite, il fallait trouver une grange, avec une ferme juste à côté, mais qui soit isolée des autres fermes. C’est plutôt rare. Et il fallait que ce soit assez vieillot, pas trop moderne.»

 

Gilles Renaud
Gilles Renaud

GILLES RENAUD

Parlez-moi de votre personnage. Qu’est-ce qui vous plaisait dans ce rôle? « Tout d’abord, Louis Bélanger m’a parlé de ce personnage avant même de débuter l’écriture du scénario. Il parlait d’un film qui se passerait en hiver, à la campagne, avec des personnages complètement différents les uns des autres, obligés à rester ensemble comme une famille dysfonctionnelle, pour éventuellement devenir presqu’une véritable famille qui fonctionne. Le sujet de l’histoire n’était pas encore défini, mais on savait qu’il faudrait survivre à la misère de nos hivers québécois. Au travers les diverses versions du scénario que j’ai lu, j’ai vu mon personnage se former. Je donnais même à Louis  des petites idées pour mon personnage. Au final, j’ai eu le privilège de jouer un personnage qui est riche. Il transporte en lui un drame, une douleur qui le mine. Cela fait 18 ans qu’il n’a pas vu son fils et il a mal de ça. Et en fait, ce sont trois personnages qui sont forcés de vivre ensemble pendant un peu plus d’un mois et ils ont chacun leur part de douleur, de drame en soi et on le découvre petit à petit. »

Parlez-moi du tournage. Ce fut difficile de tourner en hiver? « Oui c’était un tournage difficile. On a eu un hiver assez froid l’an dernier. Il y a une scène, où je vais en motoneige sur la montagne, montrer à la jeune Francesca la terre, il faisait -39 degrés. Tout gelait, la caméra, le ski-doo. Mais cela faisait partie du film. Il suffisait d’être bien habillé. Mais le plus difficile pour le tournage, cela a été dans la grange. C’était très humide.  On était 50 personnes environ dans la grange, avec les techniciens. Donc, pas beaucoup d’espace.  Vu que le sol était fait en sable, il y avait de la poussière et les techniciens travaillaient avec des masques, mais pas nous. Et en plus, c’était froid, car il n’y avait pas de chauffage, juste des lampes. Et on n’était pas habillés autant que dehors.»

La chimie que vous avez tous les trois ensemble dans le film est vraiment hallucinante. Vous étiez habitués de jouer ensemble vous et Alexis? « Non, pas vraiment. On avait fait une lecture au théâtre et un peu à la télé, mais sans plus. Pour Emmanuelle, c’était la première fois qu’on jouait avec elle. Et elle est très talentueuse. Donc, oui, le défi pour ce film c’était de faire en sorte que ces trois personnages, complètement différents, en viennent à devenir des complices, des partenaires, une famille en fait. Trois générations, trois milieux différents et pourtant… ils en viennent à s’aimer profondément.» 

Vous avez des scènes plutôt pénibles à jouer durant le film. Est-ce que ce fut dur à jouer?« Non, parce que j’étais bien entouré, bien protégé par l’équipe. On a tourné ça pendant deux jours, et moi, j’étais dans le lit et tout le monde autour était très respectueux. Ils ne parlaient pas fort autour de moi. Pour aider, je restais dans mon personnage, entre les prises. Parfois, on s’amuse et on rigole entre les prises, mais cette fois-ci, j’ai préféré demeurer dans mon personnage, dans l’émotion, tout au long de cette partie de tournage. »

Vous avez vu le film déjà, êtes-vous content du résultat et des réactions du public à date ? « Oui vraiment. Nous, c’est certain, on l’aime le film. On a aimé le scénario, le tournage et on est fier de le présenter. Maintenant ce qui est moins certain, c’est la réaction du public. Et à date, on a eu de bonnes réactions positives. On sent que ça passe dans le public. Il y a eu les journalistes à Montréal et Québec qui l’ont vu, mais aussi on a fait une projection devant tous les propriétaires de salle de cinéma du Québec. C’est lors d’un congrès à Saint-Sauveur qu’ils ont chaque année, où des films leur sont présentés. Et cette fois-ci, notre film était dans la liste. Par la suite, on les a rencontrés après la projection et la réaction a été très positive. C’est donc très agréable de savoir ça. »

Luc Picard
Luc Picard

LUC PICARD  

Vous jouez le rôle d’un usurier, un personnage savoureux. Seul Luc Picard peut réussir à jouer un prêteur sur gages, qui, alors qu’il est emprisonné, réussit quand même à faire peur à ses bourreaux juste par son regard et à les intimider par ses paroles. «Ça, c’est le travail de Louis (le réalisateur) et sa mise en scène qui a fait en sorte que ça marche. »

Qu’est-ce qui vous plaisait dans ce rôle? « Ce genre de personnage c’est comme un archétype de cinéma. Ce n’est pas une vraie personne dans la vie. Il a un rôle à jouer dans le film. Il se doit d’être épeurant et un peu drôle à la fois. Ce n’est pas un grand rôle, ou même un premier rôle, mais c’est un rôle avec lequel tu peux avoir beaucoup de fun à le jouer. J’ai pu me laisser aller dans ma folie. Tant que c’est conforme au style qu’on veut lui donner (qui fait peur et est drôle à la fois), tu peux aller à peu près n’importe où dans ce style. Louis et moi avions la même vision du personnage et il m’a laissé improviser un peu. J’ai donc eu ben du fun à faire ça.»

Mes scènes favorites avec votre personnage, sont celles où vous avez des interactions avec le personnage joué par Emmanuelle. «Oui, effectivement, cela a bien cliqué entre elle et moi. On ne se connaissait même pas tous les deux et on a eu les atomes crochus tout de suite.  J’ai trouvé qu’elle était très bonne, agréable à travailler. Elle a aussi l’intelligence de savoir c’est quoi la situation et dans quel genre de film elle se trouve.  Elle a une vision critique. En plus d’avoir l’instinct du jeu, il faut savoir dans quel type de scène on est pour pouvoir bien servir notre réalisateur. Et ça, elle l’a. Donc, dans ces scènes-là, de confrontation, on comprenait tous les deux, qu’on se devait d’être fâché l’un contre l’autre, et que ce soit vrai, mais qu’en même temps ce soit comique.»

Avez-vous d’autres projets dont vous pouvez me parler? «Oui, je viens de terminer un court-métrage que j’avais tourné au mois de décembre. Il va faire partie d’une série de court-métrage qui s’appelle neuf et qui devrait sortir sous forme de long-métrage. Aussi, j’attends les réponses pour pouvoir tourner à l’automne ma prochaine réalisation. C’est un film qui se passe durant la crise d’octobre 70, mais ce n’est pas sur le sujet de la crise d’octobre. C’est l’histoire de deux enfants, un frère et une sœur qui doivent être placés en famille d’accueil et eux, ils ne veulent pas être séparés l’un de l’autre. »

Gilles Renaud et Luc Picard
Gilles Renaud et Luc Picard

Plus de détails sur ses nouveaux projets : Proposant un regard sur l’incommunicabilité de nos vies modernes, la comédie 9 sera constituée de neuf courts métrages signés par Jean-Philippe Duval, Micheline Lanctôt, Érik Canuel, Luc Picard, Stéphane E. Roy,  Claude Brie, Sophie Lorain, Ricardo Trogi et Éric Tessier. Chaque réalisateur coscénarise son film avec Stéphane E. Roy

Luc Picard adaptera au cinéma le roman Salut mon roi mongol! de l’auteure Nicole Bélanger. Publié en 2000, le roman de Nicole Bélanger relate les événements de la crise d’octobre 1970 à travers les yeux de deux enfants issus d’un quartier défavorisé de Montréal.

Pour la galerie de photos lors des entrevues : https://www.flickr.com/photos/infoculturephotos/sets/72157665316728856

Les mauvaises herbes a été sélectionné au Festival International du film de Santa Barbara, en Californie.

Durée: 1h47

Sortie en salles: 11 mars 2016

Tournage: du 2 février au 14 mars 2015 dans les Laurentides

Budget approximatif: 3,9 millions $

Distribution

Jacques Sauvageau ALEXIS MARTIN

Simon Boulerice GILLES RENAUD

Patenaude LUC PICARD

Francesca EMMANUELLE LUSSIER?MARTINEZ

Nancy MYRIAM CÔTÉ

Marquise de La Creuse BÉNÉDICTE DÉCARY

Bastien ALEXIS LEFEBVRE

Tony STÉPHANE JACQUES

Doune YVES BÉLANGER

Comte FRANÇOIS PAPINEAU

Balloune SYLVIO ARCHAMBAULT

Deux?temps GARY BOUDREAULT

Alexandre PATRICK HIVON

Équipe technique

Scénario LOUIS BÉLANGER, ALEXIS MARTIN

Réalisation LOUIS BÉLANGER

Producteurs LORRAINE DUFOUR, LUC VANDAL

 Distribution ? Canada LES FILMS CHRISTAL, SOUS?DISTRIBUTION

LES FILMS SÉVILLE, DES FILIALES

D’ENTERTAINMENT ONE

 

Direction de la photographie PIERRE MIGNOT

Direction artistique ANDRÉ?LINE BEAUPARLANT

Costumes SOPHIE LEFEBVRE

1er Assistant à la réalisation MARC LAROSE

Distribution des rôles NATHALIE BOUTRIE et

EMMANUELLE BEAUGRAND?CHAMPAGNE

Directrice de production DIANE ARCAND

Preneur de son MARCEL CHOUINARD

Monteur CLAUDE PALARDY

Composition musicale GUY BÉLANGER

Photographe de plateau PHILIPPE BOSSÉ

Visitez le site web du film au www.lesmauvaisesherbes.ca

http://www.guybelangermusic.com/

crédit photos : Réjeanne Bouchard