La comédie musicale «Joseph and the Amazing Technicolor Dreamcoat»: du vrai bonbon pour toute la famille

Joseph and the Amazin Technicolor Dreamcoat

La Troupe de Théâtre de Côte-St-Luc présente la première comédie musicale de Andrew Lloyd Webber (musique) et Tim Rice (paroles), «Joseph and the Amazing Technicolor Dreamcoat», celle qui a précédée leur succès «Jesus Christ Superstar» et «Evita». Cette production est du vrai bonbon avec d’excellentes voix, des chansons qui vous trottent en tête longtemps après la fin, des moments touchants et de l’humour, sans compter une technique professionnelle et un orchestre solide. Le spectacle en met plein la vue et les oreilles avec une quarantaine d’artistes sur scène.

L’histoire de «Joseph» est basée sur le livre de la Génèse de la Bible, racontée par deux narratrices. Parmi les 12 fils de Jacob, Joseph est son préféré, surtout parce qu’il a le don d’interpréter les rêves et prédire le futur. Quand Jacob donne un magnifique manteau multicolore à Joseph, il active la jalousie de ses frères qui l’amènent dans le désert et le jettent dans un puits. Joseph est sauvé pour être vendu comme esclave à Potiphar et devient plus tard le bras droit du Pharaon grâce à son don. Plus tard, ses frères se retrouvent en Égypte et supplient Joseph qu’ils n’ont pas reconnu de leur donner à manger. Le tout se termine par des retrouvailles heureuses quand Joseph se révèle à eux.

La Troupe de Théâtre de Côte-St-Luc est un groupe communautaire gagnant deux fois de META (Montreal English Theatre Awards) dans la catégorie communautaire. Le groupe est composé autant de jeunes que d’adultes, dont le maire de Côte-St-Luc dans le rôle de Potiphar. Même si plusieurs n’ont pas de formation en théâtre, ils ont tous de superbes voix.

Les frères de Joseph

Entièrement chanté pendant 105 minutes (avec entracte), la mise en scène est moins éclatée que celle de Broadway. Ils utilisent des moyens simples mais efficaces comme les ombres chinoises derrière le rideau et quelques marionnettes. L’histoire se déroule rapidement et les changements de costumes le sont tout autant. Ce qui frappe, c’est surtout la solidité et la puissance de la plupart des voix. Lorsque les frères chantent ensemble, on ressent la puissance et le dynanisme, comme dans «Joseph’s Dreams». De bonnes chorégraphies accompagnent ces numéros, mais on sent quelques hésitations dans leurs exécutions à cause de la scène qui est parfois trop petite pour tout ce monde et l’inexpérience en danse de certains. Malgré tout, d’excellents numéros impressionnent, comme le «Go Go Joseph», très énergique juste avant l’entracte.

Nicole Arrage (narratrice), Sam Boucher (Joseph) et Jeanne Motulsky (narratrice)

Sam Boucher est excellent dans le rôle de Joseph. Une belle voix chaude et puissante lui permet de charmer son public. Il est juste avec un beau vibrato et exploite bien autant le grave que les aigus, malgré qu’on perde quelques fins de phrases quand il atterrit dans les graves. Sa chanson «Close Every Door» est touchante et jouée avec intensité, tout comme «Who’s The Thief» quand il se révèle à ses frères. Petite anecdote sur cette chanson, les auteurs s’en sont inspirés pour écrire «Jesus Must Die» dans leur prochaine comédie musicale «Jesus Christ Superstar».

Les narratrices Nicole Arrage et Jeanne Motulsky se complètent à merveille. La première, plus habile en voix de tête un peu nasillarde (comme le style Broadway), et la seconde en voix de poitrine puissante et ronde. Les deux sont capables de nuances qui les montrent fragiles et émotives comme au début, mais sont capables de force et de présence par la suite. Leur chansons «Pharaoh’s Story» m’a donné des frissons. Parlant du Pharaon, Marc Ducusin le rend très bien. Puissant et solide tout au long de son «Song of the King» qui rappelle évidemment Elvis. En plus de son rôle de Potiphar, Mitchell Brownstein réussit très bien à remplacer à pied levé l’interprète qui joue Jacob aux représentations cette semaine. Le rôle de père lui colle si bien à la peau.

Nicole Arrage (narratrice), Sam Boucher (Joseph) et Jeanne Motulsky (narratrice)

Trois des frères de Joseph ont aussi des chansons à eux. Kenny Stein (Simeon) interprète «Those Canaan Days» d’une voix solide et étoffée dans tous les registres. Son numéro fait rire avec ses airs de tango parisien. Craig Dalley (Reuben) y va d’une voix country puissante mais un peu nasillarde dans «One More Angel in Heaven». Justin Johnson (Judah) a la texture de voix idéale pour nous rappeller les Antilles avec «Benjamin Calypso».

Avec un choeur de 8 adultes et 4 enfants qui s’ajoutent aux numéros de groupe, le résultat est divertissant et souvent touchant. «Joseph and the Amazing Technicolor Dreamcoat» plaira aux publics de tous les âges. Je recommande cette production, surtout pour les voix et les chansons qui vous resteront en tête plusieurs heures après.

Les bons coups: belles voix, chansons, orchestre, humour, sonorisation

Les moins bons coups: scène trop petite, jeu inégal

Équipe de création
Producteurs: Mitchell Brownstein et Mitch Kujavsky
Mise en scène: Anisa Cameron
Direction musicale: Nick Burgess
Choréographies: Alexia Gourd
Costume: Elyse Malo
Éclairages: Linda Babins
Décors: Rachel Germinario
Direction technique: Scott Drysdale

Distribution
Sam Boucher (Joseph), Nicole Arrage (Narratrice), Jeanne Motulsky (Narratrice), Marc Ducusin (Pharaon), Steve Korolnek (Jacob), Mitchell Brownstein (Potiphar/remplacement de Jacob), Karyn Pellatt-Caron (femme de Potiphar et Jacob), Craig Dalley (Reuben), Kenny Stein (Simeon), Justin Johnson (Judah), Eli Rubineau (Levi), Shaun Nishmas (Naphtali), Sam Melnick (Gad), Jonah Zoldan (Benjamin), Helen Gwiazda, Liz Lopez, Janet Garmaise, Ari Sterlin, Madison Bernard, Rachel Merovitz, Natasha Lilliman, Danna Nishmas, Jordana Kujavsky, Elyse Wolman, Hannah Sheffren, Cheryl Everett Rajchgot, Adena Schnarch, Toby Clark, Judy Kenigsberg, Ellen Rabin, Bev Silverman, Norm Spatz, Mackenzie Caron, Rachel Chemtob-Stadtlander, Pailey Vas, Naomi Vas, Abigail Schipper, Victoria Salama, Molly Socran.

Orchestre
Nick Burgess, Simon Legault, Caleb Smith et Didier Bergeron.

Présenté en anglais au Harold Greenspoon Auditorium (5801 boul. Cavendish, Montréal) du 30 mai au 17 juin 2018.
Billets (32$/28$ âge d’or et étudiants) disponibles sur http://www.CSLDramaticSociety.com ou au centre communautaire et bibliothèque de Côte-St-Luc.

Photos: John Zimmerman