La comédie musicale «Phantom of the Opera»: la magie de Broadway est impressionnante

«Phantom of the Opera»

La comédie musicale «Phantom of the Opera» nous fait l’honneur de s’arrêter à Montréal jusqu’au 15 octobre prochain.  Le livret et les musiques de Andrew Lloyd Webber sont mémorables, tout comme les paroles de Charles Hart. Mais c’est avec une mise en scène complètement renouvellée que cette nouvelle production impressionne: 35 interprètes sur scène, 17 musiciens, des décors grandioses dont le mur central de 10 tonnes tourne d’une scène à l’autre, 1200 pièces de costumes, 200 haut-parleurs avec effets Surround, 50 perruques, et comme si ce n’était pas assez il y a ce chandelier immense de une tonne au-dessus de nos têtes.  Mais ce qui fait que la magie opère, ce sont des interprètes principaux de grand talent et des chansons connues qui restent en tête après la soirée.  Pour les amateurs de spectacles musicaux et ceux qui aiment en avoir plein la vue, ce spectacle est défitivement pour vous.

Inspiré du roman de Gaston Leroux, l’histoire se déroule à l’Opéra Garnier de Paris au XIXe siècle, où un individu masqué se fait passer pour le fantôme des lieux et terrorise tout le monde.  Après l’achat de l’Opéra par André et Firmin, une répétition tourne mal et la vedette Carlotta quitte soudainement.  Mme Giry, qui est en charge des danseuses, propose de faire chanter Christine, une jeune soprano dont le Phantom tombera amoureux.  Le jeune Raoul qui assiste au triomphe de Christine, s’amourachera aussi de Christine, ce qui rendra le Phantom jaloux.  Une histoire d’amour, de jalousie et des péripéties, voilà la trame de fond de cette comédie musicale.

«Masquerade»

La nouvelle mise en scène a permis de dépoussiérer une oeuvre qui a plus de 30 ans. Les moyens techniques impressionnants sont utilisés surtout pour mettre en valeur et soutenir les interprètes et l’émotion.  Pour une version de tournée, c’est incroyable d’avoir ces décors immenses qui font paraître petite la scène de Wilfrid-Pelletier.  Le module principal qui tourne sur lui-même est ingénieux et permet non seulement de changer les décors rapidement, mais aussi de donner une ambiance plus réelle à l’histoire. Après avoir visité le vrai opéra Garnier, je peux assurer que plusieurs pièces du décor en sont directement inspirés, comme la salle des miroirs dans la chanson «Masquerade». La descente dans le décor des catacombes donne des frissons.  Les costumes sont aussi une grande réussite. On perd le compte du nombre de changements de costumes après quelques scènes.  Chaque costume est original, certains comptant des centaines de petits détails qui éblouissent quand on multiplie par le nombre de costumes qu’on regarde en même temps.

Derrick Davis (Phantom) et Eva Tavares (Christine)

Le clou du spectacle c’est sans contredit l’interprétation de chacun.  À commencer par Eva Tavares (Christine) qu’on remarque pour sa voix cristalline et son aisance à chanter dans les aigus. Sa montée vocale dans «Phantom of the Opera» dans les catacombes surprend. Son jeu excelle en nous faisant croire qu’elle est cette jeune fille ingénue tombant amoureuse de Raoul, mais déchirée par ses émotions pour le Phantom.  Derrick Davis (Phantom) réussit à jongler avec la dualité du personnage, naviguant entre la douceur de ses sentiments pour Christine et l’amertume qui l’habite.  Sa performance vocale est superbe dans tous les registres en maîtrisant les nuances du très doux jusqu’à la force de sa colère.  Il a une belle texture de voix de noir, toujours juste, même dans son falsetto.

Jordan Craig (Raoul) a le physique de l’emploi, beau et jeune. Il a une belle voix mais moins classique et plus de style Broadway.  Cette différence donne quand même de beaux moments musicaux: son duo avec Christine dans «All I Ask of You» est un pur délice.  Trista Moldovan interprète une Carlotta différente des autres productions, en offrant une Prima Donna difficle et dure, mais sans jamais être méchante pour nous la faire aimer. Ses envolées vocales sont irréprochables et rendent crédibles son personnage.  Probable que son expérience précédente à chanter le rôle de Christine à Broadway lui ont permis cette approche.

Eva Tavares (Christine) et Jordan Craig (Raoul)

Les autres personnages sont tout aussi bons. Les chorégraphies ajoutent à la beauté des numéros musicaux, toujours bien exécutés par des danseurs classiques de haut niveau. Le contrepoint dans «Notes» et la chanson «Wandering Child/Bravo, Bravo» par le trio Christine, Raoul et Phantom sont aussi de beaux moments.  Il faut noter l’effort sur la sonorisation pour rendre des effets Surround. Malgré cet ajout, il arrive que l’acoustique de la salle nous fasse perdre quelques mots.

«Phantom of the Opera» est une oeuvre magistrale et cette production lui rend honneur pleinement. Pour ceux qui aiment le genre, tout spécialement la comédie musicale ou la musique classique, allez voir ce spectacle. Même si vous avez vu d’autres productions de cette oeuvre, vous ne le regretterez pas.  C’est une belle réussite et je le recommande fortement.

Les bons coups: mise en scène impressionnante, interprètes, chansons connues, décors, costumes, éclairages, effets spéciaux et son Surround

Les moins bons coups: acoustique de la salle, quelques longueurs

David Benoit (Firmin) et Edward Staudenmayer (André)

Équipe de création
Tournée Broadway Across Canada et Evenko
Livret/Musique: Andrew Lloyd Webber
Paroles: Charles Hart
Producteur: Cameron Mackintosh
Mise en scène: Laurence Connor
Chorégraphies: Scott Ambler
Décors: Paul Brown
Costumes: Maria Björnson
Éclairages: Paule Constable
Sonorisation: Mick Potter
Direction musicale: Dale Rieling

Distribution
Derrick Davis (Phantom), Eva Tavares (Christine), Jordan Craig (Raoul), Trista Moldovan (Carlotta), David Benoit (Firmin), Edward Staudenmayer (André), Kristie Dale Sanders (Mme Giry), Phumzile Sojola (Piangi), Emily Ramirez (Meg Giry), Emma Grimsley, Mark Emerson, Constantine Pappas, Joay Lusteck, Robert Anthony Jones, Victor Wallace, Tynan Davis, Jordan Ensign, Sarah Mossman, Ted Keened, Adam Rodgers, Stephen Mitchell Brown, Carmen Vass, Travis Taylor, Adam Bashian, Herb Porter, McKenna Birmingham, Julie Eicher, Daniela Filippone, Abigail Mentzer, Lily Rose Peck, Ally Taylor Sacks, Daniella Dalli, Dan Debenport, Sarah DeBiase, Edward Juvier, Adryan Moorefield, Tara Sweeney, Jessica Wagner.

La scène de «Hannibal»

Présenté en anglais à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts du 4 au 15 octobre 2017.
Billets (65$ à 150$) disponibles sur www.evenko.ca ou www.placedesarts.com et au 1-866-842-2112.

Extrait du spectacle:  https://youtu.be/rS504IY6S78

Photos: Matthew Murphy et Alastair Muir