Le show Froid, par la compagnie La Brute qui pleure

Froid, La brute qui pleure
Froid, La brute qui pleure

Un regard implacable sur le racisme et l’intolérance. Texte puissant, actuel et par les temps qui courent, essentiel.

Les deux instigateurs du projet Froid, Dayne Simard et David Bouchard, ce projet initié à la fin 2015, était loin de se douter que le texte de Lars Norén créerait autant d’émotions auprès de la communauté québécoise car pour nous, des gestes incompréhensibles de racisme et de xénophobie surviennent loin de chez nous.

Comme remède au lendemain du 29 janvier dernier, tragédie qui a fauché la vie de six hommes au Centre Culturel islamique, le show Froid devient d’autant plus pertinent. Nous sommes, par la force des choses, dans l’obligation de nous positionner.

Sur un fond de musique qui nous transporte dès le début dans une atmosphère….sombre, les acteurs prennent place sur la scène et toutes les lettres de alphabet se transforment en des mots d’intolérance, de racisme, de menace.

Voici les ingrédients qui composent cette pièce de théâtre : Trois jeunes gens flânent dans une belle clairière suédoise. Modestement, ils fêtent la fin de l’année scolaire : ils boivent des bières et font griller des saucisses sur un barbecue portatif. Le soleil plombe, l’ambiance est détendue, ils se chamaillent, parlent de foot, déconnent. Aussi, ils parlent de tuer des importés, de la pureté de la Suède et de la suprématie de la race blanche.

David Bouchard, Olivier Arteau et Arianne Bellavance-FafardPuis arrive Karl, un jeune du même âge, mais d’origine asiatique. Né en Corée, Karl a été adopté et élevé par un couple suédois aisé. Il passe par là pour se rendre au chalet de ses parents où il doit rejoindre des amis pour sabrer le champagne. Il comprend tout de suite qu’il n’est pas en bonne compagnie, mais on l’incite à rester, et lui, qui croit à la vertu du dialogue, reste. On lui offre des bières et des saucisses, mais pas d’issue. La discussion se transforme en un monologue rempli de violence par des jeunes qui tiennent parfois des discours intelligents, parfois des discours troublés par leur expérience de vie mais surtout à la finale par leurs poings.

Pour ma part, je trouve que les quatre acteurs démontrent beaucoup de courage d’interpréter des personnages aussi troublés et radicaux.

À la fin de la pièce, les applaudissements sont retenus non pas parce que les performances n’ont pas été à la hauteur bien au contraire,  parce qu’on a juste envie de se lever durant le spectacle pour venir en aide à l’opprimé ou encore crier notre opposition tellement on croit que ses personnes existent, mais parce que l’expérience théâtrale que nous venons de vivre est très dure et troublante.

Crédit photo Froid, David Bouchard, Olivier Arteau et Ariane Bellavance-Fafard
Crédit photo Froid, David Bouchard, Olivier Arteau et Ariane Bellavance-Fafard

Production :   La compagnie La Brute qui pleure

Texte :  Lars Norén

Traduction et adaptation :   Katrine Ahlgren en collaboration avec Amélie Wendling

Mise à scène :  Olivier Lépine, Gabrielle Ferron

Conception :   Laurence Croteau-Langevin, Claudelle Houde Labrecque et Olivier Lépine

Interprétation :   Ariane Bellavance-Fafard, 2016 Conservatoire d’art dramatique de Québec, Théâtre, Dayne Simard, 2016 Conservatoire d’art dramatique de Québec, formation en jeu, David Bouchard, 2012 Conservatoire d’art dramatique de Québec, Théâtre et Olivier Arteau-Gauthier, Diplômé en jeu, promotion 2016

Représentations : du 14 février au 4 mars 2017

https://lepointdevente.com/billets/PAC170301001/

Endroit : Théâtre 1er Acte, 870 avenue De Salaberry

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