« Vénus à la fourrure » par Le théâtre du Vaisseau d’Or à Montréal

Vénus à la fourrure © Photo de courtoisie
Vénus à la fourrure © Photo de courtoisie

Une salle de spectacle vide et un décor sommaire, une panne d’électricité, l’orage et le tonnerre qui gronde à l’extérieur, un metteur en scène fatigué par la longue et épouvantable journée à travailler pour rien…, tout cela ne présage rien de bon. Au moment où Thomas Novacek (c’est le metteur en scène, joué par Vincent Côté) décide de partir rejoindre sa compagne à qui il a confié ses déboires du jour par téléphone, une créature improbable débarque, en retard, non prévue par le programme de cette journée de casting.

Qui est-elle? Une actrice, une prostituée, une détective privée? Que sait-elle de la pièce et du rôle pour lequel elle ne semble pas du tout convenir, tout comme les 35 comédiennes qui l’ont déjà précédée? Que comprend-elle ou connaît-elle de Thomas qu’elle transforme peu à peu en acteur, puis en pauvre chose sous son emprise? Elle se prénomme Wanda, tout comme le personnage qu’elle est censée incarner…

Dans ce duo de choc, sur un très beau texte signé David Ives et inspiré du fameux roman érotique de Léopold von Sacher-Masoch, La vénus à la fourrure, l’homme et la femme se métamorphosent progressivement et révèlent leurs faces cachées, ignorées peut-être d’eux-mêmes. Il est un homme cultivé, auteur de la pièce inspirée de Masoch, futur metteur en scène qui désespère de trouver l’actrice idéale pour le rôle principal. Elle est inculte, vulgaire, fantasque et sans gêne, brandissant un cv d’actrice ridicule qui prouve qu’elle n’a jamais joué. Et c’est ce duo mal assorti qui, à la faveur du casting qui se déroule en l’absence de l’acteur qui aurait dû donner la réplique (mais qui est déjà parti), va opérer devant nous une rencontre étrange et inespérée, peut-être comme le sont toutes les vraies rencontres.

Dans le rôle de Wanda, Sofia Blondin est extraordinaire. Les différentes facettes de son personnage complexe la métamorphosent presque physiquement devant nos yeux. Elle passe de la petite actrice amateur, quasiment fille des rues, à la star impressionnante et jusqu’à la déesse dont elle incarne la beauté et qui soumet à son joug son prétentieux partenaire. Vincent Côté, dans le rôle plus discret de Thomas, passe aussi par mille questionnements face à cette créature tombée du ciel, à moins qu’elle n’ait d’existence que dans son imagination.

J’ai vu cette pièce l’an dernier et je l’ai trouvée excellente et très bien jouée. Elle est de nouveau donnée dans la salle Jacques-Maurice du Collège Jean-de-Brébeuf, où le public peut se rendre pour la voir en attendant qu’elle soit montrée ailleurs.

Vénus à la fourrure, du 13 au 17 février 2018 à la salle Jacques-Maurice du Collège Jean-de-Brébeuf, à Montréal

Production Théâtre du Vaisseau d’Or

Texte David Ives

Mise en scène Vincent Côté

Avec Sofia Blondin, Vincent Côté

Information : https://www.facebook.com/venusalafourrure